Tout allait me manquer dans cette maison. Même Mbène, qui était si douce et discrète. Elle m'avait vraiment épaulée à sa manière.. J'ai pensé à appeler mon frère et Arame, mais je me suis dit qu'il serait préférable d'attendre un peu, histoire de remettre de l'ordre dans ma vie et de reprendre mes esprits. Je leur ai envoyé des messages à la place. Pour leur renouveler ma gratitude et mon amour. Ils m'ont répondu de façon touchante et profonde, ce qui m'a rendu très émotionnelle. Je savais que Mbène préparait des macaronis à la viande tous les jeudis et je suis allée me faire deux grands sandwichs. J'ai mangé un et ai mis l'autre dans un sachet, avec deux bouteilles d'eau, en prévision de la journée que j'aurais le lendemain. J'avais assez d'argent pour tenir. J'avais heureusement gardé les billets que Fayçal m'avait lancés sur la corniche et avec l'argent qu'Assane et mon oncle me remettaient de temps en temps, j'avais presque 365 000 fcfa. Je rangeais les billets de 10 000 et ceux de 5000 à part, dans un petit sachet d'abord et dans la poche d'un de mes pantalons, et j'ai remis le pantalon dans mon sac. Les pièces et petits billets eux, se retrouvaient dans ma pochette.Je n'ai presque pas réussi à dormir cette nuit-là. C'était la nuit du jeudi au vendredi, une nuit très propice pour les prières. J'ai pris un bain purificateur vers minuit et ai fait beaucoup de prières et de wirds. J'ai ensuite mis mon foulard et ma natte dans mon sac de voyage et me suis allongée attendant le lever du jour. Mon cœur battait la chamade, je ne savais pas ce que j'allais devenir, mais j'étais décidée à quitter la maison. Vers 5h du matin, j'ai entendu le premier appel du muezzin. Sachant que mon oncle et sa femme se réveillent tous les matins pour faire la prière, je me dépêchais et rassemblais le peu d'affaires que j'avais préparés pour partir. J'ai mis une robe en Khartoum (tissu assez léger, très pratique durant la chaleur) et ai noué le foulard sur ma tête. Je me suis ensuite émmtouflée dans un trés grand foulard, afin de masquer mon ventre. J'ai bien refermé la porte de ma chambre et ai été la plus discrète possible en sortant de la maison. J'avais vraiment peur et je sentais le vent me fouetter le visage et les pieds. Heureusement que j'avais pris le soin d'attacher mon ventre et de porter un petit haut sous ma robe. Je n'avais pas la force de me retourner pour regarder la maison une dernière fois. J'ignorais ce que l'avenir me réservait, mais je savais que c'était la dernière fois que je voyais Nabou et Tonton Seydou. J'ai marché pendant environ 15 minutes, jusqu' à la route principale, mon sac à main bien accroché à mon épaule et le petit sac de voyage dans l'autre main. J'ai attendu pendant une bonne dizaine de minutes avant d'avoir un taxi fiable. Deux s'étaient arrêtés devant moi, mais les conducteurs ne m'inspiraient pas confiance et j'avais vraiment les nerfs à fleur de peau. Je suis entrée dans le troisième, après être tombée d'accord sur le prix jusqu'au garage pompiers. Le conducteur devait être dans la cinquantaine. Il me rappelait un peu mon père et je faisais tout mon possible pour ne pas penser à lui. Je ne voulais pas craquer.
Vers 7h moins, j'étais arrivée à Pompiers et j'ai demandé à des jeunes apprentis le chemin pour me rendre au garage de Guéoul. Ils me l'ont indiqué et avant d'arriver, j'ai acheté deux puces de téléphone chez un vendeur ambulant et ai éteint mon téléphone. Il y'avait deux voitures en partance pour Guéoul. Il manquait trois personnes à l'une. Je me suis installée au milieu du « sept places » et ai attendu. C'est vers 8h et quelques, que le chauffeur s'est décidé à partir, avec une personne en moins. Une longue route m'attendait et je me suis assoupie à un moment donné. J'étais vraiment morte de fatigue. Trois heures plus tard, nous arrivions à Guéoul. Je devais prendre une charrette pour continuer ma route. Il me restait encore du chemin à faire. Je ne sais même pas si j'allais être bien accueillie, mais je n'avais pas de numéro ou joindre Saly.
La petite sœur de ma grand mère maternelle habitait dans un village aprés Guéoul, qui s'appelle Ngourane, et c'est elle que j'avais décidé de rejoindre. Je suis allée là-bas une seule fois, il ya bien longtemps, et je savais qu'elle vivait toute seule maintenant avec ma cousine Saly, qui n'a jamais été mariée. Les trois enfants de la mamie avaient tous rejoint Dakar pour faire des études. Ils y avaient fondé leurs familles et vivaient paisiblement. Ils se retrouvaient néanmoins chez leur maman durant les fêtes de Tabaski. Je voulais juste un endroit où rester, le temps d'accoucher et poursuivre ma vie. Je ne pensais pas rester chez elle plus de 4 mois. Je croisais les doigts, en comptant sur son hospitalité et sa discrétion.. Je n'avais pas de nouvelles de Saly depuis des années, quand elle vivait à Kébémer chez ma grand-mère maternelle. Depuis la mort de cette dernière, elle avait rejoint la petite sœur, afin de lui tenir compagnie.
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Nafyssa: au carrefour des rêves brisés
Non-FictionC'est l'histoire d'une jeune fille assez naïve, qui a eu à faire beaucoup de choix regrettables. Je n'en dirais pas plus.... Follow me... ;)