Jerry Lewis suivit du regard son collègue qui sortait, plus déterminé que jamais, de son bureau. Une fois Kole hors de vue, il souffla un bon coup pour évacuer la pression qui s'était accumulée sur ses épaules en l'espace d'une poignée de minute.
Il n'aimait pas mentir, ce n'était pas son truc. Jerry se définissait d'ailleurs souvent comme un honnête homme qui n'avait rien à cacher. Rien, sauf ça.
Ce rapport représentait sa seule trahison envers les dix commandements qu'il respectait depuis son enfance, comme tout bon chrétien. Bien sûr, son métier l'avait parfois obligé à tuer des hommes mais il préférait voir cette action comme un devoir, une façon de sauver des vies en empêchant un meurtrier de passer une nouvelle fois à l'acte.
Si les vies auxquelles il avait mis fin en service ne l'empêchaient plus de dormir après les multiples thérapies et méthodes d'autopersuasion, ce rapport, quant à lui, continuait de troubler son sommeil. Ce qu'il avait fait cette nuit-là avait amené à un débat intérieur sans fin.
Chaque nuit, les doutes revenaient. Jerry se retrouvait alors partagé entre ses valeurs religieuses et son amitié pour Kole. Malheureusement, nuits après nuits, il ne trouvait aucune réponse.
Oui, il avait menti lors de la rédaction d'un rapport ce qui avait faussé toute l'enquête. Mais il l'avait fait pour aider son ami de longue date. La religion chrétienne ne transmettait-elle pas le principe d'aider son prochain?
Enfin, ce débat ne servait pas à grand chose si ce n'était torturer un peu plus l'esprit de Jerry puisque le mal était fait. L'enquête avait été vite abandonnée au profit d'autres et le policier ne pouvait pas revenir sur sa décision. Il devait faire avec.
Se rendant compte de la situation dans laquelle il se trouvait désormais et de la nécessité d'agir au plus vite, il porta sa main droite sur son bureau. D'un geste ferme et décidé, il attrapa le téléphone qui s'y trouvait et tapa le numéro qu'il connaissait par cœur.
Un signal sonore lui signala qu'il devait attendre que la personne à l'autre bout du fil décroche. Heureusement pour lui, l'attente fut très courte:
- Lewis, ça fait un bail! Qu'est-ce que je peux faire pour toi? demanda une voix grave et familière dans le téléphone.
- C'est à propos de Morgan, répondit aussitôt Jerry sur un ton grave.
- Qu'est-ce qui lui arrive encore à celui-là?Lewis attendit un instant, hésitant à répondre à cette question. Il prit une grande inspiration et ajouta:
- Miller, je crois qu'il se doute de quelque chose...
- Tu en es sûr? demanda l'inspecteur à l'autre bout du fil.Jerry ne savait quoi répondre. Kole fouillait et, le connaissant, il savait que son ami finirait par découvrir la vérité. S'il le faisait, s'en était fini. Lewis, Morgan et Miller pouvaient tous les trois dire adieux à leurs carrières exemplaires.
C'était d'ailleurs pour tenter d'échapper à ses remords que Miller avait accepté la mutation que lui avait proposé son supérieur un peu après la fameuse nuit où tout avait basculé. Il vivait désormais à Baltimore où il dirigeait un des commissariats de la ville.
- Je détruit les dossiers? proposa Jerry.
- C'est la seule chose à faire, confirma Miller. Si Morgan trouve le moindre indice...Jerry exprima son accord avec un "OK" bref mais clair et raccrocha. Il déposa le téléphone sur son bureau, se saisit d'un petit trousseau de clés et quitta la pièce.
Aussi discrètement que possible, il se dirigea vers les archives. Une fois à l'intérieur de la grande pièce, il chercha le carton, sans succès. Kole avait dû le prendre.
Un petit juron s'échappa de sa bouche. Il devait retrouver ce carton le plus rapidement possible.
Il descendit alors du tabouret sur lequel il était monté quelques secondes plus tôt. Jerry sortit des archives, réfléchissant à une stratégie pour subtiliser le carton à Kole mais aucune idée ne lui vint à l'esprit.
Il décida alors de retourner dans son bureau. Il ouvrit la porte et découvrit un objet qui n'y était pas précédemment.
Une enveloppe. Il la prit soigneusement et l'observa un instant avant se décida à l'ouvrir.
Il arracha aussi délicatement que possible le papier et sortit son contenu, un petit bout de papier où étaient inscrits quelques mots à l'encre rouge. Il les lut à voix basse:
Cher inspecteur Lewis, vous devriez peut-être surveiller votre collègue. Nous savons tous les deux ce qu'il pourrait découvrir...
Il prononça le dernier mot et son sang se glaça à l'intérieur de ses veines. Que voulait dire ce message? Était-ce un simple avertissement ou une menace? Et qui l'avait écrit?
À suivre...
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Gizem / GerilimKole Morgan, un inspecteur respectable de la ville de Chicago, reçoit un cadeau anonyme le soir de Noël. Le contenu du paquet ravive les souvenirs les plus obscurs de l'inspecteur qui doit alors faire face à son passé... 🔶Cette histoire est écrite...