Chapitre 23

296 36 5
                                    

   Kate entra dans l'hôpital, heureuse de pouvoir enfin ramener son mari adoré à la maison après un long mois de convalescence. C'était la dernière fois qu'elle le verrait dans cette horrible chambre à la forte odeur de désinfectant industriel.

   Elle se dirigea vers l'accueil et informa l'une des secrétaires qu'elle avait appris à connaître au fil des semaines et des visites quotidiennes que c'était le grand jour. La secrétaire se réjouit pour le jeune couple et donna le badge de visiteur à Kate.

   Elle la remercia et se dirigea avec hâte vers l'un des ascenseurs. Dans la cabine, elle appuya sur le bouton "4" et la machine se mit en marche. En un mois, elle n'avait jamais été aussi contente de prendre cet ascenseur.

   Quand les portes s'ouvrirent enfin, la jeune femme se précipita vers la chambre de son mari. Une fois dans la pièce, la vision de la valise de Jaimie lui fit oublier l'odeur infecte.

   - C'est le grand jour, annonça-t-elle fièrement.

***

   Kole gara sa voiture et coupa le moteur dont le petit ronflement s'arrêta rapidement. Il détacha sa ceinture puis sortit du véhicule en rassemblant tout le courage dont il pouvait faire preuve.

   L'inspecteur de police qui avait renoncé à sa tenue de service pour de simples habits de civil regarda l'inscription sur la plaque de verre qui ornait un des deux grands poteaux de l'imposant portail. Une partie de son esprit le supplia de faire marche arrière, de ne pas se confronter à de telles émotions mais il ne voyait pas d'autre solution.

   Il franchit le portail du grand cimetière Mount Olivet, un cimetière catholique de Chicago qu'il n'avait pas l'habitude de fréquenter étant de confession protestante. Quand il vit les premières tombes se dresser sous ses yeux, un frisson parcouru l'intégralité de son corps.

   Kole suivit la grande allée principale goudronnée dans le silence le plus total. Personne ne semblait se promener dans le cimetière à cette heure de l'après-midi.

   Il observa les pierres tombales avec attention, cherchant celle qui l'intéressait, celle pour laquelle il était venu. Il la trouva assez aisaiment.

   Une petite pierre, toute simple, sur laquelle était gravé le nom qui avait attiré son regard. Instinctivement, l'inspecteur se dirigea vers l'emplacement de la tombe d'un pas monotone et parfois même hésitant.

   Il arriva finalement au pieds de la pierre tombale et se laissa tomber de tout son poids sur ses genoux. Ses yeux fixèrent longuement le nom gravé et il finit par poser sa main droite contre la pierre froide comme la mort.

   - Je suis sincèrement désolé, sanglota-t-il en sachant parfaitement que défunte ne pouvait pas l'entendre.

   Il répéta cette phrase entre deux larmes, encore et encore, comme pour supplier Skylar de le pardonner mais personne ne lui répondit. Il était le seul vivant au milieu des centaines de morts qui ne pouvaient s'exprimer que par un éternel silence.

   Les larmes coulèrent de plus belle sur les joues de Kole. Il se sentait horriblement coupable depuis qu'il avait trouvé, la veille, la preuve de sa responsabilité dans l'accident de voiture qui avait emporté Skylar Jensen, une jeune femme heureuse et pleine de vie qui s'apprêtait à fêter ses vingt-trois ans.

   Tout était de sa faute. Il avait tué cette fille quatre ans plus tôt et ses proches avaient tout fait pour dissimuler son abominable crime aux yeux de tous, y compris les siens.

   Un bruit, semblable à un craquement de bois, retentit quelques mètres derrière lui. Kole se retourna immédiatement, tentant de reprendre ses esprits le plus vite possible. Il se leva en sursaut et observa le cimetière.

   Il n'y avait rien d'autre qu'une étendue presque infinie de tombes. Aucun autre vivant ne semblait être présent. Kole regarda alors une dernière fois la pierre tombale et retourna vers l'allée principale du cimetière.

   Derrière un grand chêne centenaire, un homme au sweat noir regardait l'inspecteur Morgan se diriger vers la sortie. Il épiait chacun de ses mouvements avec la plus grande attention. Si Kole Morgan croyait que sa plus grande souffrance ne consisterait quelques remords, il se trompait complètement.

     À suivre...

GiftsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant