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Jungkook tremblait. Il avait froid. Pourtant son visage brûlait. Etait-il malade ? Il avait toujours aussi mal à la tête, ses oreilles bourdonnaient d’un capharnaüm incroyable, paralysant son cerveau alangui par le sommeil. La douce odeur des draps remontait jusqu’à ses narines et un drôle de poids pris place dans son cœur. C’était lourd et ça lui donnait presque envie de vomir. Et ça lui donnait presque envie de mourir. Son esprit ne pouvait penser plus qu’à ça. Quoiqu’encore une fois il n’aurait jamais le courage de passer à l’acte. Il avait toujours été trop froussard. Crise d’angoisse sur crise d’angoisse, malaise sur malaise. Son corps ne voulait plus le supporter.

Et son esprit était beaucoup trop surmené, trop torturé. Il se haïssait.

Il ouvrit doucement les yeux, dévoilant ses prunelles anthracites, se faisant directement agressé par la lumière glacée qui filtrait à travers les grandes baies vitrées. Toujours alangui dans l’édredon, il regardait de ses orbes hagards la chambre de son frère. Le lit était défait, les draps blancs emmêlés à son propre corps, vêtements aux couleurs chatoyantes pour parer à la froideur de l’hiver, des tonnes de cours entreposés sur un bureau qui ne semblait plus pouvoir respirer. Le jeune photographe ne savait pas vraiment combien de temps il avait dormi, quelques heures ? Quelques jours ? Il avait l’impression que son cerveau était une masse incapable de raisonnement. Il avait mal à la tête. Son cerveau tambourinait dans tout son crâne.

Lentement, il se releva, sentant ses muscles ankylosés brûler sous le mouvement. Il avait l’impression de n’avoir bougé depuis des siècles, tout son corps lui faisait mal, il souffrait le martyr. Une fois redressé, il tâta les draps aléatoirement avant de poser la main sur son téléphone. Il ignora nonchalamment toutes ses nombreuses notifications qu’il avait reçu pour se concentrer sur l’heure. Il fronça ses sourcils avant de laisser un soupir passer ses lèvres tendrement rosées lorsqu’il se rendit compte qu’il voyait trop flou pour discerner quoique ce soit.

Il avait tant mal, il ne savait même plus si ce n’était qu’une douleur physique ou que son esprit imaginait car trop mourant. Il était tant perdu dans un tourbillon de pensées et de souvenirs qui remontaient. Son passé remontait et son présent le tuait.

Silencieusement, il sorti des draps et se leva après avoir assuré son équilibre. Frottant son visage de ses mains fines d’un air las, il sorti de la chambre, son cellulaire dans la poche arrière de son jogging. Il arriva dans le salon éclairé d’une de cette lumière glacée d’hiver. Tout semblait encore en vie dans cette pièce. La télévision passait une émission quelconque pour faire u fond sonore, alors que le noir de jais était affairé dans la cuisine à préparer deux assiettes de pâtes au beurre. Celles que Jungkook avait toujours aimées, avec une sauce épicée et accompagné de kimchi.

Un sourire attendris mais également attristé prit place sur son visage fatigué. Il ne savait pas pourquoi un poids s’installait encore une fois dans le creux de son estomac. Et ça faisait des flashes dans il le voyait comme ça. Il le revoyait des années en arrière, cuisinant des pâtes pour se nourrir. Et il s’en voulait tant d’avoir fait souffrir son frère.

Le brun sursauta lorsqu’il vit se dernier relever la tête en sa direction, alors qu’un sourire essayait un minimum de cacher cet air grave que portait son aîné. Il n’était qu’une source d’inquiétude. Jungkook ne servait à rien. Un soupire fébrile passa une nouvelle fois ses lèvres alors qu’il s’approchait de la table à manger. Il s’assit silencieusement, sa bouche était pâteuse, mais son estomac était affamé. Il avait l’impression de n’avoir mangé depuis des semaines. C’était d’ailleurs peut-être la seule chose qui l’animait. La faim.

Hoseok ne tarda pas à le rejoindre avec les deux assiettes de nourriture. S’asseyant en face du jeune photographe, il détailla ce dernier de ses orbes sombres. Ils avaient les mêmes yeux, l’anthracite était de famille. Il cherchait un quelconque signe extérieur de souffrance, une quelconque blessure visible. Mais toutes les plaies étaient gravées dans le cœur du jeune étudiant. Un sourire s’afficha sur ses lèvres fines en le voyant dévorer ses pâtes silencieusement, sans même avoir son cellulaire à ses côtés. C’était plutôt rare et c’était d’autant plus pour ça que J-Hope savait que quelque chose n’allait pas.

ROSE COTONNEUX T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant