ROSE COTONNEUX T.1

17 -

Jungkook soupira en laissant tomber sa tête en arrière. Il regardait le lustre suspendu à son plafond qui diffusait une lumière jaunie dans toute sa pièce à vivre. Il voulait devenir un lustre, réchauffer l’ambiance d’une maison, avoir une utilité précise et presque indispensable, avoir un seul véritable but. Mais il était Jungkook, et un Jungkook qui n’arrivait décidément pas à apprendre ses leçons pour la période d’examens qui arrivait à grand pas. Il ne comprenait pas pourquoi son cerveau était tant difficile, tant obtus à ne rien enregistrer. Le jeune photographe ne se sentait décidément pas à passer ces examens, d’autant plus que son corps et son esprit ne faisaient preuve d’aucune motivation.

Il remonta ses lunettes rondes sur l’arrête de son nez, soupirant en sentant sa céphalée cogner plus fort encore contre son crâne. Il n’en pouvait plus et ça l’énervait encore plus d’être planté devant ses cours sans être capable de retenir une seule phrase. Son esprit était trop volatile, il n’arrivait pas le moins du monde à se concentrer. Il écoutait d’une oreille distraite son meilleur ami qui, prostré dans le salon, chantait délicatement de sa voix grave en s’accompagnant à la guitare. Everything, de The Black Skirts. C’était une musique que le jeune brun lui-même avait montré au châtain.

Le jeune étudiant ne pouvait pas se passer de la voix de son meilleur ami, elle était légèrement rocailleuse, mélodique et s’accordait à merveille sur ce genre de chanson d’amour. Le rythme lent qui résonnait dans son appartement ne l’aidait pas à se concentrer, quoique pour rien au monde il ne demanderait à Taehyung de s’arrêter. Alors que la musique résonnait encore et toujours, Jungkook se perdait dans ses esprits. Les yeux d’anthracite se fermèrent, profitant de l’ambiance instaurée, alors qu’il se revoyait quatre jours en arrière, sur un banc d’infortune, ses yeux d’obsidienne absorbés par l’être rayonnant d’une lumière envoûtante à ses côtés.

Il se rappelait de la moindre des secondes avec lui, cette nuit-là. Leurs regards qu’ils n’avaient jamais échangés, les paroles qu’ils ne s’étaient jamais dites, et leurs discussions insensées et tumultueuses. Il se rappelait de tout, ces choses qu’ils n’avaient pas faites, des choses qu’ils s’étaient fait croire mutuellement, aucun détail ne manquait de cette soirée où les étoiles avaient veillé sur eux. Et le jeune photographe avait l’impression qu’il s’en rappellerait toute sa vie.

Un doux sourire se dessina sur ses lèvres à cette pensée là, il se sentait si léger, si bien. Il avait envie que cette situation dure des années, que pour des années, Jimin ne pense qu’à lui, ne soit qu’à lui, n’aime que lui. Il ne voulait pas penser au reste. Rapidement, il se leva, attrapant son téléphone, et alla s’allonger dans le canapé, contre son châtain de meilleur ami, alors que ce dernier continuait de chanter la même chanson. Alors que le brun posait sa tête sur les jambes du plus âgé, ce dernier s’arrêta de jouer en l’observant longuement. Le cœur de Taehyung battait si fort dans sa poitrine, il sentait presque ses joues brûler.

« Tu es vraiment changeant, déclara alors ce dernier en fixant les prunelles sombres qui le regardaient aussi.
- Hm ?
- Il n’y a même pas un mois tu étais complètement mort, le vide t’habitait et tu faisais des crises de panique tous les deux jours, et maintenant tu sembles vraiment heureux, l’esprit dans les nuages et tu souris tout le temps, énuméra lentement Taehyung alors que ses prunelles ambrées se perdaient sur les clavicules finement dessinées de son cadet. Presque bipolaire.
- Presque, répéta alors Jungkook avec un sourire sibyllin. Allez, continue à jouer.
- Chef oui chef. »

Directement, la voix rauque de l’aîné se fit entendre une nouvelle fois, les accords de la guitare accompagnant la voix délicate. Jungkook se sentait bien, dans cet environnement. Il se sentait en sécurité, et même s’il n’avait jamais eu le courage de tout dire à Taehyung, il avait le sentiment que ce dernier serait toujours là pour lui. Et il n’avait besoin de rien de plus. Le jeune brun se mit à son tour à fredonner ces paroles amoureuses qu’il connaissait par cœur, accordant sa voix à celle de son ami.