Le froid s’infiltrait à travers les pans de sa veste en jean bien trop large, glissant sous son sweat gris et cognant contre l’épiderme chaude de son torse. Le jour déclinait lentement alors que les lampadaires peinaient à illuminer les rues de leur lumières fades. La musique dans ses oreilles, ses cheveux bruns ravagés par la brise glacée qui soufflait dans les ruelles désertes de Busan. Les arbres dénudés de leur manteau d’automne s’élevaient et se découpaient dans l’obscurité naissante. Jungkook avait ce drôle de sentiment de liberté ainsi qu’une crainte, une appréhension au fond de son estomac.
Mardi soir, les étoiles semblaient s’être cachées derrière cette étendue de plus en plus noire, comme si elles aussi semblaient redouter ce qui allait arriver. Le jeune étudiant se surprenait toujours un peu plus lui-même. Il ne se pensait pas capable de faire ce genre de chose juste pour quelqu’un. Et encore moins pour ce blond qui semblait s’en moquer totalement de lui un soir, et le lendemain matin semblait le prendre pour le centre de son monde. Jungkook n’arrivait pas à déterminer qui était le plus compliqué entre eux deux.
Et pourtant, malgré toutes les insécurités que lui apportait Jimin, malgré ses peurs et ses crises de nerfs, malgré ses névroses insensées et son monde qui semblait lui tourner, il se sentait encore prêt à tellement de chose pour lui. Alors c’était peut-être pour ça qu’il était sorti à la tombée de la nuit, qu’il avait fait le chemin jusqu’à ce même parc où ils s’étaient rencontrés une fois, qu’il s’y était assit et qu’il s’y était repassé le film en continu. Celui de leur rencontre, où chacun avait contemplé l’autre comme s’il avait été la plus belle des choses sur cette terre capricieuse. Et les étoiles, couvées de la lune, leur avaient donné leur bénédiction. Elles avaient béni cet amour malsain, égoïste et victime d’une grande dose de maladie durant cette nuit particulière, hasardeuse et presque insensée.
Ses orbes d’obsidienne étaient fixés sur ce firmament totalement noir. C’était semblable à un tableau, la beauté de la scène l’estomaquait presque et il se sentait si bien, là. Son cœur avait envie de pleurer toutes ses larmes face à cette solitude et ce silence presque émouvant tant ils étaient intenses. La nature s’endormait progressivement, rendait ses dernières feuilles pour se laisser dominer par l’hiver. Il ne sentait plus vraiment le froid maintenant, ses muscles s’ankylosaient lentement mais il s’en moquait. Il avait presque l’impression d’être en paix après un long moment. Toujours la musique dans les oreilles, il observait ce monde éteint, le vide de son âme. Il avait l’impression de se faire manger tout entier par le temps. Et peut-être que Jungkook aimait ça.
Alors que ses yeux étaient rivés sur ce même ciel sans étoiles, la tête penchée en arrière, il entendit le bruit d’une porte s’ouvrir presque brutalement alors qu’un juron sortait d’une voix éraillée. Le jeune brun n’y fit pas directement attention, perdu dans cette contemplation, cet apogée du vide et des étoiles, sur lesquels il n’arrivait pas à mettre de mots. Pourtant, il sentit une présence à ses côtés, cette même drôle de chaleur qui lui donnait des frissons le long de son dos délicat. Il avait l’impression qu’il ne pourrait passer des journées sans cette drôle de sensation. Ses prunelles d’anthracite se posèrent sur l’homme à ses côtés et un énorme sentiment de joie prit possession de son esprit et de son âme. Une sorte de joie si intense, et qui rendait son corps plus léger. C’était agréable.
Le blond cendré sortait naturellement une cigarette de sa poche avant de la mettre à sa bouche, ses sourcils décolorés froncés alors que son briquet se faisait réticent à cracher sa flamme crépissante. Le gaz descendait doucement et la simple idée d’avoir à racheter un briquet l’ennuyait fortement. Finalement, un soupir d’aise s’échappa de ses lèvres pleines et rougies, alors que le bâtonnet roulé à la main venait directement se loger dans la bouche si tentante de l’autre. Jungkook n’avait pas une seule fois décollé son regard de ce spectacle singulier qu’était Jimin. Il avait retiré ses écouteurs pour entendre le moindre de ses soupirs. Il ne pouvait pas se passer de ce genre de chose. C’était si mélodieux et pourtant si sensuel. C’était tant paradoxal.
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ROSE COTONNEUX T.1
Romance❝ jibooty a commenté votre photo : "daddy t'es baisable." jungkook s'étouffa avec sa propre salive en lisant la notification sur son téléphone. ❞ « il se laissa tomber aux côtés de celui qui lui faisait tourner la tête, et observa d'un air hagard le...