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Le jeune brun s’ennuyait, à moitié endormi dans le canapé de cuir blanc et enroulé dans un plaid épais et gris. L’émission qui servait de fond sonore ne l’intéressait pas le moins du monde, il en riait à peine. Qu’est-ce qu’il s’en moquait des gens qui recherchaient un appartement ou une maison. Jungkook s’ennuyait tout simplement et il avait passé ses deux derniers jours à somnoler ainsi sur un canapé, mangeant sommairement. Il n’avait plus faim, il n’avait plus envie de rien. Son corps était devenu une masse et son esprit trouvait la vie trop dure à vivre. Il s’ennuyait. Un tel ennui qu’il n’avait plus le courage de rien faire. Les choses les plus banales étaient devenues un poids pour lui.

Cela faisait deux jours qu’il était cloîtré dans l’appartement de son frère. Ce dernier lui avait interdit de bouger ou même d’aller en cours. Deux longs jours qu’il était seul, sans rien pour l’occuper. Son cœur était lourd, il ne voulait plus rien faire, il n’avait plus envie de rien. Tout était devenu insipide et sans saveur. Il en avait marre de ne voir personne, de ne converser avec personne. Il n’avait pas échangé le moindre mot avec Taehyung depuis qu’il s’était lâchement enfui ce jeudi, sans rien lui dire. Il n’avait pas pu s’excuser. Et s’il devait perdre son meilleur ami, Jungkook en mourrait. Il ne pouvait pas vivre sans cette boule de bonne humeur qui arrivait toujours à lui arracher un sourire. Il ne pouvait pas. Il ne pourrait jamais.

Que serait-il sans ces discussions, toutes ses nombreuses discussions qu’il entretenait ? Sans répondre aux commentaires de ses abonnés sur sa page instagram ? Que serait-il s’il perdait la seule chose qu’il avait réussi à construire ? Que serait-il sans toutes ses personnes qui le suivaient et qui lui envoyaient des messages privés pour le féliciter ? Et que serait-il si tout ça l’abandonnait d’un coup ? Que serait-il s’il l’abandonnait ? Lui qui l’avait abordé de façon si commune mais si particulière ? Lui qui avait prit possession de toutes ses pensées ? Que serait-il s’il l’abandonnait comme son père l’avait fait ?

Il ne pouvait pas se risquer à perdre une nouvelle fois sa raison, ses efforts, ses réussites. Pas à cause d’une simple maladie, d’un simple traumatisme, comme les spécialistes s’étaient amusés à appeler ça. Il ne pouvait pas.

Pris d’il ne savait quel élan de courage, il se redressa d’un coup, quittant le plaid épais et enfilant le premier pull trop grand qu’il trouva sur son chemin, il se mit à sillonner l’appartement vide de son frère. Ce dernier était parti retrouvé un ami pour bosser sur un dossier qu’ils avaient en commun, laissant le jeune brun seul. Alors ce dernier chercha rapidement, dans tous les tiroirs qui étaient à sa disposition. Il les ouvrit tous, commençant par la cuisine, puis les rangements du salon. Sans scrupule, il les vidait tous pour avoir une meilleure vue d’ensemble.

Un soupir agacé sorti de ses lèvres lorsqu’il ne le trouva pas dans les pièces, communes. Alors il se redirigea directement dans la partie nuit de l’appartement, la salle de bain, même les toilettes y passaient. Finalement il atterrit dans la chambre de son frère et il se traita d’idiot pour ne pas y avoir pensé plus tôt. C’était évident qu’il était là-bas. Et il savait même très bien où il était, et un sourire victorieux se dessina sur ses lèvres lorsqu’il s’agenouilla devant le tiroir blanc de la table de nuit.

Il l’ouvrit silencieusement et son sourire se renforça en le voyant. Il trônait sur un carnet aux pages jaunies et abîmées. Délicatement, Jungkook l’attrapa et il eu comme l’impression de sentir à nouveau de l’air dans ses poumons en sentant le froid du métal contre sa peau d’albâtre. Il avait enfin retrouvé son téléphone.

Le jeune photographe se jeta sur le grand lit de son frère avec empressant et regarda une dernière fois son cellulaire avant de le déverrouillé avec appréhension. Il arriva directement sur sa discussion avec Jimin et son cœur fit un gros bon en lisant tous les messages. Il n’avait pas abandonné. Le blond cendré avait insisté pour avoir une réponse de lui. Il s’en fichait bien si c’était pour assouvir l’une des pulsions les plus primaires du jibooty, il avait enfin une quelconque utilité pour quelqu’un. Une drôle d’euphorie presque malsaine prit possession de tout son corps alors que de longs frissons parcouraient son dos. Il ne savait pas pourquoi il était tant heureux.

ROSE COTONNEUX T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant