ROSE COTONNEUX T.1

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Un soupir passa la barrière de ses lèvres tendrement rosées tandis qu’il refermait les pans de sa veste en jean bien trop grande sur son estomac. Enfonçant son menton dans son écharpe épaisse grise, il observa ses amis marcher devant lui avec de grands sourires. Il laissait le froid ambiant prendre possession de son corps et son esprit lent, endormi. Ses mèches brunes étaient balayées par le vent glacé, ses yeux d’anthracite se perdaient sur les environs. Tout était mort, les arbres grisâtres et squelettiques s’élevaient de toute leur hauteur pour dominer Busan sous l’hiver, l’herbe gelée craquait sous chacun de leur pas.

Le temps semblait s’être cristallisé autour de lui, il avait cristallisé sa pensée, ses maux et son bonheur. Plus le temps passait et plus Jungkook se sentait vide. Il n’avait plus d’envies. Il n’avait plus de joie. Il n’avait plus ces sentiments qui ébranlaient quelques fois tant son cœur. Le froid avait endormi son être. La brise qui le faisait frissonner ne réveillait que son épiderme. Il voulait changer la couleur de ses cheveux.

Jungkook avait besoin de changement.

Il pressa un peu le pas, allongeant ses longues jambes graciles pour rejoindre son frère et Taehyung. Il les écoutait d’une oreille distraite, ne comprenant toujours pas pourquoi il avait accepté de sortir par ce temps glacial. Peut-être cette drôle envie de voir les choses bouger. Alors oui, pour une fois il avait accepté de mettre les pieds dehors, malgré ce temps de décembre fraîchement entamé. Il avait enfilé ses chaussures noires, avait mis les pieds sans réaliser qu’une simple veste sur un hoodie ne serait pas suffisante. Et il avait suivit les deux dans leurs sorties habituelles.

Rapidement, les trois amis arrivèrent dans la rue commerçante de Busan, rue pourtant déserte. Il était tard, le ciel commençait doucement à se couvrir, tamisant les avenues d’une ombre apaisante alors que la nature semblait s’endormir progressivement. Les lampadaires s’allumèrent d’une lumière vacillante et jaunâtre, luisant et se reflétant dans les orbes d’obsidienne levées au ciel. C’était beau, le brun se sentait bien. Enfin, depuis un long moment, il se sentait vide mais en accord avec lui-même.

Les éclats de rires continuaient entre les deux plus âgés, Jungkook ne savait même pas se qui se tramait entre eux. Les voir ainsi, aussi proche, se taquinant et se donnant des coups de coude ; leur proximité n’avait jamais frappé autant Jungkook. Un sourire heureux se dessina sur ses lèvres devenues plus pâles par le froid ambiant. A vrai dire il ne savait pas ce qui se passait, les deux avaient leur rituel qu’ils ne loupaient pour rien au monde. Et Jungkook avait juste envie de rire avec eux, même s’il ne comprenait pas grand-chose, même s’il ne comprenait pas la référence de cette blague ou s’il ne comprenait pas cette phrase récurrente chez les deux amis.

Il était peut-être tout simplement heureux de passer du temps avec eux. C’était peut-être tout ce qui lui fallait pour le moment pour se retrouver.

Alors qu’il se reconnectait doucement avec le monde l’entourant, il capta quelques autres éclats de voix qui semblaient lointain. Automatiquement, ses prunelles curieuses cherchèrent pour ce bruit singulier. Ses sens étaient en alerte, il se sentait presque vivant. Sans s’en rendre compte, son rythme ralenti et il finit par s’arrêter, alors que ses aînés avaient stoppé leur avancée pour un lacet capricieux.

La tête brune tomba en arrière, le rythme de sa respiration s’accéléra tout comme celui de son cœur, mais son corps resta de marbre. Il l’admirait juste, laissant son regard dévorer la plastique de l’homme qui hantait ses pensées. Son corps, ses courbes, ses épaules, son attitude, la chaleur malsaine qu’il dégageait. Il avait capté son regard. Quatre jours qu’il ne lui avait pas parlé, Jungkook ne voyait que ses cheveux blonds cendrés coiffés avec soin sur le front dégagé.