CHAPITRE 6

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PDV Eliaz :

Je sortis de la camionnette les mains moites. Je risquais gros en me transformant, mais Scott semblait vraiment la vouloir, et d'un côté, moi aussi. Pour une raison qui m'était encore inconnue. Mon corps entier me poussait à la rechercher, j'étais comme manipulé par moi-même. Alors je tentais le tout pour le tout.

Je me dirigeais vers la forêt en essayant de me repérer avec mon odorat, tout en ignorant les regards curieux des Métamorphes soignant les blessés à même le sol. Je cherchais l'odeur de la tigresse étant donné qu'elle n'avait laissé aucunes traces sur le sol. Elle devait être très agile de ses pattes. Cependant la meute avait passé beaucoup de temps sur ce terrain, leurs odeurs se mélangeaient à celle de la femelle. Et pourtant, seulement une à deux minutes après avoir commencé mes recherches, une odeur délicieuse vint titiller mon odorat. Une odeur sauvage et enivrante.

Il n'y avait aucuns doutes, cette odeur était celle de la tigresse. J'avais vécu deux ans avec la meute, leurs senteurs m'étaient familières. Mais celle que je décelais à présent me donnait l'impression d'être au paradis. Tout le contraire de ma « famille » de Métamorphes.

Je m'enfonçai de plus en plus dans la forêt tout en suivant ce parfum surréaliste. Je voulais mettre le plus de distance entre moi et la meute, pour éviter que l'on me découvre ou que Scott ait l'envie d'utiliser ses sens pour percer mes secrets en venant sur le lieu de ma transformation. En effet, une fois transformé, je n'aurais plus de barrières. Ce serai comme si mon ADN entière était visible aux yeux de tous les Métamorphes. Cela se sentait dans l'air, sur le sol, dans tout ce qui nous entoure. Je me mettais énormément en danger, mais ma raison était apparemment mise hors connexion.

Les Métamorphes avaient toutefois une particularité, ils pouvaient se fondre dans la nature. Entre autre, c'était une sorte de camouflage mais seulement au niveau de l'odorat, nous restions visibles. Il était aussi impossible de détecter l'énergie bestiale et donc la puissance de l'adversaire. Mais pour pouvoir se camoufler, il fallait se transformer. Il y avait donc un entre deux où j'allais me mettre à nu, en espérant que personne ne perçoivent ma réelle nature. En effet, entre ma transformation et le camouflage, n'importe quel Métamorphe pourrait deviner ce que je suis. Et en y repensant, mon animal était le seul de son genre, il était unique, j'étais aussi reconnaissable dans ce cas-là.

Une quinzaine de minutes plus tard, la distance était assez conséquente, et je me transformais, le cœur battant à cent à l'heure.

Espérant que les Traqueurs soient loin.

***

PDV Alba :

J'étais totalement perdue. Je ne savais pas où j'allais, mes repères étaient détruits. Je ne reconnaissais aucuns arbres, aucuns buissons, aucuns ruisseaux. J'avançais toujours tout droit, certaine que je finirais par trouver mon antre. Je courais, même si j'étais certaine que personne ne viendrais me chercher, tous les Métamorphes étaient à terre. Et si, par chance, il en restait quelque uns encore debout, ils ne feraient pas le poids devant moi.

J'étais tout de même confuse. Ma journée avait été pleine de rebondissements. J'avais découvert un vieil homme sur mon territoire, que je n'étais pas la seule de mon genre, et que j'avais enfreint une loi. Quel qu'elle soit, je n'en avais pas connaissance, alors je pouvais me qualifier d'innocente.

Mais tout ce que je voulais à présent, c'était retrouver ma petite vie tranquille loin de ces gens faibles et étranges. Quoiqu'en y repensant, l'homme aux yeux noisette était le seul homme encore conscient parmi tous les Métamorphes. J'éprouvai un peu de respect pour lui, même s'il m'avait attachée.

Je me stoppai dans ma course pour boire dans un petit ruisseau. Ma langue lapa tranquillement l'eau claire ce qui me fit du bien. Je n'avais pas remarqué jusque-là que j'étais assoiffée. De plus je me présumais assez loin des Métamorphes pour m'arrêter, personne ne pourrais me retrouver, surtout que j'avais fait attention à ne laisser aucune trace sur mon passage. Mais je pensais tout de suite à mon odeur. Mon odeur était peut être percevable, on pourrait me tracer. Cependant je me rassurais rapidement, il y avait tellement d'odeur là-bas, qu'il serait impossible de différencier la mienne des autres Métamorphes.

Je me remis en route cette fois-ci en trottinant. Le temps ne pressait pas et j'étais rassurée.

Lors de ma capture j'avais été légèrement blessée, mais ce n'était pas profond et mes blessures étaient déjà toutes guéries. J'avais eu le sentiment, après coup, que mes kidnappeurs ne souhaitaient pas me faire du mal. Je me sentais plutôt mal de les avoir aussi gravement blessés.

Cependant je repensais à la douleur que j'avais ressentis dans le coffre de la camionnette, je ne savais pas ce qu'il m'était arrivée. J'avais eu l'impression que l'on comprimait mon cœur avec dix tonnes de plomb. Etait-ce l'œuvre des Métamorphes ? Ce mystère ne serait surement jamais résolu.

PDV Eliaz :

Je la suivais à la trace depuis plus de trente minutes. Son odeur était envoutante. Je n'arrivais pas à m'en détacher même si je le voulais. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait en moi mais cela ne me déplaisait pas. Mon cœur battait à cent à l'heure, mes muscles me propulsaient plus loin que dans mes souvenirs, et mon adrénaline aurait pu me faire voler.

Je sautais par-dessus un petit ruisseau où il me semblait qu'elle avait bu. J'étais près, tout près d'elle. Mon corps alla encore plus vite, pris d'impatience. Je devais la voir, c'était vitale, pourquoi ? Aucune idée.

Je devais avouer que par certains moments, j'allais tellement vite, que mes pattes touchaient à peine le sol, toujours en faisant attention à ne produire aucuns bruits. De plus je me fondais parfaitement dans la nuit noire qui s'était installée. Mon camouflage était parfait, je ne produisais aucun bruit, aucune odeur, aucune énergie. Et par chance, il faisait nuit, alors on ne pouvait pas me voir.

Soudain, parmi les arbres et les feuillages, j'aperçu au loin un blanc luminescent. Je me rapprochais inexorablement découvrant enfin une tigresse blanche fine et élancée. Mes yeux s'écarquillèrent d'admiration. Elle trottinait utilisant ses longues pattes puissantes. Elle était sublime, tout en elle me donnait envie de la regarder dans les yeux, de lui parler, de la toucher. Elle semblait sure d'elle, et puissante. Je sentais l'ampleur de son énergie bestiale au plus profond de mon être.

Mais elle accéléra soudainement et se mit à courir. De la frustration m'envahit. Pendant ma contemplation j'avais ralentis, j'accélérais de plus belle pour la rattraper. Mais elle accéléra aussi. Avait-elle détecté ma présence ? Non impossible j'étais comme invisible.

Je ne tardais pas à la rattraper, j'étais plus grand et plus fort qu'elle, cela ne faisait aucuns doutes. Mais c'était la plus grande Métamorphe que j'avais vu au cours de ma vie, excepté moi et mon père biologique.

J'étais maintenant à quelques mètres d'elle, j'accélérais de plus belle mettant toutes mes forces dans cet effort.

Et je sautais d'un coup sur la tigresse, la vitesse nous envoyant quelques mètres plus loin, atterrissant dans un bruit sourd. Le choc avait été plutôt violent et je m'étais littéralement affalé sur la magnifique femelle.

Elle comprit rapidement la situation et commença à se débattre tout en grognant. J'étais sur son dos mais elle réussit à se retourner malgré ma force grâce à un coup de patte que j'avais esquivé en me penchant sur le côté. Cela avait légèrement diminué la pression que j'exerçais sur elle avec mon corps, elle en avait profité.

Et nos regards se croisèrent.

ALBAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant