PDV ELIAZ :
J'étais perdu dans mes souvenirs les plus profonds, dans mes rêves. Ils changeaient, ils se mélangeaient, ils m'horrifiaient. J'étais comme dans un puit profond où toutes les atrocités de ma vie y étaient cachées.
Les tourments m'empoignaient, la culpabilité me blessait.
Comme des fantômes flous et imprenables, ils tournaient autour de moi. Ils me narguaient. Ils étaient libres de toute volonté, j'étais coincé ici, dans ce noir profond. Encore une fois, impuissant, je ressassais ma vie interminablement.
- Eliaz.
D'autres souvenirs décidèrent alors de descendre dans le puit de mes souvenirs. Ils étaient blancs, pures. Ils émanaient une douce chaleur. Une chaleur fraiche.
C'était une belle vision. Ils brillaient. C'était agréable.
Une fourrure blanche rayée de noire passa devant mes yeux. Un regard vert perçant me fixait. Une sensation de bonheur m'envahi. J'avais définitivement besoin de cette tigresse qui apparaissait gracieusement devant moi. C'était une certitude.
Mais l'image disparue tout d'un coup, laissant place de nouveaux aux fantômes noirs dédiés à mes souvenirs les moins attrayants.
Pourquoi partait-elle ? Elle empêchait toutes ces atrocités de me toucher ! Il fallait qu'elle revienne, je ne voulais plus être touché par ces ombres me suivant à la trace.
Pourquoi ne revenait-elle pas ? Les fantômes de mon passé s'approchaient encore et encore. Ils me touchaient à nouveau, ils me faisaient à nouveau souffrir.
Les essences blanches et pures avaient disparues laissant place au noir insondable. Laissant place à mes cauchemars. Elles étaient descendues, elles m'avaient redonné de la chaleur, elles n'étaient plus là. Elles venaient d'en haut.
Etait-ce si bien en haut de ce puit ? Fallait-il sortir pour ressentir de nouveau cette présence bienveillante ? Cette blancheur enivrante ?
Très bien, s'il fallait sortir et escalader les pierres glissantes de ce puit, j'allais monter. J'allais toucher cette lumière blanche qui m'aveuglait. J'allais l'atteindre et de nouveau voir ces yeux verts envoutants et réconfortants.
Mes yeux s'ouvrirent lentement. J'avais réussi. J'étais sorti du puit. Tous les fantômes s'étaient envolés ne laissant qu'une fine poussière dans mon esprit.
Je pris quelques secondes à comprendre où je me trouvais en réalité, mais aussi à reprendre mes esprits. J'étais probablement au même endroit que mon dernier réveil, dans mon camping-car.
Une douce chaleur matinale se déposait sur ma peau. Une douce chaleur émanait d'entre mes bras. Deux douces chaleurs.
Alba.
Je baissais lentement la tête, prêt à la voir endormie, encore une fois. Mais ce fut tout autre.
Elle était éveillée, elle avait les yeux grands ouverts, et elle me regardait. Son corps était encore entre mes bras. Ses iris verts perçants me fixaient, inflexibles. Ils étaient indéfinissables. Différents pigments de vert les tachaient, rendant son regard unique. Je les revoyais enfin.
J'avais bien fait de sortir de ce puit, ou plutôt, de ce rêve.
Je restais dans la même position pendant plusieurs minutes, sans bouger. On se regardait dans les yeux. C'était seulement elle et moi, rien d'autre.
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ALBA
ParanormalLa brise du vent, les rayons du soleil sur son pelage. L'odeur de la terre et des fougères. Les bruits des proies aux alentours. C'est le quotidien d'Alba, qui depuis dix hivers, vit dans une forêt sauvage des Pyrénées, sous sa forme de Métamorphe. ...