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PDV ALBA :
Je ne saurais expliquer le processus, mais Eliaz et moi arrivions à tout faire sans le moindre geste. Parler, penser, exprimer ses sentiments, transmettre toute une vie. Transmettre et échanger.
Je n'étais plus la seule à pouvoir communiquer par pensées, Eliaz en était désormais apte, nous étions maintenant capable de bien plus.
Et justement, ses souvenirs s'insufflaient en moi tel un vent à la fois frais et brulant. Dans chaque parcelles de mon corps, les souvenirs, les émotions, les ressenties, les pensées, les connaissances d'Eliaz, tout, montait jusqu'à mon esprit pour qu'il n'en perde pas une miette.
J'étais fascinée, déstabilisée, émerveillée, triste, impuissante, forte, en colère, polie, meurtrière, vengeresse, neutre, sanguinaire, triste, protectrice, croyante. J'étais tout ce qu'il avait été toutes ces années. Je me baignais littéralement dans ce mélange de fluide du passé, sans jamais détourner les yeux de ceux d'Eliaz.
Il n'avait pas été croyant au sens religieux, non il avait été croyant pour un avenir meilleur, pour une meilleure vie, pour une vie agréable.
Il avait tant souffert, tant fait, tant accompli, tant culpabilisé.
Quelle était cette vie atroce ?
J'avais perdu mes parents, mais j'avais vécu huit années d'enfance remplie de joie malgré les nombreux déménagements. Et même après cela, les débuts avaient été difficile, la vie en elle-même dans la forêt était difficile, j'avais souffert, j'avais crié de désespoir face à mon impuissance et ma faim.
Mais je n'avais pas tué des innocents sous le joug de mon père, souffert de torture, d'entrainements intensifs presque qu'ingérables pour le corps, de pression mentale entre le bien, et mon martyre de géniteur. Je n'avais pas été soumise par la puissance d'une tierce personne.
- Dites les Tourtereaux, je parle là, vous savez ? S'égosilla Louis tel un enfant.
Mais Eliaz ne m'avait rien dévoilé de ses deux années passées au sein de la Meute Scottish. Il ne m'avait rien dévoilé de sa fuite de la Meute Rapinae non plus. Les souvenirs qu'il me montrait s'arrêtaient dans les alentours de ses 17 ans.
Je n'allais pas insister ou quoi que ce soit, je savais pertinemment qu'il allait m'en parler plus tard. C'était sûrement trop tôt pour lui. D'exprimer, de transmettre, chaque mots, chaque actes, ce devait être difficile. Parce qu'il fallait les chercher, les revoir, pour pouvoir les transmettre. Les souvenirs n'en devenaient que plus douloureux.
Cependant, j'avais obtenu de nombreuses connaissances grâce à lui, après tout, 18 ans de sa vie m'avaient été transmis comme une fusée. Les souvenirs et les connaissances s'accumulaient.
Je connaissais désormais autant de choses que lui. Bien que la ligne soit floue après ses 17 ans.
Et j'éprouvais désormais, moi aussi, une rage intense envers son père. Envers ses actes, ses projets secrets, ses paroles, toute sa personne me rebutait.
J'allais aider Eliaz à détruire son géniteur. Et j'étais déterminée à le faire, personne ne me détournerait de ce nouvel objectif. Une personne telle que lui ne méritait pas de vivre plus longtemps.
Eliaz pensait que c'était beaucoup trop dangereux, que son père était puissant et qu'il tenait fermement dans sa main un nombre incalculable de Métamorphes capables, par le nombre, de nous anéantir facilement, et cela, même si nous étions des Suprêmes.
Mais mon regard ne cilla pas d'un pouce à l'entente de ses pensées. Je n'allais pas le laisser combattre seul, d'autant plus que maintenant, nous étions tous les deux dans le même sac. Âmes-Sœurs obligent.
En y pensant, je percevais nettement une partie de l'Âme d'Eliaz dans mon corps, tandis que je percevais un morceau de la mienne dans le sien. Je ne saurais comment l'expliquer, mais nos Âmes respectives s'étaient divisées en deux, une partie était désormais dans le corps de l'autre.
Alors c'était cela la Fusion ?
L'Âme n'était pas facile à repérer, elle bougeait constamment, elle ondulait, devenait à la fois opaque, parfois transparente. Elle était comme inatteignable, je ne savais même pas comment j'arrivais à la voir. Eliaz la voyait aussi par moment sur moi.
Nos Âmes ressemblaient désormais à un mélange mobile de deux fluides assemblées ensemble. Elles alternaient, parfois se superposaient, se mélangeaient pour donner plusieurs nuances d'un bleu cristallin.
C'était beau, intouchable, inatteignable, fantomatique.
Elles disparaissaient, pour réapparaitre quelques secondes plus tard. Si nous ne faisions pas attention à elles, nous ne les verrions même pas.
Et elles disparurent à nouveau. Comme si elles jouaient à cache-cache.
C'était magnifique, mais invisible pour les personnes nous entourant. Et parfois même pour nous. Il fallait se concentrer pour la voir. Mais la vue en valait la peine.
- Mais je n'y crois pas ! Ohé ! Je suis là ! Cria Louis. Arrêtez de vous regarder dans le blanc des yeux, il y a des choses plus importantes !
Le haussement de voix de Louis me fit sortir de la transe dans laquelle moi et Eliaz étions. Un voile disparu de mon esprit me reconnectant au monde réel. Nous étions tout simplement en train d'admirer nos âmes mélangées, perdus dans nos pensées mutuelles. Enfouis sous notre propre pouvoir d'Âmes-Sœurs.
Je serais bien restée plus longtemps.
J'essayais de me concentrer à nouveau pour voir nos Âmes, mais c'était peine perdue. Louis avait tout gâché.
Je me tournais vers lui, le regard noir. Il ne semblait pas comprendre mon mécontentement ainsi que celui d'Eliaz et continua dans sa lancée.
- Je comprends, ça fait trois ans que vous ne vous êtes pas réellement vus, et le lien d'Âmes-Sœurs doit être tout nouveau, mais il y a vraiment plus important à faire en ce moment !
Eliaz soupira.
- Qu'y-t-il de plus important ? Demanda-t-il.
Oui, qu'y-a-t-il de plus important qu'admirer des Âmes fusionnées aux différentes teintes cristallines ?
- Peut-être savoir ce qu'il s'est précisément passé pendant trois ans ? Demander s'il y a eu des morts ? Demander où vous êtes, peut-être ? Demander ce que nous sommes devenus ? Demander ce qu'est devenu le monde Métamorphes après que vous, un ouragan, se soit mis en marche ? Beaucoup de choses sont beaucoup plus importantes !
Louis avait de nouveau ce visage sérieux. A vraie dire, les cicatrices qu'il avait obtenu sur son corps avaient dû bien le forger. On en voyait certaines dépasser de son tee-shirt à manche courtes. Il y en avait de nombreuses sur ses bras. Une se baladait aussi sur son cou, aussi fine et précise qu'une griffe aurait pu le faire.
C'était probablement une griffe tout compte fait
C'est vrai, c'était irrespectueux de ne pas prendre en considération les sacrifices qui avaient probablement eu lieu pendant ces trois ans. Trois ans où ils nous avaient protégés sans même hésiter. Trois ans de vie à combattre pour sauver la peau de deux personnes auxquelles la plupart n'avaient jamais parlé.
N'y avait-il pas anguille sous roche ? Pour certains du moins.
Plusieurs personnes avaient dû nous aider à des fins personnelles. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. J'étais sûre et certaine que Louis, lui, nous avait aidé parce qu'il nous appréciait. Il n'était pas du genre à avoir des intentions cachées. Mon instinct me criait que c'était une personne de confiance.
- Alors dis-nous tout, lui dis-je de ma faible voix.
Quelle voix horrible, et si étrangère.
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ALBA
ParanormalLa brise du vent, les rayons du soleil sur son pelage. L'odeur de la terre et des fougères. Les bruits des proies aux alentours. C'est le quotidien d'Alba, qui depuis dix hivers, vit dans une forêt sauvage des Pyrénées, sous sa forme de Métamorphe. ...