PDV ALBA :
J'ai faim, j'ai froid, je tremble. Et j'ai encore faim, terriblement faim.
Cela fait une semaine complète que je suis allongée dans le creux de ce renfoncement rocheux à l'allure d'une mini grotte éclairée par le soleil. Une semaine que mes parents sont morts devant moi. Mais je n'arrive pas encore à le réaliser. Je suis peut-être intelligente, mais le choc a été tellement brutal que mon cerveau ne semble plus vouloir marcher correctement.
J'ai vu le sang de mes parents. Il était rouge et très foncé, presque noir. C'est une couleur magnifique, mais j'aurais préféré ne jamais la voir de toute ma vie.
Jamais.
Jamais.
Jamais.
Comme tous les matins depuis, je descends de ma tanière pour aller boire dans le ruisseau pas loin d'ici.
Dans le reflet de l'eau, je me suis vue tigre.
J'étais un tigre blanc. Deuxième choc.
Je n'avais aucune explication du pourquoi ou du comment. Je m'étais imaginée toutes sortes de scénarios allant même jusqu'à Dieu. Il m'aurait donné la possibilité de m'échapper.
Mais c'était bête, si Dieu existait, il aurait sauvé mes parents.
Non ?
Je ne savais pas, j'étais perdue, tellement perdue. Alors tous les matins, tel un automate, j'allais boire, puis je revenais dans ma tanière, et j'attendais.
J'attendais que les jours passent. Je n'avais en réalité pas de raisons de vivre. J'étais seule, dans une forêt, jeune et orpheline. A quoi pouvais-je me rattacher ?
Je buvais, mais je ne mangeais pas. Qu'avais-je à manger ? Des céréales ? Des légumes ? Des chips ? Non, je n'avais rien de tout ça. La seule solution qu'il me restait c'était de respecter le régime alimentaire de mon animale. La viande, les proies.
Mais il m'était impossible de tuer quoique ce soit. Encore moins un petit animal mignon et duveteux. J'adorais les animaux, je ne voulais pas les tuer.
Et surtout, je ne voulais plus jamais voir ce rouge profond et brillant sortir d'un corps.
Jamais.
Jamais.
Jamais.
Mais j'avais tellement faim. Je n'avais rien avalé depuis une semaine. Mon ventre était aussi creux que le cratère d'un volcan. Il émettait des bruits étranges et me faisait horriblement mal. Il m'était de plus en plus difficile de me lever.
J'avais l'impression que mon ventre s'enroulait sur lui-même, augmentant la douleur. Et pour ajouter une cerise sur le gâteau, j'avais de la fièvre, beaucoup de fièvre. J'étais aussi brulante que la lave. Ma respiration était lente et difficile.
Un calvaire.
Mais comment ne pas tomber malade et affamée dans ces conditions ? J'avais peut-être un corps de tigre, mais il était tout neuf, il ne connaissait rien de l'extérieur. Alors dormir à la belle étoile autant de jours d'affilé sans la moindre couverture pour une ancienne humaine comme moi, se finissait forcément par une maladie. Mon corps de tigre était faible et jeune, comme moi. Je n'étais qu'une faible novice ne connaissant rien de la vie en nature.
Alors j'étais malade, extrêmement malade. Mes membres m'obéissaient de moins en moins, le froid me frappait toujours plus fort, augmentant par la suite ma fièvre.
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ALBA
ParanormalLa brise du vent, les rayons du soleil sur son pelage. L'odeur de la terre et des fougères. Les bruits des proies aux alentours. C'est le quotidien d'Alba, qui depuis dix hivers, vit dans une forêt sauvage des Pyrénées, sous sa forme de Métamorphe. ...