CHAPITRE 60

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PDV ELIAZ :

- Excusez mon ignorance, je n'ai jamais connu le prénom de mon père. Mon entourage ne l'a jamais prononcé non plus, dis-je, le visage toujours aussi neutre.

- Ton ignorance est tout à fait logique, répondit Victoire, la femme de Charles.

Mon regard dévia à l'autre bout de la pièce pour l'apercevoir. Cheveux bruns, yeux bleus, c'était une femme banale possédant un certain charme. Elle devait avoisiner la cinquantaine, tout comme son mari.

- Son prénom n'est pas si répandu que ça, continua-t-elle d'un ton calme. Beaucoup l'appelle seulement le Tyran, ou bien le Tyran Suprême.

Nombreux sont ceux qui acquiescèrent, tandis que les deux seniors anglais sifflaient de mécontentement. Ils n'aimaient apparemment pas être repris.

Priam se racla la gorge pour recentrer l'attention sur lui. Mes yeux se fixèrent à nouveau sur sa personne.

- Pour en revenir au sujet principal, dit-il, Karel fut immédiatement soupçonné. Dès sa naissance, il a toujours été d'un naturel cruel, ses actes immoraux sont bien nombreux. Seulement voilà, personne n'osait aller au travers de son chemin, il faisait ce qu'il voulait. Je ne vais pas te dire toutes les horribles choses qu'il a fait derrière le dos de nos grands-parents Basile et Alenka. Ce serait trop long. Mais pour donner un exemple, à l'âge de 8 ans seulement, il avait attendu pratiquement 11 mois qu'une des juments de la famille accouche. Le poulain né, il l'avait...tué par pure plaisir. Un véritable fou. Mon père Dymas avait tout vu, mais Karel l'a assez battu pour qu'il ne dise rien. Durant des années ça s'est passé comme ça, mon père devait garder le silence. Karel étant un Alpha Suprême avait toujours été plus puissant que lui, et il en abusait. Mais nos grands-parents, au fil du temps, commençaient à se douter de quelque chose. La vérité a éclaté lorsque des milliers de Métamorphes, profitant de l'absence de Karel, sont venus en personne à la maison familiale pour conter les horreurs effectuées par leur fils. Aux 20 ans de Karel, ils ont donc tout découvert, notamment les atrocités qu'il avait fait subir, en abusant de sa puissance, à d'autres Métamorphes, d'autres êtres vivants, parfois des villages entiers. Et là, je ne t'ai même pas encore parlé de la façon dont il se procurait de l'argent, ou des femmes.

Un frisson de dégoût parcouru mon corps. Mon père avait donc toujours été comme ça. Un barbare né. Le mot détester était bien trop faible pour caractériser l'émotion qui me traversait lorsque je pensais à lui.

- Karel rentré d'une de ses sorties, dont on doute souvent de l'issue morale, fut alpagué par nos grands-parents. Basile et Alenka passèrent la nuit à s'énerver contre lui, à lui demander des explications. Karel restait muet. Ils l'enfermèrent donc pour une durée de deux semaines au sous-sol de la maison où les murs étaient de titane. La porte elle-même, côté intérieur, était recouverte de ce métal. Elle fut fermée, ton père coincé. C'était une pièce où nos grands-parents enfermaient généralement les criminels Métamorphes avant de décider de leurs sorts. Et justement, ils devaient faire un choix concernant son avenir. Il avait fait beaucoup trop de mal, ce devait être réprimandé.

Etrangement, j'étais heureux de savoir qu'il avait été enfermé pendant deux semaines. Savoir qu'il avait un jour été vulnérable était jubilatoire.

- Mais Karel n'était pas du même avis, à peine deux jours après son enfermement, durant la nuit, il réussit à s'échapper du sous-sol. Nous ne savons toujours pas comment. Le lendemain, au réveil de Dymas, nos grands-parents étaient morts. Ils avaient des coups de couteaux sur tout le corps, pour les tuer, c'était sûrement une arme en titane. Mon père n'avait rien perçu, rien entendu. Il était perdu, désorienté, d'autant plus que Karel l'avait vraisemblablement épargné pour on ne sait quelle obscure raison. Après cet incident, Karel avait disparu, malgré des recherches actives menées par mon père sur tout le continent il était introuvable. Ne sachant quoi faire, il a fermé toutes les frontières, en augmentant drastiquement les contrôles douaniers Métamorphes. Certains d'entre nous avaient même infiltré les humains à leurs points de passages, que ce soit sur les autoroutes, les aéroports, les gares, les ports. Ce contrôle dure depuis maintenant 31 ans, on ne laisse plus rien s'échapper de la Grèce, ni entrer. Question de sécurité.

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