PDV ELIAZ :
Il me jeta mes vêtements à la figure avant même que je n'ouvre les yeux. De toute façon, il agissait toujours brusquement avec moi. C'était pour me rendre plus fort disait-il. J'étais déjà fort, pas besoin de son aide. Pas besoin de sa violence.
- Va à ton don quotidien. Profite-en, dans deux mois, tu ne pourras plus en recevoir, me dit mon géniteur.
Je n'avais pas besoin non plus de ces dons d'énergie bestiale. Je n'en voulais pas. Depuis ma naissance, chaque matin, mon père faisait venir deux Métamorphes de Meutes Pionnières sous son commandement. Et chaque matin, les deux personnes choisies, me donnaient la moitié de leurs énergies.
Heureusement que l'énergie donnée se renouvelait au bout d'un certain temps, déterminé par la dose d'énergie transmise. Mais cela avait des conséquences, notamment une très grande faiblesse pour l'offreur. Sinon, l'énergie appartenant à une personne restait toujours la même, elle n'augmentait ni ne diminuait jamais, même après usage. En effet, après utilisation, l'énergie revenait dans le corps auquel elle appartenait. Elle ne disparaissait jamais.
Il était notamment impossible de voler de l'énergie. Il fallait que le possesseur accepte de la donner. Mais, encore une fois, avec des menaces de mort imminente provenant de mon père, les Métamorphes choisissaient tout de suite d'offrir gracieusement leurs énergies malgré le danger vis-à-vis de leurs santés.
C'est seulement lors d'un don, lorsque l'énergie était prise à son propriétaire, qu'elle se renouvelait. Après tout, il y avait un espace à combler. Le processus prenait généralement beaucoup de temps, mais la durée était variable et n'avait jamais pu être précisée.
Puis, à chaque fin de semaine, je devais choisir entre laisser mourir lentement mes donateurs sur une chaise en semi-titane, ou prendre l'entièreté de leurs énergies, et les tuer rapidement par la suite pour leurs éviter une souffrance continue.
Pour dire, j'étais quelqu'un ayant commis beaucoup de crimes. De crimes que je n'avais jamais voulu commettre. Des crimes qui m'obligeaient chaque jour à refaire un point sur mon état mental. Je n'en étais pas fier.
Mais, et heureusement pour moi, les dons d'énergies n'étaient possibles que jusqu'à l'âge de treize ans. Âge où la croissance de l'enfant était à son paroxysme. Âge où le corps ne pouvait emmagasiner plus d'énergie, étant donné qu'il se concentrait sur le développement du corps.
Et j'avais treize ans dans deux mois. Il me suffisait de tenir encore quelques semaines.
Merci.
Merci.
Merci.
J'espérais juste que ma vie s'améliorerait après cela. Que je n'aurais plus d'atrocités à commettre. Que je n'aurais plus à subir le regard bleu et froid de mon père. Que je n'aurais plus de sang sur les mains. Que ma culpabilité s'effacerait petit à petit. Que mes larmes sècheront.
Mais, je ne me faisais pas trop d'illusions.
Et j'avais bien fait.
Je serai tombé de très haut.
Mes yeux s'ouvrirent lentement. Une énorme fatigue pesait sur mes paupières. Elles étaient beaucoup trop lourdes.
Je pris du temps à me souvenir des évènements passés, mais aussi pour faire une mise au point au niveau de mes yeux. Je ne voyais pratiquement rien. Et j'aurais préférés oubliés tous les souvenirs qui me revenaient en tête, certains n'étaient pas beaux. Mais je sentais qu'il y avait encore des choses oubliées. J'avais quelques trous de mémoire.
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ALBA
ParanormaleLa brise du vent, les rayons du soleil sur son pelage. L'odeur de la terre et des fougères. Les bruits des proies aux alentours. C'est le quotidien d'Alba, qui depuis dix hivers, vit dans une forêt sauvage des Pyrénées, sous sa forme de Métamorphe. ...