Merde. Il est là.
Qu'est ce que je fais ? Je baisse les yeux ? Je le regarde ? Merde merde merde.
Se calmer. Inspire, expire. Hhhh... Pfff.... Okay. On est pas encore au lycée. Je marche tranquillement, je fais comme si je l'avais pas vu. Doucement. Il faut que je me trouve un point fixe à regarder, comme si ça m'intéressait. Comme cette boite au lettre par exemple. Aller, je l'observe comme si c'était le plus beau objet que j'aie jamais vu. C'est carré, c'est beau...
Je regarde Antonin juste du coin de l'œil, pour voir s'il m'a vu. Mince, il m'a vu. Il... merde, il vient vers moi. Je peux pas me passionner pour une boite au lettres si longtemps ? Ce serait bizarre. Vite, une idée, une idée, une idééée !
Mais la distance entre Antonin et moi se réduit.
Je peux courir, jusqu'aux grilles du lycée. Je peux faire semblant d'avoir un appel. Je peux... traverser et aller dans la boulangerie d'en face. Merde, mais pourquoi il est là ? Il lui reste deux mètres pour m'atteindre. Des lycéens fument devant les grilles, et regarde Antonin s'approcher de moi.
Est-ce qu'ils m'aideront si ça dégénère ?
– Hey ! Toi ! me crie Antonin.
Trop tard, je peux plus reculer. Trouver une réplique cinglante :
– Tiens, voilà du boudin, lui dis-je.
Merde, qu'est ce qu'il m'a pris de dire ça ! Pourquoi en situation de crise le cerveau n'est-il pas capable de sortir une phrase ayant du sens ! Complète Mick, complète ta phrase ! Je panique :
– Un boudin du nom d'Antonin, ajouté-je.
Je suis définitivement nul. Des fumeurs sourient.
– T'es content de toi ?
Il est maintenant à mon niveau, et je vois ses poings serrés.
– Pourquoi devrais-je être content de moi ? lui demandé-je.
– Grâce à toi, je suis exclu du lycée, et un procès me menace.
Je fais semblant de réfléchir :
– Hmm... Alors oui, je suis content de moi !
Un fumeur éclate de rire, bientôt suivi de ses amis. Pris d'une bouffée d'adrénaline, je passe devant Antonin pour rejoindre le portail, et avant de passer les grilles du lycée, je lui lance :
– Tu m'excuseras, mais contrairement à d'autres, je m'instruis.
– Eh, on a pas fini de discuter ! hurle-t-il.
– TU n'as pas fini d'essayer de ME parler, rectifié-je.
– Sale PD.
– Ouh, c'est vilain ce que tu dis.
Il se met à courir vers moi. Je rentre vite dans le lycée, en montrant rapidement mon carnet au surveillant. A-t-il entendu la conversation ? Je me retourne, et vois Antonin bloqué à l'entrée du portail. Il rage intérieurement. Je le vois.
J'envoie un message à Scott avant d'entrer en cours :
Mick : Antonin est bien viré du lycée, il va peut-être même y avoir un procès contre lui.
Avant de rentrer dans la salle, je remarque que Dean et Jimmy, eux, sont encore dans ma classe. Mince. Mais peut-être que seuls, ils ne me feront rien.
Je m'assieds au fond de la salle, et le cours se passe sans accroc. Tout comme le reste de la journée. Le soir, je rallume mon portable, et Scott m'a répondu : "Bien fait pour ce petit con." Je souris, et je prends mon bus. Je raconte à mon père qu'Antonin risquait d'avoir un procès contre lui, et il me répond que ça l'étonne, car on n'a pas porté plainte contre lui. Donc soit il ment, soit la justice a décidé de prendre ma défense seule.
Au pire je m'en fous, je veux juste qu'Antonin me laisse tranquille.
Et la joie de pouvoir vivre sans avoir Antonin sur le dos m'épuise. Je m'allonge sur mon lit, et j'appelle Scott :
– Allô ?
– Coucou Scott c'est moi !
– Je sais, bêta. J'ai un portable comme toi tu sais ?
– Oui. Je sais.
– Pourquoi tu m'appelles ? dit-il enjoué.
– Ben... Peut-être que tu es libre ce week-end ?
– Peut-être bien... dit-il, avec je crois, un sourire.
– Alors peut-être que tu pourrais venir chez moi. Qu'on fasse plus ample connaissance...
C'est vrai que je ne le connais que depuis un petit mois. Voire moins. Il rit :
– Ahah ! Pas de soucis ! Tu me dis tous les détails et je serais là !
– Woah ! Super.
Je réfléchis donc aux détails. Je crois que mes parents ne seront pas là la nuit du Samedi au Dimanche car ils vont chez une amie mal en point. Mais ils seront là avant et après. Je le dis à Scott qui me répond que ça ne le gêne pas de venir quand ils sont là. Je lui dis alors de me rejoindre Samedi à onze heures, et de prendre un pyjama. On conclut le marché.
- Super, à Samedi, me lance-t-il.
- A Samedi, je t'aime.
- Moi aussi.
Et il raccroche en même temps que moi.
Plus tard, avant de me coucher, j'observe à nouveau mon corps. Je ne mange toujours pas beaucoup, mais je le vois se renforcer. Il est toujours fin, mais mes muscles sont prêts au moindre mouvement. Je me sens bien. Je me retourne, et je vois ma cicatrice de ma chute à ski. Sur l'épaule gauche. Elle est longue, commence au dessus du biceps et longe mon omoplate avant de finir vers le bas du cou. Je sais pas si Scott l'a vu, quand j'ai pleuré dans sa salle de bain, ou quand on a fait l'amour. Mais désormais, il n'y a plus qu'elle qui me rattache à mon malheur passé.
Car maintenant, et j'espère pour le plus longtemps possible, je suis heureux.

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Bim Bam BOUM !
Teen FictionAprès une chute de ski, Mick est triste. Trop triste. Et il est seul. Trop seul. C'est Scott qui va l'aider. [Série Lycée Rimbaud]