C'est fou comme on peut être entouré par des centaines de personnes et se sentir toujours aussi seul. Je croise beaucoup de personnes en une journée, à commencer par le boulanger, pour mon croissant "matinal." Puis il y a le bus, et les gens du bus. Je mange mon croissant assis sur l'un des sièges situés à l'avant, et les gens passent devant moi, me regardent. Ils doivent penser que je suis triste. Ce qui est un peu vrai. Ensuite il y a le lycée. Et les élèves et les profs. Je suis toujours seul. Même en restant dans "la bande." Ce groupe d'amis que j'avais avant... et avec qui je suis resté par habitude. Histoire de se donner une contenance dans la cours de récréation. Ils ne me parlent pas, je ne leur parle pas. Je sais même pas s'ils pensent encore à moi.
En fait, je suis le mec que tout le monde voit, mais que tout le monde oublie.
Une fois, j'étais absent à cause d'une vilaine grippe, et certains profs ne l'ont même pas remarqué. C'est triste quand même.
Mais ça a pas toujours été comme ça. Avant j'étais apprécié. J'étais "le petit inventeur" qui bricolait de petites machines parfois inutiles, souvent rigolotes, toujours jolies. Ça faisait plaisir à tout le monde, et le village pensait que je ferais sa renommée grâce à mes petites inventions. Ils me voyaient déjà breveter mon bazar, et il faut dire que moi aussi, je me voyais briller dans le domaine de la science.
Puis il y a eu ce jour d'hiver. Une sortie à ski avec les parents. Y a eu ce gars qui fonçait tout droit sur cette piste.
Ce bim, ce bam, ce BOUM. Cette douleur.
J'ai été cassé. Les os, la chair, la tête. Et les idées se sont envolées... loin... j'ai plus rien créé. Plus d'envie, plus rien.
Je suis cassé, et je rêve de m'casser loin d'ici
Pour pouvoir me réparer.
De toute façon, si je partais, il n'y aurait que mes parents pour le remarquer. Mais eux, ils ont beau vouloir mon bien, ils ne pourront jamais me réparer.
Jamais.
Je suis une machine dont les créateurs ne peuvent comprendre la mécanique. Je suis le seul inventeur qui pourrait le faire, mais je suis aussi la machine à réparer. Et tant que je suis abîmé, je ne le pourrais pas.
Une boucle sans fin, et il faudrait un élément perturbateur pour la briser.
Et pour enfin réparer cette machine nommée Mick.

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Bim Bam BOUM !
Novela JuvenilAprès une chute de ski, Mick est triste. Trop triste. Et il est seul. Trop seul. C'est Scott qui va l'aider. [Série Lycée Rimbaud]