Aujourd'hui, il y a Scott chez moi. On sait pas quoi faire, et vu que c'est le week-end Pâques, on a caché des œufs en chocolat un peu partout dans ma maison.
Scott doit chercher les jaunes et les verts, moi les rouges et les bleus. On a autorisé toute la maison, y compris le jardin pour y camoufler les œufs.
Je suis mort de rire quand je découvre qu'il en a mis un dans mon placard à caleçon, et lui quand il remarque que j'en ai fourré un dans le trou de la guitare de mon père.
On s'amuse beaucoup. Puis, quand on a fini, on en déguste quelques uns dans la cuisine :
– Va falloir ranger, dis-je.
– Ouais... La flemme.
Il croque un œuf en deux, et observe l'intérieur.
Je me lève et commence à me diriger vers les tiroirs à couverts dévastés par nos mains chercheuses. J'arrange les cuillères, et Scott me rejoint pour ranger les verres dans le placard :
– Dis, Mick... Je peux te poser une question qui fâche ?
– Oh... Scott, on s'amusait bien là !
– Je veux juste savoir... On est ensemble depuis un moment maintenant ("enfin, seulement trois mois" pensé-je dans ma tête) et tu ne m'as toujours pas dit... comment tu es tombé dans le coma ? Enfin... Je veux dire... Ta chute à ski, elle s'est passée comment ?
Étrange comme question. Je m'attendais à pire. Je lui souris, pour lui montrer que ça ne me gêne pas de répondre. C'est vraiment du passé maintenant.
– Eh bien... Ça s'est passé vite, et je m'en souviens assez peu... Mais en gros, j'attendais mon père sur la piste. Il était entièrement habillé de noir, alors facilement repérable sur la neige blanche. Et puis, un autre gars, habillé lui aussi tout en noir, est arrivé hyper vite. Je croyais que c'était mon père, je ne me suis pas méfié.
Scott devient blême : il sait déjà ce qui va suivre. La chute. Je continue donc :
– Il m'est rentré dedans.
Je serre fort la petite cuillère que je tiens dans la main. Scott ne dit pas un mot, et attend la suite :
– Je suis tombé en hors piste.
Les sons résonnent en moi pendant que je les raconte :
– Bim, le skieur me percute et je sors des pistes, Bam, je me prends un rocher dans le bras, et je garderai une cicatrice sur l'épaule toute ma vie, BOUM, je tombe d'un haut surplomb, et la chute m'assomme sur le coup. Le skieur en noir me laisse où je suis, et mon père me retrouve bien plus tard, avec l'aide de pisteurs. Je suis dans un sale état, mais je suis vivant.
Le récit fini, Scott cligne des yeux, et hoche la tête :
– D'accord, dit-il.
Il ne sait certainement pas quoi dire d'autre. Puis on continue de ranger, dans un silence pesant. Je n'arrête pas de repenser à ma chute, et je pense que Scott s'imagine la scène en boucle.
La cuisine est désormais toute propre, mais il reste encore ma chambre, le bureau de mon père (qui contrairement à d'autres bureaux est totalement libre d'accès), le salon et la salle de bain. On continue donc de tout ranger.
Une fois la salle de bain et le salon rangé, on continue avec le bureau de mon père, Scott me dit :
– Décidément, c'est plus facile de déranger que d'ordonner.
– Je te le fais pas dire ! lancé-je en souriant.
Il y a tellement de poussière ici, qu'on voit bien que mon père n'y met jamais les pieds. Ni même ma mère ou moi.

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Bim Bam BOUM !
Teen FictionAprès une chute de ski, Mick est triste. Trop triste. Et il est seul. Trop seul. C'est Scott qui va l'aider. [Série Lycée Rimbaud]