Bim Bam BOUM !

14. Crise

Biiiiip...

Biiiiip...

Biiiiip...

Scott décroche :

– Allô ? Mick ? Ça va ?

– Scott ! Je dois te voir !

– T'as vu l'heure qu'il est ? T'es où ?

Il est 23h et des poussières. Je suis dehors. Mais je ne lui dis pas.

– Scott ! Je veux te voir !

– Eh ! Eh... Mick... Doucement. Calme toi. Tu fais quoi ?

Je suis dehors, dans le noir. J'ai froid. Je sais pas où j'ai mis ma veste. Je sais plus ce que je fiche dehors.

– Je crois... Je crois que j'ai... paniqué. Je suis perdu.

"Perdu" répété-je pour moi-même.

– Mick... Dis moi où tu es. Je suis en ville. Chez une amie de mon père. Je peux peut-être te rejoindre.

– NON ! Non non non... Il n'y a pas de peut-être. Tu viens. Point.

Je laisse un silence, puis j'ajoute :

– S'il te plait. Viens.

Comment je suis arrivé dehors, moi déjà ? J'étais chez le psy... Et puis ?

– Euh... ça va être compliqué si tu ne me dis pas où tu es ! Tu es où ? Chez toi ?

– Dehors ! Je suis dehors. Et il y a un arbre.

– Merde Mick ! Mais qu'est-ce que tu racontes ?

– Non ! Ne crie pas. Ne crie pas...

Un double appel. Mes parents. Je ne leur réponds pas et reste avec Scott.

– Je suis désolé, Mick. Désolé. Je... je ne crie plus, OK ?

Cet arbre m'énerve. Je le frappe, et fais demi-tour. Oh ! Il fait carrément nuit. Ma lampe torche m'est fort utile !

Ma lampe torche ? Mais qu'est-ce que j'ai fichu ? Pourquoi je l'ai avec moi ?

En l'allumant, je vois des dizaine d'arbres autour de moi. Je me sens soudain totalement enfermé. Encerclé. Bloqué.

Scott parle dans le téléphone. Je n'écoute plus. Je marche tout droit, et rejoins une route. J'essaie de me repérer. Je m'assieds par terre, et je reprends le téléphone.

– Scott ? dis-je.

– Oui ?

Il semble paniqué.

– Je suis sur la route départementale. Par terre. A côté de la petite forêt.

Je me souviens plus de comment je suis arrivé ici. L'endroit où je suis est au moins à une heure à pied de chez moi. Zut.

Encore un double appel. Je ne réponds pas. Scott doit être le premier à me voir.

– Okay. Je vois où tu es Mick. Je pars de chez l'amie de mon père. Je te rejoins dans environ vingt minutes. Je t'envoie un SMS toutes les cinq minutes. Tu réponds. Okay ? Tu me dis ce que tu veux, mais tu me réponds. Compris ?

– Oui.

Je me sens beaucoup mieux. Mes idées se remettent un peu en place.

– Je vais raccrocher.

J'entends dans le téléphone qu'il est en mouvement.

– D'accord.

Il raccroche.

Un hibou hulule. Une voiture passe et ne me voit pas. Je me sens vivant. Je sais pas pourquoi. Mais c'est chouette.

Mon téléphone vibre.

Scott : J'arrive dans dix minutes, j'ai trouvé un vélo.

Mick : Dakk.

J'imite le bruit du hibou. J'ai froid. Le nez qui coule. Des frissons. Est-ce que le fait d'avoir froid me permet de me sentir vivant ? Je regarde autour de moi. La route se prolonge loin entre les arbres. Une route parfaite pour se cacher.

Un appel. Mon téléphone est à 43 pourcents de batterie. Je décroche.

– Mick ! Qu'est-ce que tu fiches ? Tu es où ?

– Maman. Je suis avec Scott. Enfin bientôt.

– Mais enfin ! Qu'est-ce que tu racontes ? À cette heure ? Dis moi où tu es !?

J'entends le bruit d'un vélo. Déjà ? Il avait dit dans dix minutes.

Je plisse les yeux. C'est bien Scott.

– Je raccroche Maman. Scott est arrivé.

- Mick ? NON MICK !

– T'inquiètes Maman, je vais bien. Je reviens... demain ? Ou ce soir.

– Mick ! Miiick !!!

Bip. Bip. Bip.

Je fais de grands coucous à Scott. Il me voit, et me rejoint.

Je me jette à son cou. L'embrasse. Et on tombe ensemble par terre. On reste enlacés un moment. Il ne dit rien. Moi non plus. J'ai froid. Puis il se relève et m'indique de monter à l'arrière de son vélo. Je grimpe.

– On va où ? Je lui demande.

– Loin.

Et je ris.