5. La semaine

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J'ai passé mon dimanche à discuter avec Scott par message. Il est vraiment super sympa.

Mais la dure loi du lycée m'a rattrapée, en ce début de semaine. Qui dit lundi matin, dit lycée. Et qui dit lycée dit horreur pour moi. Je reste vaguement avec la "bande." Ils savent que je suis là, mais ils ne cherchent pas à me parler ou quoi que ce soit. Je sais pas si je préfèrerais qu'ils ne m'ignorent pas, ou si je suis content qu'ils me laissent tranquille.

S'ensuivent les cours, les profs, le self, les cours et les profs. Je ne pense qu'à une chose : pouvoir rallumer mon portable et discuter à nouveau avec Scott.

Je prends le bus. Il est 18h. C'est à dire l'heure où le bus est bondé. Seulement, je n'aime pas la foule. Et puis il fait chaud. Ou tout du moins, j'ai chaud. Et puis j'attends et je me perds dans mes pensées. Je repense à samedi.

Le matin j'étais triste. Je me disais que j'allais bientôt partir. Fuguer. Loin. Seul. Puis il y a eu le repas. Et Scott. Mais maintenant, je n'ai plus envie de partir. Car je sais que si je pars, je ne pourrais plus parler avec Scott. Je pense que c'est la chose la plus triste qu'il pourrait m'arriver, maintenant. Comment ai-je pu passer en si peu de temps d'une envie de voyages solitaires, à une envie de rester ici avec mon seul ami ? Et lui, me considère-t-il comme un ami ? Ou bien suis-je juste une connaissance ? Après tout, j'ai été froid, distant, et on a très peu parlé de vive voix, finalement. L'essentiel de la conversation s'est fait par SMS. C'est triste, non ?

Le bus arrive à mon arrêt. Je descends et j'allume enfin mon téléphone. Je n'aime pas le faire dans le bus, de peur qu'on me le vole. Je marche en attendant que mon portable daigne être utile.

Code PIN. C'est bon.

Je vois que personne n'est à la maison car il n'y a pas de voiture dans la cour, je serai donc seul un instant.

Mon portable vibre.

"Salut ! Tu vas bien ?" Affiche-t-il.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Je me demande s'il l'a envoyé ce matin ou cet après-midi. Je lui réponds que je vais bien. Mais j'ajoute que je hais le lycée. Lui est déscolarisé. Il a cours chez lui, car il habite trop loin d'un quelconque lycée et ne veut pas aller en internat. J'ai appris ça hier au cour de la conversation SMSiennne.

Il me répond que lui ne peut pas connaître ça, et je lui dis qu'il a bien de la chance.

Puis on discute.

Sans m'en rendre compte, je me suis arrêté devant la porte de chez moi. Vu que je tiens mon portable d'une main, et qu'il m'en faut deux pour prendre les clés de la maison dans mon sac, je me suis stoppé net et continuais de tapoter sur mon écran.

C'est quand je me suis rendu compte que j'avais froid que je suis rentré.

C'est fou comme une personne peut nous rendre accro à un objet. La douche a été un supplice, dire bonjour à mes parents qui rentrent aussi, et je vous raconte pas le calvaire du dîner.

J'ai parlé avec lui toute la soirée. Puis toutes les suivantes. Et parfois même, j'allumais mon téléphone au self, voire dans le bus !

Vendredi soir, quand il me propose de se revoir le lendemain, mon cœur fait un bond.

Je lui demande où, quand, comment. Il me répond chez lui, à 10h et qu'il ne sait pas quoi dire pour le comment.

Je suis euphorique et j'attends demain avec impatience. Mon père est d'accord pour m'emmener, trop heureux que je me sois lié d'amitié avec le fils de son ami.

Dans ma tête, avant de m'endormir, tourne en boucle son prénom. Scott Scott Scott... Mais pour autant, je ne rêve pas de lui.

Bim Bam BOUM !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant