17. Marie

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Marie est une fille blonde avec des dreadlocks et des perles dans les cheveux. Elle a toujours un grand sourire, et une veste trop grande pour elle. D'ailleurs elle a du mal à passer les vitesses de sa voiture parce que sa manche lui tombe sur la main quand elle veut bouger le levier de vitesse. C'est assez marrant parce qu'on a peur à chaque rond-point et intersection.

Je comprends pourquoi Scott avait dit au téléphone "Non, je ne te fais pas confiance."

Marie, elle connait Scott depuis ses sept ans. Ils faisaient partie d'un groupe d'enfants déscolarisés. Un groupe créé par des parents qui avaient peur que leur enfant n'ait pas de vie sociale en n'allant pas à l'école. En fait Scott a beaucoup d'amis qui viennent de ce groupe. Enfin, il en a quatre. Deux filles et deux garçons parce que sinon ce n'est pas drôle.

Scott et moi avions décidé d'aller à l'arrière pour pouvoir rester encore un peu l'un contre l'autre. Du coup, quand Marie nous parle, elle lance des regards dans le rétro, et manque trois fois sur quatre de se prendre le trottoir. 

Pendant notre petit trajet d'une demie heure, Marie nous pose des questions plus ou moins logiques :

– Donc, tu t'appelles Mick ?

– Oui...

– Et Scott est ton petit ami ?

– Ben oui.

– Vous vous êtes rencontrés comment ?

– Ben... mon père et son père sont amis, répond Scott, me voyant gêné.

– Cool ! Moi c'est Marie, célibataire depuis trois mois, enchantée.

Je souris.

– Ça va pas durer longtemps, la connaissant ! Me glisse Scott à l'oreille.

– Je t'ai entendu, Scott ! Et dis moi Mick, tu écoutes quoi comme musique ?

Je n'ai pas l'habitude qu'on s'intéresse à moi si longtemps.

– Euh... En ce moment j'aime beaucoup Ed Sheeran.

Je n'ose pas demander : "Et toi ?" Mais elle y répond d'elle même.

– Ed Sheeran ? Pfff... mouais, ça peut aller, mais ça reste de la musique commerciale. Moi j'écoute du reggae principalement, mais aussi plein de petits groupes indés. Tu connais les...

– Non il ne connaît pas. Répond Scott.

– Oh. C'est dommage, dit-elle sans grande conviction.

Je regarde Scott avec un regard plein d'incompréhension. Il articule "je te dirai après."

– Et sinon, tu manges quoi ?

– Pardon ?

– Ton péché mignon, c'est quoi ?

– Ben... rien... enfin, j'en sais rien. Je mange pas beaucoup...

– Ah bon. Moi j'adore le paprika.

– Oh. Okay.

Je détourne le regard pour voir où on en est du trajet. Scott passe sa main derrière mon cou, sur mes épaules. Ce contact me relaxe. J'aimerais que notre voiture passe dans un monde parallèle, où le temps s'arrête dans le monde réel, mais continue dans le nouvel univers. Je pourrais vivre joyeusement. Amoureusement. Nonchalamment. Et plein d'autres trucs en "-ment." Mais ça n'arrive pas, et je vois mon village s'approcher, ma rue s'avancer, et ma maison se distinguer. Et toute la tristesse du monde s'abat sur moi.

Je ne veux pas y retourner.
Laisser moi juste m'amuser :
Et puis je voudrais oublier,
Que cette vie me fait pleurer.

On ouvre les portières. Mes parents ouvrent la porte. Ma mère se précipite sur moi : "Mick !"

Elle me sert dans ses bras. A-t-elle eu peur pour moi ? Et mon père, qu'a-t-il pensé de cette escapade ?

Marie salue poliment mes parents. Scott dit bonjour avec un grand sourire à mon père qui lui lance un regard bizarre. Comme s'il était content, en colère et reconnaissant à la fois.

On rentre. Mes parents me posent plein de questions. Je leur dis juste que je voulais être seul, mais que Scott m'a rejoint. Et qu'on a pas vu le temps passer, et que du coup on a dormi à l'hôtel. Presque tout est faux, mais ils y croient. Et comme je n'ai pas raté de cours, ils ne me grondent pas plus que ça. Ils invitent même Marie et Scott à rester déjeuner.

On mange donc des pâtes ensemble. Et c'est cool.

Quand même, ils sont chouettes les gens, lorsqu'ils me parlent.

Bim Bam BOUM !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant