La semaine qui suivit fut marquée par une sorte de léthargie venant de moi; celle-ci était elle-même causée par une douleur apaisée. Douleur car ma tardive révélation faisait toujours aussi mal mais apaisée car Jace ne s'était pas pointé en cours de la semaine. Depuis le début de l'année, ça avait été la semaine la plus calme de cette année. Mais terriblement ennuyante. Je devais bien me l'avouer: Jace mettait du piment dans ma vie. Sauf que je ne voulais pas le voir, j'étais toujours très en colère.
Oui, en colère et non pas blessée, le coeur en miette. Aucun rapport.
Un bonbon apparut devant moi tendu par la main d'Alice. Je relevai la tête de mon cahier, surprise. Depuis une semaine, Alice nageait dans le bonheur même si Thomas venait noircir le tableau. Elle nageait tellement dans le bonheur que je n'avais pas voulu la prévenir de notre petite dispute à Jace et moi alors que d'une certaine façon, c'était de sa faute. Mais c'était sans doute mesquin de ma part de dire ça.
-Qu'est-ce que t'as? intervint-elle.
Ma meilleure amie n'était pas stupide, elle avait très bien compris qu'il y avait un problème.
-On dirait toi en début d'année.
Je me figeai net devant sa remarque mais en même temps... elle n'avait pas tord. Je ressemblait à la pauvre fille déprimée qui n'avait que le mot « désespérant » en tête. Putain, il fait chier! Pourquoi étais-je devenue autant accro à lui? Et pourquoi était-il obligé de me fuir?
-N'importe quoi, mentis-je. Je suis simplement fatiguée, ne t'inquiète pas.
Elle me lança un regard méfiant auquel je répondis en avalant son bonbon d'un coup, manquant de m'étouffer. Ce fut à ce moment que la sonnerie retentit et que le visage de mon ami reprit son sourire; elle savait pertinemment qu'elle allait revoir son chéri. Être coincée entre ces deux-là à longueur de journée me donnait des boutons. Bon d'accord, c'est un énorme mensonge, j'étais simplement jalouse.
Libertà se planta devant notre table et commença une discussion animée avec Alice. J'étais à chaque fois étonnée de voir la complicité entre ces deux-là. Et encore une fois, j'étais jalouse: Jace passait la moitié de son temps à me faire chier pendant que l'autre moitié était employée à nos engueulades.
-Merde! J'ai oublié de rendre mon devoir à la prof d'anglais! Je reviens!
Deux secondes plus tard, le bureau d'Alice se trouva déserté et Libertà fut désemparé. Très drôle à voir. Mon amie savait nous surprendre.
-Je peux savoir ce qui t'arrive? me demanda Libertà en sortant de la classe à mes côtés.
-Tu ne vas pas t'y mettre! Tout va bien: je suis simplement fatiguée.
-Fatiguée, hein? C'est bizarre, Jace n'est pas venu en cours depuis que tu es « fatiguée ».
Grillée. Je soupirai longuement, consciente que mentir ne m'amènerait à rien. Et puis, Libertà pouvait peut-être m'aider?
-Nous nous sommes disputés. Je crois qu'il m'en veut toujours.
-Tu penses qu'il n'est pas venu en cours parce qu'il t'en veut?
Il avait l'air sceptique et je ne comprenais pas pourquoi. C'était logique non? Voyant mon air consterné, il m'offrit plus ou moins une réponse.
-Il n'y a que les filles pour rester enfermée chez elle lorsqu'elles en veulent à quelqu'un... Les mecs vont plutôt aller défoncer la gueule de celui qui les fait chier. Quoique, dans ton cas, il ne ferait sûrement pas ça.
-C'est un peu stéréotypé, non?
Son explication me semblait invraisemblable. Tout le monde avait le droit de rester plaqué chez lui. La tristesse ne fait pas de discrimination. Libertà haussa les épaules en réponse mais n'ajouta rien car notre chère tornade blanche déboulait entre nous.
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Coeur Fragile
RomanceDepuis un mystérieux accident, les élèves du lycée Seika ont vu Zoé LeCombe changer du tout au tout. Elle qui était fêtarde, toujours en quête de sensation forte est devenue ennuyeuse, fade. Comme si elle ne vivait plus... A la rentrée, certains évé...