Zoé:
Je débarque en furie à l'hôpital quinze minutes plus tard, totalement paniquée. Et s'il lui était arrivé quelque chose pendant mon trajet? Je saute sur la première personne en blouse blanche que je rencontre pour lui demander mon chemin. Le jeune homme a l'air totalement paniqué et ne semble pas comprendre ce que je lui demande; il me répond en bafouillant. Heureusement pour lui, une femme âgée vient lui porter secours et m'indique la chambre où séjourner Sébastien. Je prend connaissance de la situation en quelques secondes: il a été admis pour quelques jours car les médecins souhaitent lui faire passer d'autres tests. Ces informations m'apaisent quelque peu même si je sais que je ne serai jamais sereine avant de l'avoir vu.
L'ascenseur étant occupé, je me dirige vers les escaliers que je gravis au pas de course. Je croise quelques malades sur les marches blanches mais rien ne ralentis ma course. Arrivée au bon étage, je pénètre dans un couloir bleu ciel dont les néons m'aveuglent. Transpirante et essoufflée, je finis par débarquer dans la chambre de Sébastien.
Je remarque très vite que deux autres patients se trouvent dans la chambre ainsi que Livia et Laura, les yeux rougis par des pleurs sans doute. Les trois lits en métal sont séparés par des rideaux bleus, eux aussi, et une unique fenêtre éclaire la pièce. Des fleurs sont déposées sur la table de chevet d'un des deux patients alors que l'autre lit un livre tranquillement.
Un je-ne-sais-quoi dans mon entrée amène un sourire sur les lèvres de mes trois amis. Sébastien lâche même un rire. Les sourcils froncée d'exaspération et d'inquiétude, je me rapproche à grand pas du lit de mon ami. Il a bonne mine malgré l'affreuse blouse d'hôpital qu'on lui a enfilé. Je dépense mes sacs à côté de son lit avant de me planter devant lui.
-Je peux savoir ce qui vous fait rire?
-Toi. Tu ressemblais à une furie.
-Eh bien, c'est exactement ce que je suis. Tu vas bien? enchainé-je.
Il m'offre un sourire rassurant et hoche la tête.
-Ma santé n'est pas menacée maintenant. C'est plutôt dans trente ans qu'il faudra se méfier. Enfin, si ça reste stable, j'en ai encore pour longtemps!
Finalement rassurée par ses paroles, je finis par m'assoir et prendre une chaise avec eux pour discuter. Seulement quelques minutes plus tard, mon téléphone sonne pour la seconde fois de la journée. Un peu anxieuse après tout ça, je vérifie, cette fois, le nom de l'appelant. C'est Jace. Une pointe de bonheur perce ma bulle d'anxiété et je sors de la chambre pour répondre.
-Salut!
Ma voix est beaucoup trop joyeuse pour un tel lieu mais je ne peux m'en empêcher.
-Salut! Je viens de finir là, et je me suis dis qu'on pourrait passer la soirée ensemble et se commander un truc à manger?
Je souris, attendrie qu'il ait pensé à moi avant que ma situation actuelle se rappelle à moi.
-J'aurais été ravie mais je suis à l'hôpital et...
-À l'hôpital? Et tu me le dis comme ça? Lequel? s'écrit-il, une pointe de... terreur -?- dans la voix.
-Au CHU mais...
-J'arrive. Je suis là dans dix minutes.
Et tout aussi abruptement, il coupe la conversation. Hébétée, je fixe mon téléphone.
Je crois qu'il a mal saisi la situation.
Jace:
Plus tôt dans la matinée, j'ouvre en grand la porte de l'atelier de Jon avant de me figer. Mes yeux mettent quelques secondes à s'habituer au noir avant de saisir la scène qui se joue devant mes yeux. Jon est plaqué contre un mur, le tee-shirt a moitié relevé et plaqué contre lui se tient un de nos jeunes mannequins, le corps baissé vers le visage de Jon. Je crois que je viens d'interrompre quelque chose là.
Le jeune homme me lance un regard enragé, oubliant apparemment que je suis son patron, avant de sortir en fureur de la pièce. J'ignore si c'est moi ou Jon qui l'a mis en colère mais c'était peut-être un peu exagéré. Je fixe mon ami d'un air hébété, attendant une explication.
-Me regarde pas comme ça, ce gars essaye de me violer depuis des semaines.
-T'es gay, Jon?
-Absolument pas, je te dis que c'est lui!
-Hum...
Je ne suis pas vraiment convaincu et Jon doit le voir car il se renfermer, replace son tee-shirt dans son pantalon et retourne s'assoir derrière son bureau.
-Et donc, tu voulais quoi?
Je suppose que cette histoire attendra alors.
***
Je finis ma journée de travail assez tôt contrairement à d'habitude; ça signifie que le défilé avance et j'en suis assez content. Surtout si ça me permet de passer plus de temps avec Zoé. Un sourire aux lèvres, je sors mon téléphone et compose son numéro. Elle décroche rapidement:
-Salut!
Elle a l'air joyeuse et mon sourire ne peut s'empêcher de s'agrandir.
-Salut! Je viens de finir là, et je me suis dis qu'on pourrait passer la soirée ensemble et se commander un truc à manger?
Dis oui, s'il-te-plait. Malheureusement, c'est tout sauf la réponse que j'attendais qu'elle me donne.
-J'aurais été ravie mais je suis à l'hôpital et...
Mon corps se glace. Pourquoi le dit-elle sur un ton si calme? En un instant, mes peurs refont surface et je me revois à son chevet alors qu'elle était affaiblie par une crise cardiaque. Que j'avais moi-même causé.
-À l'hôpital? Et tu me le dis comme ça? Lequel? m'écrié-je.
-Au CHU mais...
-J'arrive. Je suis là dans dix minutes.
Je raccroche sans plus de formalité et monte dans ma voiture. Je m'insère dans la circulation abruptement et roule rapidement jusqu'à l'hôpital. J'y suis en onze minutes malheureusement. Je mets deux minutes de plus pour trouver une place avant de me précipiter dans le hall d'entrée comme un fou. Personne ne fait attention à moi, sûrement par habitude. Je me dirige alors vers le guichet d'accueil où deux personnes avant moi font la queue.
J'attend cinq minute de plus avant que ce ne soit mon tour.
-Bonjour, je souhaite savoir dans quelle chambre loge Zoé Lecombe.
La réceptionniste me laisse deux secondes pour regarder sur son écran avant de reposer les yeux sur moi.
-Désolée mais il ne semble pas y avoir de Zoé Lecombe admise en chambre, ici.
L'incompréhension me gagne et je claque de la langue, légèrement énervé.
-Vous êtes sûre? Pouvez-vous recommencer?
-Ecoutez, monsieur...
-Jace! m'interpelle une voix.
Je me retourne le coeur battant en reconnaissant celle de Zoé. Une rapide inspection m'apprend qu'elle ne semble rien avoir de grave et je souffle, soulagé, avant de la rejoindre pour l'étreindre de toute mes forces.
-Tu m'as fait peur, je souffle contre ses cheveux.
Un petit rire lui échappe malgré la situation.
-Si tu m'avait laissé le temps de terminer, j'aurai pu t'expliquer que c'est un ami à moi qui est hospitalisé mais pas moi.
Tout s'explique. Je suis soulagé d'apprendre que ce n'est pas elle qui est malade même si la situation la touche quand même. Je relève sa tête pour déposer un léger baiser sur ses lèvres pour me rassurer. On finit par se séparer quelques secondes plus tard.
-Au fait, ajoute-t-elle, je suis désolée mais je ne peux pas passer la soirée avec toi. Je veux rester auprès de Sebastien.
Je hausse les épaules.
-Pas de problème, je reste aussi. Je peux toujours commander à manger pour tous.
-Tu vas te faire chier... Mais je suis contente que tu reste, sourit-elle.
Ouais, moi aussi je suis content de rester.
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Coeur Fragile
RomanceDepuis un mystérieux accident, les élèves du lycée Seika ont vu Zoé LeCombe changer du tout au tout. Elle qui était fêtarde, toujours en quête de sensation forte est devenue ennuyeuse, fade. Comme si elle ne vivait plus... A la rentrée, certains évé...