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Sous le coup de la surprise, je ne bouge pas pendant deux secondes, mais un réflexe me fait porter mon autre main à mon cou

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Sous le coup de la surprise, je ne bouge pas pendant deux secondes, mais un réflexe me fait porter mon autre main à mon cou.
La main se serre, je perds mon souffle, et réussis quand même à la maintenir fermement au niveau du poignet, si fort que la main desserre son emprise, sans pour autant lâcher mon cou. J'essaie de bouger la main gauche, d'en prendre le contrôle et de la faire arracher de mon cou, mais je n'y arrive pas.

- Ellie, pensais-je, arrête, si tu me tue, tu te tue aussi...

La main se resserre un peu. L'air manque, je pousse des gémissements incontrôlés, mes yeux se mettent à pleurer sans que je ne le veuille.
Je manque de m'étouffer plus d'une fois, j'essaie de me redresser mais je n'y arrive pas.

Et je hurle dans ma tête :

- Ellie, STOP !

Dans un mouvement brusque, j'arrache la main de mon cou, et reprends, haletante, ma respiration tant bien que mal.
L'air est si frais qu'il brûle ma gorge irritée par la pression de la main.
Je me retourne sur le ventre en bloquant mon bras gauche sous mon abdomen, et tient fermement la main.
Je regarde autour de moi, ne sachant quoi faire, et réalise ce qu'il ce passe réellement.
Elle reprend contrôle de son corps.

- pourquoi tu as fait ça ? Pensais-je

- parce que tu n'es pas sensée être ici.

Mon sang se glace, elle a tellement de haine dans sa voix, moi qui pensais qu'on s'entendait plutôt bien puisqu'on s'entraidait, je suis tellement naïve.
Je me lève et pars à la salle de bain, où je trouve exactement ce que je cherchais : un bandage dans le placard sous le lavabo.
Je l'attache solidement et l'enroule autour de la main en serrant le plus possible. «essaie de bouger maintenant, essaie.» le bandage est tellement serré qu'aucune de nous ne pourra bouger la main.
J'aperçois une faille sur le miroir, ça fera bien l'affaire, je n'ai qu'à dire que je me suis coupée avec pour justifier le bandage.

- tu sais pourquoi tu dois faire ça ? Surgit à nouveau la voix d'Ellie dans ma tête, parce que je reprends mon corps, et bientôt je t'en éjecterais. Ne compte plus sur moi.

- je n'ai plus besoin de toi, j'ai appris un maximum de chose pour réussir à être toi, répondis-je en tirant un dernière fois d'un coup sec sur le bandage qui me coupe la circulation. Je grimace, ça me fais mal pour qu'elle ne puisse pas bouger, c'est injuste.

- je te déteste. Tu ne me déteste pas ?

- je ne l'ai jamais dit, mais c'est difficile d'apprécier quelqu'un qui essaie de vous étrangler.

- c'est difficile d'apprécier quelqu'un qui nous vole notre corps. Répond-elle sèchement.

Je ne répond pas, et retourne me coucher, non sans craindre un minimum qu'elle reprenne le contrôle de tout son corps.
Même couchée, je n'ai pratiquement pas dormis, j'étais effrayée à l'idée qu'elle puisse reprendre son corps, qu'est ce que je deviendrais ? Je me sentais aussi trahie, parce que j'avais confiance en elle. Et elle ne c'étant pas montrée si méchante au début, elle était sur le coup de la surprise, alors évidement qu'elle n'était pas violente sur le coup.

*

- Tu penses vraiment un truc pareil ? Fit Mike

Je claque la porte de mon casier, mon livre d'Allemand en main. Je touche mon cou, vérifie du bout des doigts si le fond de teint qui cache les marques bleutés et violacés des doigts d'Ellie ne s'enlève pas.

- absolument, pourquoi on ne pourrait pas avoir deux âmes dans un seul corps ?

Je ne sais pas comment nous sommes arrivés à une telle conversation, mais je parle en connaissance de cause sans qu'il ne le sache.

- j'allais dire que c'est absurde, mais finalement non. Il rit, et je ris à sa suite.

- eh bien, dans le corps d'une femme enceinte il y a bien deux âmes.

Il secoue la tête.

- dans le corps d'une femme enceinte il y a aussi le corps du fœtus, donc c'est une exception.

Je souris et regarde autour de moi, nous sommes seuls au milieu des autres élèves, j'ignore où est passée Jenna.

- bon, il faut que j'y aille, je secoue mon livre d'allemand devant son nez, j'ai cours.

- d'accord, salut Ellie-mini, il dit avant de tourner les talons.

Je me demande pourquoi ils m'appellent tous comme ça alors que seul Craig est beaucoup plus grand que moi. Je tourne à mon tour les talons et pars à travers les couloirs jusqu'à dans ma salle. Je retrouve Jenna, et bien qu'elle me parle tout le long du cours d'à quel point la soirée de Taylor sera extra-ordinaire, j'essaie quand même de m'accrocher, c'est le seul cours où je ne m'ennuie pas, pour raison, la seule langue de Nova est l'anglais, alors pour une fois, j'écoute en cours.

J'ai bien des cours sur Nova, mais seul ceux qui le veulent y vont. Il y a des cours variés, je vais dans les études humaines, parce que c'est quelque chose de tellement mystérieux et peu connu. Ce qu'on y apprend est passionnant, méthode de vie, langues, politique, religions. Les cours n'ont jamais été une obligation, il arrive que ne ni aille pas, et je suppose que c'est à ce moment qu'ils avaient parlés des toilettes, qui restent encore un grand mystère pour moi aujourd'hui.
La religion est quelque chose d'inconnu sur Nova, nous ne croyons qu'en le savoir, croire en un "Dieu" qui ne c'est jamais montré ou que par l'intermédiaire de "prophète" est bien trop simple pour y croire pour quelqu'un de Nova. Bien que le cours sur la religions avait été passionnant.
Un jour peut-être, c'est moi qui enseignerais ce que j'ai vu. Mais l'humanité est bien plus belle de loin.

En rentrant chez moi, je fais des recherches sur le gouvernement. Je découvre qu'il existe bel et bien cette zone 51, et je vois même où elle se trouve. C'est pour ça que je suis à cet endroit de la Terre. En effet, Carson City est ridiculement proche de cette zone.
Je réalise que je sais très peu de chose à propos de ma mission, pourquoi j'étais ici en particulier, pourquoi ne pas avoir directement volée le corps du père d'Ellie, pourquoi je dois quand même me faire passer pour humaine en allant en cours.
La zone est tellement grande, tellement vaste et hostile, que rien qu'avec les yeux je m'y perds.
Il me faut un moyen d'y entrer.
Des fourmillements se font encore sentir dans mes doigts de la main gauche, et sur mon coude. Je sais ce que ça veut dire, Ellie est en train de gagner la partie. Mais pour l'instant, elle n'a toujours rien dit depuis cette nuit là, comme un animal chassant sa proie en silence, mais grondant de colère.

Je regarde l'écran de mon ordinateur, la Zone 51. J'ai besoin de tout mon corps. Je ne peux pas y arriver sans elle.

InhumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant