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La pièce est si sombre que j'en viens à me demander si mes yeux sont bien ouverts

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La pièce est si sombre que j'en viens à me demander si mes yeux sont bien ouverts. Seule la raie de lumière provenant de sous la porte se reflète sur le sol trempé. Mes pieds touchent l'eau qui remplit la pièce sur au moins cinq centimètres.

Je respire très vite, trop vite. Mes liens métalliques me glacent la peau, et je suis effrayée.

"Ellie, je suis désolée...

Elle ne me répond pas, et c'est compréhensible. Elle m'en veut terriblement.

Il y eut un bruit étouffé, comme un bourdonnement, puis quelques minuscules éclats sonores.

Tout à coup, sans que je ne puisse m'en rendre compte, je criais à pleins poumons.
Une intense brûlure parcourait tout mon corps, le faisait tressaillir de tremblement, l'impression que des milliards d'insectes me mordent la peau.

C'est comme si un feu s'étalait sur mon corps, je visualise déjà les flammes bleutées. L'espace d'un instant, j'ai réellement l'impression d'être frappée par la foudre.

Je hurle de douleur, des cris épouvantables sortent de ma bouche, si effrayant que j'en ai moi-même peur.
Je crispe les yeux si fort que j'ai l'impression que mes globes oculaires vont imploser. Mon visage tendu semble se déchirer par la douleur.

C'était une torture, tout simplement. Un supplice insoutenable. Imaginez vos organes tressaillir, imaginez votre peau brûler à tel point que vous redoutez de la voir noircir à tout moment.

La brûlure s'intensifie, je sens mon cœur me faire horriblement mal. Et tout s'arrête.

Je reprends soudainement ma respiration, en réalisant que j'avais crié sans penser à respirer. Je ne pensais à rien d'autre que la douleur, mais maintenant mon cerveau semblait retrouver ses fonctions.
Électrique. C'était une électrocution. Voilà pourquoi le sol est baigné d'eau, pourquoi mes liens sont métalliques. Mais pourquoi font-ils ça ?

Des larmes de douleurs peinent à traverser mon visage crispé de peur et de souffrance.

Je n'entends que ma respiration, en plus étouffé. J'ai l'impression que mes cris m'ont rendue pratiquement sourde.

Soudainement, une deuxième vague arrive, plus forte que la première, la brûlure semble extirper mes organes de mon corps. Mes cris me brûlent la gorge, mes poumons semble être réduit à la taille d'une épingle.

Je me cambre sur ma chaise, tire sur mes liens de toutes mes forces à m'en entailler les poignets. J'ai l'horrible impression que je suis en train de mourir, je n'ai jamais ressenti une telle douleur. C'est tellement réelle, que je sens presque mon âme quitter le corps.
Ça dure si longtemps, mon cerveau m'oblige à respirer à nouveau. Et je sens mes poumons se remplir d'air. Sentir est un faible mot, mes poumons me brûle comme si j'étais brûlée vive.

Je me tends, mets des coups dans le vide avec mes jambes, agites mes mains comme je peux. Je hurle à pleins poumons. Juste en dessous de la plaque en métal sur ma poitrine, je sens mon corps s'enflammer, prisé par la douleur, comme si on coupait mes muscles avec un couteau en feu.

Et je hurle encore, bats l'air en mouvement, cherche à me défaire de la chaise, m'extirper quitte à en laisser des membres. Je couperais volontiers mes bras pour me défaire d'ici si j'avais un couteau. De toute manière je ne touche pratiquement plus la chaise tant mon corps est tendu par les bribes électriques brûlantes.

J'ai si mal que je ne remarque pas que ça c'était arrêté. Mon buste se tord en avant et j'ouvre les yeux, le visage crispé.

Il y a de la lumière maintenant. L'espace d'un instant, j'ai cru que j'étais morte. Mais ce n'est pas "la" lumière. Une lumière intense, en forme de boule bleuté. Je reste un moment à la scruter. À quelques centimètres de mon buste comme si elle en sortait. Petite sphère lumineuse qui m'éblouie un moment avant que je ne perde connaissance. Ma dernière pensée fut que cette lumière me faisait penser aux points lumineux qui représentent les âmes au fond des yeux.

*

C'est un jet de lumière puissant qui le réveille. J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité.
Je suis toujours au même endroit, la porte c'est ouverte, laissant entrer un faisceau lumineux.

J'appelle Ellie, qui ne répond toujours pas.

Ellie. Son âme quand je la convainquais était si similaire à la sphère lumineuse. Et si c'était une âme ? Son âme ?

Je me souviens de ce que son père à dit. "On va seulement te séparer du corps d'Ellie"

Mais je suis toujours là. L'âme d'Ellie n'était pas sensée persister dans sa tête après le transfert. Alors... Et si la division avait pris son âme au lieu de la mienne ?

Je l'appelle sans m'arrêter, mais elle ne répond pas. Soit parce qu'elle ne veut simplement plus me parler, soit parce que son âme à été retirée de son corps.

Son père ne voulait pas me croire qu'elle était toujours là.

Je n'aime pas du tout cette situation.

Un mouvement derrière la porte me sort de mes horribles pensées.

Une silhouette entre, ses pas dans l'eau paraissent si lointain. Je ne distingue encore que le bruit étouffé de ma respiration.
Quand l'individu arrive près de moi, et que son visage passe dans la lumière, je lis sur ses lèvres quand il prononce :

- Ydy...

Je suis bien trop faible pour me mettre à pleurer ou pour m'excuser, ou faire quoique se soit. J'ai juste assez de force pour écarquiller les yeux.

Qu'est-ce qu'il fait ici ? Est-il au courant de tout, est-il avec le père d'Ellie ? Un sentiment de trahison m'envahit, je n'avais pourtant aucune preuve que ça soit la vérité.

Ses yeux se reflètent dans l'eau, je vois son regard posé sur moi. Il y a de l'inquiétude dans ses yeux, un peu de peur et... de la colère ? Un petit bout de colère qui coince son regard comme de l'acier. Il est en colère parce que je lui aie menti, comme à tout le monde.

J'ai peur de ce qu'il pense, de ce qu'il va faire, je perds mes mots et mes moyens.

Tout de même, j'arrive à entrouvrir mes lèvres sèches pour prononcer :

- Alex.

InhumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant