17.

122 25 4
                                    

                 

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

                 

Mon corps se heurte à plusieurs surfaces, j'entends plusieurs bruits, plusieurs voix, et plusieurs gémissements sortent de ma bouche.
J'arrive à ouvrir les yeux, mais tout est flou, je plisse les paupières, ne perçois que le bruit de ma respiration comme si j'étais dans une bulle.
Tout bouge un peu trop vite, il me semble être dans une ambulance.
Mes blessures me font mal, je sens le sang couler, je sens les bleus se former, je sens ma gorge se nouer à chaque douleur qui se fait ressentir plus profondément encore.
Je referme les yeux, incapable d'user plus d'énergie encore, et laisse les bras de Morphée m'emporter.

*

- Ellie... Ellie...

Mes yeux se rouvrent d'eux même et se font directement aveugler par la lumière de la pièce. Je tourne la tête, aperçois la mère d'Ellie à mon chevet.

- bonjour ma chérie. Sourit-elle

Je fronce les sourcils, n'était-elle pas en colère contre moi la dernière fois que je l'ai vue ? Les humains ont des tempéraments incompréhensibles.

Je la fixe, l'impassibilité sur mon visage, et détourne le regard pour observer la chambre autour de moi. Comme je m'y attendais, c'est une chambre d'hôpital, et mon cœur se serre. Pas l'hôpital, je vous en supplie.

Sur Nova, l'hôpital n'a jamais existé, nous avons très vite développé des produits qui nous soignent en un instant. À l'hôpital, on attend, on souffre, et on meurt.
Ça aurait été si simple sur Nova, je serais déjà guérie. Non, sur nova, je n'aurais même pas été blessée.
Être ici est un véritable cauchemar.
J'avale ma salive en observant avec dégoût les murs blancs, le sol gris, en sentant l'affreuse odeur de médicaments humains. En voyant qu'on me transfuse du sang humain dans les veines, je frémis, mais me rappelle que le corps dans lequel je suis est humain.
Humain.
Y a-t-il une chance qu'il découvre que je ne suis pas humaine ici ? Je suis prise d'une panique rien qu'à cette question, et me retourne furtivement vers le visage de la mère d'Ellie. Tiens, je l'avais oubliée.

- tu es à l'hôpital, tout va bien. Dit-elle, et elle me caresse les cheveux tandis que je la regarde avec mépris.

Non, ça ne va pas bien, quel genre de personne dit ça ? Si je suis ici, c'est que ça ne va pas.
Je dégage ma tête de ses caresses, appelle Ellie dans ma tête, et me rappelle qu'elle refuse de me parler si ce n'est que pour m'insulter.
Je réalise donc quelque chose d'encore plus horrible, en plus de faire tout ce que je fais à Ellie, j'ai laissé Luke abîmer son corps. C'est comme si elle s'était fait battre à côté de moi et que j'avais assisté à la scène sans bouger.

Après avoir appelé Ellie, sans réponse, je m'excuse plusieurs fois, sans réponses. Et conclue que je dois la laisser seule.

Une sonnerie me tire de mes pensées, je tourne la tête vers la mère d'Ellie, qui sort mon portable de son sac à main, elle lève la tête vers moi après y avoir jeté un coup d'œil.

- c'est Alex, tu veux que je réponde ?

Je le voulais, mais je secoue la tête, je suis sensée l'éviter, je dois l'éviter.
Sa mère fronce les sourcils un moment et ignore l'appel.
Je baisse les yeux, puis regarde encore par la fenêtre en priant pour qu'une âme me sorte d'ici.

- chérie, il faut que tu m'expliques quelque chose.

Je retourne la tête, ses yeux me scrutent avec une telle intensité, je n'arrive même pas à lire dans son regard l'expression qu'elle adopte.

- l'autre jour, tu as crié quelque chose à table, ça m'a empêché de dormir, ces derniers temps, tu es si... Différente.

- qu'est-ce que j'avais dit ? Demandais-je d'une voix enrouée

- « Ydy ». Tu peux me dire ce que c'est, pourquoi tu as dit ça ?

Je voulais répondre, mais je ne savais pas quoi lui dire. J'imaginais comment devait se sentir Ellie en ce moment, et je me sens encore plus mal.

- je ne peux pas te le dire maman. Dis-je simplement avant que ma voix ne se casse.

- Pourquoi ça ?

L'éclat dans ses yeux disparaît. Elle aussi a changé, elle ne ressemble plus du tout à la femme que j'ai rencontrée quand je suis arrivée.

- tu peux me laisser seule s'il te plaît ?

Elle secoue la tête.

- réponds d'abord à ma question, pourquoi tu ne peux pas me le dire ?

C'est à mon tour de secouer la tête, je me pince les lèvres, le regard dans le vide. Je tourne les yeux vers elle et plante mon regard dans le siens quand je lui dis :

- parce que je n'ai pas la réponse.

Elle ouvre la bouche, puis la referme, se lève et s'en va comme je lui ai demandé.

Lorsque la porte claque, je soupire, et tente de me vider la tête, mais Alex en a pris possession.
Pourquoi m'a-t-il appelée ?
Je ne sais pas combien de temps je devrais encore l'éviter, parce que ça m'est impossible.

Horrible personne que je suis, je dois maintenant encore convaincre Ellie de revenir, parce que je n'arrive plus à rien sans son aide.

Je me relève lentement, en poussant quelques gémissements de douleurs incontrôlés, et pose les pieds au sol.
La chambre contient une petite salle de bains, derrière une porte blanche que je pousse, en me disant que tout ce blanc me rendra folle d'un moment à l'autre.

Je m'avance, titubante vers le miroir collé au mur, et pousse un juron en voyant mon reflet.

J'ai les cheveux en bataille, une entaille en haut à droite du front, mon œil droit a gonflé légèrement, une autre entaille se dessine sur le haut de ma pommette gauche, ainsi qu'une troisième sur ma lèvre supérieure. Un bleu au coin de la bouche, un autre sur la cuisse, une entaille sur l'épaule, voilà tous les dégâts qu'a causés Luke. Tous les dégâts que je n'ai pas empêchés, tous les dégâts que j'ai causés.
Mes yeux se mouillent rapidement et je bafouille une excuse à Ellie en fixant mon regard sur la robe d'hôpital qu'on m'a enfilé.

Je passe une main rapide sous mon œil pour enlever une larme, et me rapproche du miroir.
Je fais tout comme je l'ai fait chez Taylor, mais je m'excuse une bonne vingtaine de fois en plus.
« Ne m'en veux pas de faire ce que je fais. » , je rajoute une parole à l'attention d'Alex.
Quand je romps le contact de mon regard à celui du miroir, je pleure de plus bel, parce que je suis vraiment, vraiment une horrible personne.

InhumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant