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Des croutes se sont déjà formés sur mes phalanges, je passe mes doigts dessus, la tête baissée.

- tu ne manges pas Ellie ?

Je relève la tête, la mère d'Ellie me fixe de ses intenses yeux bleus, je regarde mon assiette, et à la place de la tourte, je ne vois que le corps de Luke en sang. Je deviens folle, je le vois partout où mes yeux osent se poser. Je grimace, et un haut-le-cœur me prend.

- non, je n'ai pas faim. Dis-je

Ses parents échangent un regard, et je l'évite en regardant derrière la mère d'Ellie, où le monde de la nuit commence à s'installer. Je distingue déjà quelques étoiles, et m'imagine que l'une d'entre elles est Nova, même si je sais que c'est impossible.

- je peux juste... Aller me coucher ? Ajoutais-je

- oui, d'accord, bonne nuit chérie.

Sa mère me lance un dernier regard et je tire ma chaise en poussant la table, je me relève.

- Ellie ? Entendis-je derrière moi alors que je pars.

- oui ? Je fais en me retournant

- qu'est-ce que tu as à la main ?

J'avale ma salive, et range instinctivement ma main dans ma poche.

- rien. Dis-je plus sèchement que je ne le voulais.

- si, approche, continue la mère d'Ellie.

Contre mon gré, je fais ce qu'elle me demande, et m'approche d'elle. Elle tire la main de ma poche et la prend entre ses fins doigts.

- comment tu t'es fait ça ?

- je me suis battue. Fis-je comme si c'était naturel.

« Super, la discrétion Ydy » fit Ellie dans ma tête.
Je baisse à nouveau les yeux, tandis que les regards de ses parents pèsent sur mon dos.

- tu t'es battue ? Fis alors la mère d'Ellie en reprenant mes mots.

Mon mal de crâne revient, plus faible, mais toujours présent.

- oui, j'ai dix-sept ans, c'est ce qu'il arrive dans ce genre de période. Je réponds sèchement.

J'arrache ma main de l'étreinte de la mère d'Ellie, et me retourne pour partir rapidement. Cette planète me rend complètement folle.

Je sors de la cuisine. Je fais mine d'aller dans ma chambre, mais je fais demi-tour et prends le chemin de la sortie. J'ouvre la porte, et la claque en la fermant. Je me retourne, regarde les étoiles dans le ciel désormais noir. Je m'assois sur une des marches du porche.

Plus tôt dans la journée, j'avais été voir Chris dans son bureau pour parler de ce qu'il s'était passé. Je n'ai pas été exclu, pas comme Luke, c'est dingue. Je n'ai même pas eu à convaincre Chris que Luke a été exclu à ma place, peut-être parce que si je l'ai frappé, c'est parce qu'il m'a poussé à bout.

En sortant de son bureau, j'ai appris à Alex que je n'étais pas exclu, j'étais tellement heureuse de ne pas l'être que je lui aie sauté dans les bras. Ça m'a paru étrange de ma part, mais il m'a rendu mon étreinte, et c'était mieux.

Alex. Maintenant, on se voit toute la journée, tous les jours. Après les cours, on se retrouve ensuite à l'OSSR, et on passe notre fin d'après-midi ensemble à travailler. J'ai peur qu'après ce soir, les parents d'Ellie ne me laissent plus sortir après les cours. Je leur dis que je vais rejoindre des amis au parc, et honnêtement, je ne sais même pas où se trouve se soit disant parc.

La nuit est froide, je commence réellement à geler sur place, la lune dans le ciel semble flotter dans mon regard comme une larme flotte sur un visage, et je me demande pourquoi elle ressemble autant à Nova.
Ma planète me manque tellement, je n'ai jamais été séparée de ma famille ou de ma planète auparavant, et maintenant que leurs présences me sont arrachées, je me sens terriblement seule, et perdue.
Mes bras tombent de mes cuisses, mes mains pendent dans le vides, je fixe le ciel et la lune jusqu'à devenir aveugle. Mes doigts frôlent quelque chose de glacer, et en baissant les yeux, je découvre une petite pierre qui scintille sous les reflets de la lune.
Je la prends entre mes doigts et la fais tournoyer, observant les minuscules brèches et couche de roches. Elle est parfaitement ronde, et plate, un vrai petit galet.
Je la fais passer d'une paume à l'autre, la faisant rouler, absorber par la manière dont elle roule sur mes mains comme de l'eau coule sur de la peau.
Je finis par arrêter mon mouvement répétitif, et la serre dans ma main.
Je jette un dernier coup d'œil à la lune, et je rentre chez moi.

Les lumières sont éteintes, ça doit faire un bout de temps que j'étais dehors, et il n'y a plus aucun signe de vie dans la maison. Je vais dans ma chambre, et trouve dans un bric-à-brac d'objets divers, de la peinture argentée sous les indications d'Ellie.
Je prends ma petite pierre, et y applique la peinture sur sa surface. Avec un pinceau, j'affine les couches et repends la peinture sur toute la surface, c'est tellement relaxant de regarder le pinceau laisser ses traces artistiques sur une simple pierre, c'est tellement relaxant de faire passer ce pinceau de gauche à droite, en regardant la peinture s'évanouir au contact de la nature, de voir l'argent se mêler aux dépôts de terre, de voir la couleur s'illuminer quand je relève la tête et que la lumière de la lampe de bureau peut atteindre la pierre.
Ma pierre est peinte depuis longtemps, mais je continue à faire passer mon pinceau dessus, comme pour voir si la beauté de la peinture ne s'estompe jamais devant mes yeux. Je m'arrête enfin, la peinture a pratiquement séché, le pinceau n'est plus qu'un tas de poils imbibés de peinture argentée sèche, et la pierre, en quelques secondes, est sèche.
Satisfaite, je la prends, et fais lentement tourner dans mes doigts ma petite Nova portative.

InhumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant