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Je plaque mes mains contre ma bouche et murmure des choses incompréhensibles et me lève brusquement de ma chaise, si brusquement qu'elle tombe sur le dos et que je manque de me prendre les pieds dedans.
Je sors en trombe de la cuisine et me précipite dehors. Je claque la porte derrière moi et me mets à courir sans savoir ou je vais.
Ellie reprend tout son corps, et bien que ça soit bon pour elle, je n'arrête pas de me demander ce que ça me ferra. Où ira mon âme si elle reprend tout son corps ?
La nuit est tombée, fraiche et sombre, et j'erre dans les rues sans reconnaître où je suis. J'arrive près d'une barricade et je reconnais un parc. Voilà l'endroit où me croient les parents d'Ellie quand je suis à l'OSSR.
J'entre dans le parc, l'herbe est à perte de vue, mais d'un vert plus foncé à cause de l'obscurité de la nuit. Des bancs, des marres, des arbres, des aires de jeux, tout pour faire de cet endroit un vrai petit paradis, mais ce soir il n'y a personne.
Je m'affale sur un banc, réalisant soudainement que j n'ai pas entendu Ellie depuis longtemps. Lorsque elle utilise sa main, la plupart du temps, c'est pour un moment limité, puisqu'elle en est mentalement épuisée à la suite. Alors elle ne peut même plus me parler. Avoir réussi à parler à voix haute à dû carrément l'épuiser.
Il fait si sombre que le noir me fait mal aux yeux, je me déplace sur un autre banc près d'un lampadaire, m'assoie et sors mon téléphone.
D'un geste rapide, et sans le réaliser, je me mets à appeler Alex, pourquoi je fais ça ?

- Ellie ? Entendis-je quand sa voix perce le silence à travers le haut-parleur du téléphone.

- Al... Salut. Dis-je

Je dois avoir la voix totalement brisée, parce que dans la seconde suivante, il me dit :

- est-ce que ça va ?

- je... Désolée, je n'aurais pas dû t'appeler.

- Mais c'est trop tard maintenant, alors dis-moi ce qu'il se passe.

Je soupire, et m'affale plus profondément sur mon banc.

- ça va, je suis désolée, salut.

J'allais raccrocher, mais sa voix se remet à voler dans les airs pour s'infiltrer en moi jusque dans mon âme.

- trop tard, j'ai dit, je te rejoins où et quand ?

Et un sourire se fend sur mes lèvres.

*

Je plisse les paupières, essayant de distinguer où le papillon que je scrute depuis quelques minutes est partit. Je l'aperçois à nouveau qui s'envole de ses ailes orangées, et j'aimerais avoir des ailes. Je suis son vol jusqu'à ce qu'il passe devant une silhouette, et je reconnais Alex qui s'avance vers moi.
Il m'adresse une ébauche de sourire et s'assoit dans l'herbe, face à moi qui est sur le banc.

- salut Ellie.

Je lui adresse un petit sourire, et remonte mes genoux à ma poitrine. J'ai tellement envie qu'il m'appelle Ydy.
Comme je ne réponds pas, il continue :

- qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- rien de grave. J'ai juste l'impression de... Ne plus savoir qui je suis.

Au moment où les mots sortent tout seuls de ma bouche, je réalise que j'ai été profondément touchée par une tonne de chose depuis que je suis sur Terre.
Alex hausse les épaules :

- y'a pas grand monde sur cette planète qui soit vraiment quelqu'un, ou qui sache qui il est.

Il voit ma mine dépitée et ajoute :

- désolé, je suis mauvais pour réconforter les gens. Pourquoi tu n'as pas appelé Jenna ?

- je ne sais pas, c'est à toi que j'avais envie de parler.

Je me mords la lèvre et il sourit. Je devrais vraiment réfléchir à ma réponse avant de parler.

- bon, dis-moi comment tu te sens alors, plus précisément.

- Alex...(je soupire et il me regarde d'une expression qui nous fait tout les deux rire) Je ne sais pas, j'ai juste... pas l'impression d'être moi.

En vérité, je me faisais peur, il m'arrivait de devenir violente pour n'importe quoi. Et je savais que c'était parce que la Terre me rendait folle, mais ça, je ne peux pas le dire à Alex.
Il s'allonge dans l'herbe, je vois le dos de son pull devenir mouillé à cause de l'eau sur l'herbe. Il croise les bras derrière sa tête et regarde le ciel obscur.

- alors c'est qui ? dit-il alors.

- de qui tu parles ?

- la personne que tu ne reconnais pas en toi, c'est qui si ce n'est pas toi ?

Ici et maintenant, on croirait qu'il insinue Ellie, mais ce n'est pas le cas, cette fois, c'est moi qui hausse les épaules.

- la personne qui a frappé Luke. Dis-je simplement.

Je nous plonge dans un grand silence, et il reprend la parole après que j'ai observé encore quelques papillons de nuit qui rôdaient près du lampadaire.

- viens ici.

- pourquoi faire ?

- viens à côté, insiste-t-il sans répondre à ma question.

Je me lève, hésitante, et vais m'allonger à côté de lui. Contrairement à ce que je pensais, ce n'est pas désagréable de sentir les perles d'eau sur mes vêtements, des perles d'eau déposée pour l'aube, des perles d'eau d'un si joli nom. Rosée.

- tu vois ces étoiles ? dit Alex dans la nuit.
Je hoche la tête et il continue, les yeux toujours rivés aux étoiles que je regarde aussi maintenant.

- laquelle tu vois en premier ?

- celle en haut à gauche, dis-je.

- Exactement, parce que c'est la plus brillante. Maintenant imagine que toutes ces étoiles représentent chacune une personne que tu connais. Et regarde celle juste en dessous de la plus brillante.

Je regarde ladite étoile, minuscule au début, mais maintenant qu'on l'a vue, on ne voit plus qu'elle, elle devient même plus voyante que celle du dessus.

- elle brille plus que l'autre finalement. Dis-je

- oui, seulement parce que tu l'as bien regardé. La grosse étoile, c'est comme Taylor, au début, on ne voit qu'elle, puis quand on la connaît bien ensuite, elle ne brille pas tant que ça.

- Tu n'es pas sympa ! Riais-je

- Ben, c'est la vérité ! (il rit à son tour) Bon, celle du dessous, c'est toi, au début, tu es si... Innocente, timide et adorable, et ensuite, on remarque, tu es aussi quelqu'un d'exceptionnel. Beaucoup plus brillante que les autres étoiles.

Mes yeux deviennent aussi humides que l'herbe, et je me dis que c'est parce que je suis allongée. Je me relève sur un coude et me penche au-dessus d'Alex.

- tu te trompes Alex Grant, tu sais très bien réconforter.

Et sans que je ne le réalise, nos lèvres s'attirent comme deux aimants et finissent par se celer.

InhumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant