Charmant. C'est le mot qui me vient directement à l'esprit quand j'observe son appartement. Des murs gris clair, décorés de cadres photos et décorations en tous genres. Un parquet clair, souvent recouvert d'un tapis dans les quelques pièces de l'appartement.
J'observe la luminosité de la pièce, la gaieté de la décoration, et je me demande si les vêtements sombres de Britt ne lui ressemblent pas ou si c'est son appartement.- viens-là, je vais t'enlever ça. Fit Britt en interrompant le cours de ma pensée.
Je détourne les yeux vers elle, mais elle tourne déjà le dos, s'attendant à ce que je la suive. Je la rattrape donc au pas de course.
Elle me conduit jusqu'à une minuscule salle de bains, et je comprends qu'elle parlait de ma blessure.
Elle fait doucement couler l'eau du robinet, y passe une petite serviette qu'elle essore ensuite avec soin et me tamponne le front avec.- alors, prête pour la grande aventure ? Dit-elle, les yeux rivés à mon front et son mouvement de mains dessus.
- il faut bien. Avouais-je, pas vraiment prête à partir si tôt.
Elle esquisse un petit sourire et je m'appuie contre le lavabo. La salle de bains est tellement étroite que je suis collée au meuble de rangement, j'essaie tant bien que mal de m'y faire une place, mais fait involontairement tomber un flacon en plastique de savon liquide.
La chute fait un bruit sourd, et Britt porte immédiatement la main à sa capuche sans pour autant la mettre sur sa tête après avoir jeté un coup d'œil pour observer la situation.- excuse-moi. Dis-je maladroitement. Je me baisse pour ramasser le flacon et le remet en place.
Elle se contente de sourire en secouant la tête et continue de tamponner mon front.
- je peux te poser une question indiscrète ? Demandais-je.
Elle baisse ses yeux vers les miens l'espace d'un seul instant, mais ignore mon regard en hochant la tête.
- pourquoi cette capuche, je veux dire, tout le temps ?
- disons que c'est ma protection contre tout et n'importe quoi. Et ça évite aussi qu'on me reconnaisse, ce qui n'est pas plus mal en travaillant à l'OSSR.
Je repense aux photos dans le dossier du père d'Ellie. On ne la reconnaît pas, mais en voyant une capuche noire, on sait que c'est elle. Elle passe la serviette sous l'eau, et l'absence de contact brûle ma blessure.
- les gens en général ? Tu ne veux pas qu'ils te reconnaissent ?
- je ne suis pas des plus aimable avec tous ceux qui ne font pas partie de mon entourage. Fit-elle à bas mot, essorant la serviette.
- pourtant quand je suis arrivée, tu m'as défendue, tu as été plus qu'aimable et tu ne me connaissais pas.
Elle étend la serviette sur le rebord du lavabo, prenant tout son temps avant de me répondre.
- c'est différent avec toi. Quand je t'ai vu passer la porte, j'ai cru voir ma sœur. Et... Je ne sais pas, je me suis dit que tu ne devais pas être si féroce.
Elle eut un demi-sourire et je l'imitais.
- laisse moi deviner, c'est Rose, ta sœur ? Dis-je
Je faisais référence à ce qu'elle ait dit en jouant la comédie pour me faire entrer à l'OSSR "pas vrai, Rose ?"
Mais elle secoua la tête lentement, je crus percevoir une pointe de nostalgie dans ses yeux.
- Veronica. Dit-elle, et le mot sortirent comme une peine de son âme, ravalant pratiquement la fin du prénom.
Je lui souris, mais elle baisse la tête, m'empêchant de voir son expression.
- elle a quel âge ?
La rousse laisse un grand moment de silence, si profond que je n'ose le percer.
Un grand silence dans lequel je ne distingue que le bourdonnement d'une machine à proximité, un lave-linge ?
- elle avait dix ans.
Je fronce les sourcils, dans l'incompréhension, mais quand je vois le regard qu'elle lève sur moi, je comprends. Elle avait dix ans.
J'avale difficilement ma salive, qu'est-ce qu'on est sensé dire dans ses moments ? Je suis désolée ? Je n'ai jamais compris l'emploi de cette phrase dans une telle situation. Je ne réussis à lâcher qu'un demi-mot étranglé :
- condoléances.
Elle m'accorde un petit sourire, et sort de la pièce. Je la suis.
Plus tard, on dîne. Son sourire qui s'était fait plus triste fut désormais radieux comme à son habitude.
La nuit tombait, Britt m'installa dans une petite chambre pour la nuit. Ma dernière sur Terre.
Il faisait noir maintenant, mes yeux cherchaient désespérément quelque chose à fixer jusqu'à épuisement, puisque je n'arrivais pas à dormir. Pas en me disant que demain sera le jour le plus dangereux. Et quand cette pensée s'estompe, c'est Alex qui prend le relais. Je n'arrive pas à estomper son visage de mon crâne.Un grincement retentit, je ne bouge pas. Une raie de lumière s'infiltre dans la chambre, je reste immobile. Je suis couchée dos à la porte, ne vois que la raie de lumière sur le mur face à moi. J'entends derrière des pas, un reniflement. Puis une main délicate se pose sur ma joue, je ferme les yeux, et la main cale une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Un geste si doux, si délicat, si attentionné que je ne fais rien pour bouger ou montrer que je suis réveillée. Puis une voix douce parvient jusqu'à moi, un seul mot lâché par la voix de Britt dans un mélange mélancolique et affectueux.
- Veronica.
Le geste s'arrête, et après un moment d'immobilité, elle s'en va. Lorsque la porte se referme, j'ai l'impression de la voir dans le couloir, une larme au bord de sa pommette, roulant sur ses taches de rousseur.
J'avale ma salive, joue avec mes cheveux en l'écoutant s'en aller.
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Inhumaine
Science FictionNotre planète est plus jeune que la Terre, pourtant, nous sommes déjà plus intelligents. Je suis Ydy, j'habite Nova, à quelques galaxies de la voie lactée. Et pourtant, je me trouverais sur Terre dans quelques instants. Pourquoi ? Pour me glisser d...