Lonely Nights

Chapitre 36

Si Chanyeol savait qu'ouvrir son cœur faisait mal, il venait de comprendre que briser celui d'un autre était plus douloureux encore. Serait-ce utile de préciser qu'il rentra complètement dévasté chez lui ? Et que Jongdae, comme Yoora et Yixing, tentèrent tout pour essayer de lui redonner le sourire ? Évidemment, après avoir vidé toutes les larmes de son corps ainsi que s'être soulagé de tout remords en parlant ouvertement à ses amis et à sa grande sœur, le rouquin réussit à se calmer même si ce ne fut que le lendemain. Et malgré le fait qu'il avait encore le poids de la tristesse de Minho sur la conscience, il ne put finalement résister aux rires et aux sourires de son entourage.

Puis progressivement, un jour passa, puis un autre, un troisième, un quatrième et toute une semaine. Mais Chanyeol n'oubliait pas et contrairement à ce qu'il pensait, ça lui pesait encore sur le cœur. Même s'il ne retournait pas aux soirées chez les voisins d'en face, et restait avec l'un de ses trois proches – qui se succédaient tour à tour à la maison – laissant ainsi les deux autres s'amuser en face, Minho ne quittait pas ses pensées. Et au final, contre toute attente, il regrettait.

Ça lui manquait de ne pas pouvoir se glisser entre les bras chauds du grand blond, de le laisser le couvrir d'amour et de tendresse. De se laisser envelopper dans un cocon de douceur et d'attention, de ne pas se réveiller contre un corps puissant et nu, ni même de se laisser envoyer au septième ciel en soufflant son nom. Il regrettait leurs conversations d'avant ainsi que leurs rires, leurs idées de sorties durant un court moment, allant même jusqu'à regretter l'époque lointaine où il était secrètement amoureux de son aîné et qu'ils envisageaient tellement plus de choses tous les deux.

Chanyeol était mal mais essayait pourtant de remonter la pente. Le soutien de Yoora lui fut très utile et très motivant pour penser enfin à lui. Mais, n'avait-il jamais cessé de le faire ? Ou plutôt, n'avait-il pas toujours été égoïste et n'avait-il donc jamais essayé de penser qu'à son bien-être ? Le rouquin était perdu et tout ce dont il savait, c'était que Minho lui manquait. Son rire, son sourire, son corps, sa personnalité. Chanyeol regrettait de ne pas découvrir chaque matin les marques de l'amour de son aîné sur son corps nu. Nulles traces de suçons, de baisers ou de caresses, aucunes douleurs aux reins ni aux muscles, et encore moins de désir grouillant dans le bas-ventre. Et le pire de tout ça, c'était que son cœur ne battait plus aussi chaleureusement, ne faisait plus aucun looping et ne s'emballait plus pour un rien. Il n'avait même plus la tête dans les nuages, un sourire parfois béat aux lèvre, ni même une soudaine humeur taquine.

Mais le plus exaspérant, c'était sûrement le fait que le rouquin ne s'en rendait pas vraiment compte. Ou plutôt, qu'encore une fois, il refusait de l'admettre. Qu'au fond de lui-même, il le savait mais que c'en était devenu inconscient et qu'il repoussait cette réalité au plus profond de lui-même. Alors Chanyeol souriait, il faisait tout pour être heureux et surtout pour afficher qu'il l'était. Mais en un mois, il ne se rendit pas compte qu'il n'avait rien à prouver à personne, et que son entourage voyait très bien dans quel état il était vraiment.

– Chan, souffla doucement Yoora, se retournant vers le rouquin.

Ce dernier se tourna vers sa grande sœur à son tour, ramenant la couette sur eux et lui offrant un sourire un peu fatigué. Le plus jeune aimait quand sa sœur aînée venait dormir avec lui de temps en temps, comme au bon vieux temps. Ça lui rappelait d'agréables souvenirs d'enfance, lorsqu'on est trop innocent pour comprendre quelque chose à la vie, et ça le rassurait, l'espace d'un instant.

– Est-ce que c'est pour Minho que tu pleures autant ? chuchota Yoora en prenant les mains de son petit frère dans les siennes.

Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent, son cœur se figeant un court instant tandis qu'il se raidissait. Le doux sourire que lui offrit sa grande sœur eut le don de le déstabiliser plus encore, comme s'il réalisait qu'elle voyait depuis toujours sous sa carapace.