Les jambes se balançant dans le vide, je contemple la Seine qui coule sous mes pieds. Un courant d'air frais soulève mes cheveux et les fait virevolter sur mes épaules. Le silence n'est pas pesant, mais aucun de nous n'a osé dire un mot depuis que nous sommes arrivés sur les quais. Ken est assis à côté de moi. La chaleur de son regard transperce presque ma peau tant celui-ci est chaud. Cette soirée me rappelle la première qu'on a passé rien que tous les deux, à contempler l'eau couler sous nos pieds et à discuter de tout et de rien. Je regrette presque l'innocence de notre relation à ce moment-là. On était plein d'espoir, plein de possibilité. Aujourd'hui c'est bien différent. On a rien commencé de concret et pourtant j'ai l'impression qu'on a une énorme histoire derrière nous. On ne sait pas comment communiquer correctement.
Je sens qu'il hésite à parler en premier, sa tête ne cesse de se retourner presque imperceptiblement vers moi avant de rapidement reprendre sa place initiale. Ses soupirs veulent me pousser à réagir, son pied tape d'impatience contre le béton et ses doigts se crispent sur son jeans. Je fais mine de rien remarquer et attends calmement qu'il prenne la parole. Les yeux perdus sur la Seine, ma respiration est calme et je me sens presque sereine. L'avoir à côté de moi, même dans ces circonstances, est une drôle de source d'apaisement car lui, à mon contraire, semble tout sauf apaisé. Doucement, je pose ma main sur la sienne pour lui intimer de se calmer. Ca a l'air de fonctionner puisque je vois son corps qui relâche d'un coup la pression, comme si je venais de lui enlever un énorme poids des épaules. Je tourne la tête vers lui, et regarde son visage qui n'est illuminé que par la douce lumière de la lune. Il est magnifique. Ses yeux chocolat brillent légèrement et un doux sourire prend place sur sa jolie bouille. Ses doigts exercent une légère pression sur les miens.
- Tu m'as manqué.
- Tu me manques.
Son sourire s'affaisse à ma réponse qui n'est pas celle qu'il aurait espérée. Je regarde ses yeux pour essayer d'y déceler le moindre indice sur son humeur. Il a l'air triste. Ses grands yeux marron sont un peu éteints, presque cachés sous sa casquette noire. Il serre ma main, comme pour se donner du courage, et plonge son regard dans le mien.
- J'ai été con ...
- Ah beh ça...
- Laisse-moi parler deux secondes s'il te plaît.
Je fais semblant de fermer ma bouche avec une clé que je lui dépose dans la main. Il rigole et fait comme s'il la mettait dans sa poche.
- Merci. Il inspire un grand coup. Tu me plais Rhéa, ok ? Et je te le dis parce que je tiens à toi et j'ai pas envie de jouer au con plus longtemps. Je sais ce que je veux et ce que je veux c'est toi. Personne d'autre. Alors s'il te plaît, on arrête de jouer au chat et à la souris et on va enfin baiser.
J'éclate de rire en entendant la fin de son beau discours. Son visage fait face au sol mais je décèle un sourire un coin. Je tends la main vers lui, paume vers le ciel, et il me regarde avec espièglerie.
- Tu as besoin de quelque chose ?
Prenant ma plus belle mine de chaton triste, il secoue la tête en riant et fait semblant d'ouvrir le cadenas qui fermait ma bouche. Ne pouvant pas attendre une seconde de plus, je fonce sur lui pour l'embrasser avidement. Ce n'est sûrement pas son discours, entre nous plus que moyen, qui me fait agir de la sorte, mais le sens de ses paroles. Il a raison. On doit arrêter de se prendre la tête pour des trucs futiles. J'ai envie d'être avec lui moi aussi et j'en ai marre de faire semblant que ce n'est pas le cas.
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The heart wants what it wants
Fanfiction« Il était mon monde. Alors que tout changeait autour de moi, que tout se bouleversait et que tout ce que j'avais connu jusque-là volait en éclat, il était ma seule constante. La personne qui m'importait le plus. Celle qui me faisait le plus de mal...