#4 J'ai pas le temps de geindre dehors c'est la jungle

1K 54 5
                                    


Je me réveille d'un coup pleine de sueur et avec des difficultés à respirer. J'ai encore fait un cauchemar. Je me lève rapidement et me dirige vers la salle de bain, qui est attenante à ma chambre. Je me déshabille et fonce sous la douche. Je tremble, j'ai chaud et froid en même temps, je suis complètement à l'ouest, comme toujours. Depuis le décès de mon père, je fais souvent des cauchemars horribles qui me font cet effet là. Les premier mois suivants sa mort, je n'arrivais plus à trouver le sommeil. Je m'endormais à force d'avoir trop pleuré puis me réveillais quelques heures après en sueur, avec l'impossibilité de retourner dormir. Après quelques minutes sous l'eau chaude, mes muscles restaient crispés rien qu'au souvenir du rêve horrible que je venais d'avoir. Ce genre de cauchemars se faisait à peine plus rare aujourd'hui, alors que ça faisait 2 ans que je vivais sans lui. Certaines nuits, j'arrivais même à dormir sans être réveillée, mais cela signifiait toujours que j'étais en très mauvais point physiquement et que le réveil allait être très compliqué. Alors je ne sais pas ce qui était le mieux, ne pas dormir ou devoir se bourrer la gueule ou être défoncée pour avoir un sommeil superficiel. Je me refusais toujours à prendre des somnifères. J'étais terrifiée à l'idée de prendre quoi que ce soit de nocif sous forme de cachets. Je ne savais que trop bien les effets terribles que cela pouvait avoir sur une personne. Je n'avais pas besoin de devenir accro à quoi que ce soit, j'avais déjà bien assez de problèmes comme ça.

Une fois sortie de la douche, j'étais toujours tremblante, agitée. J'avais besoin d'air. J'étouffais dans ma chambre, et sous les draps, je me sentais prisonnière. Me trouvant en jogging et débardeur, j'attrapai un sweat qui trainait sur une chaise et sorti de ma chambre sans faire de bruit. La chambre de ma mère était au fond du couloir, elle n'entendait jamais aucun bruit que je faisais. L'avantage d'avoir une grande maison. C'était quelque chose qui m'avait sauvé la vie à maintes reprises. Surtout quand j'avais l'habitude de sortir toutes les nuits.

J'attrapai ma clé et ferma doucement la porte derrière moi. Je mis la capuche sur ma tête et commença à courir. J'avais besoin de me défouler, de trouver un moyen d'extérioriser toute cette rage que j'avais en moi. Je courais comme une furie, heureusement qu'à cette heure là, les rues étaient complètement désertes et que je n'habitais pas un quartier qui craint. Je courais le plus vite possible vers mon parc, qui ne se trouve qu'à 10 minutes de chez moi. J'arrivai complètement essoufflée, et vis une silhouette qui se balançait lentement sur le jeu en bois. Comme il n'y avait pas beaucoup de lumière, je ne distinguais que très peu la personne qui me faisait face. Cela me mit complètement hors de moi. Ca faisait des années que je venais ici et personne n'était jamais dans ce parc. Il y avait une putain de barrière à l'entrée qui dit « Interdiction de passer ». C'était quoi son problème à ce gars ? Il ne savait pas lire peut-être ? Je m'approchai doucement, bien décidée à me ré approprier mon endroit. J'avais besoin d'être seule ici, c'était vital. Si je ne pouvais pas me calmer, je n'arriverai jamais à retourner me coucher et demain allait être un cauchemar bien réel.

Je me rapprochai de la silhouette qui ne semblait pas être au courant de ma présence. Je vis un garçon, plutôt grand, voir très grand, sa peau était matte et il avait de longs dreads attachés en une queue de cheval basse. Vu l'odeur, je me dis qu'il fumait un joint. Je ne me démontai pas et continua à m'approcher. Plus j'avançais, plus je me rendais compte que si ce mec était un taré, je ne ferai pas le poids face à lui. Je m'apprêtai à faire demi-tour quand il prit la parole.

- Tu sais que c'est interdit d'être ici ? me demanda-t-il doucement.

- Et toi tu le sais ? je lui répondis sur un air de défi

Il tourna la tête vers moi et un sourire étira son visage rond. Je le détaillai lentement. Il avait un visage sympathique, ses yeux étaient mi-clos, sûrement à cause du joint qu'il tenait entre ses doigts. Il me fit signe de m'approcher et je pris place sur la balançoire à côté de la sienne.

The heart wants what it wantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant