#37 Elle a besoin de plus qu'un anti-dépresseur assez puissant

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Assise par terre en tailleur entre les jambes de Doums, j'écoute d'une oreille distraite la conversation enflammée qu'il a avec Mohammed depuis une bonne demi-heure. Complètement ailleurs, je ne pourrais même pas dire de quoi ils parlent avec tant d'entrain. Doums passe distraitement ses longs doigts dans mes cheveux et j'apprécie ce contact délicat, qui n'est pas vraiment dans ses habitudes. Tout en sirotant un jus de tomate, j'observe les gens qui nous entourent. La soirée est bien avancée et je le remarque à la démarche des invités qui se fait de plus en plus vacillantes et aux corps qui se rapprochent. Du coin de l'œil je vois ma cousine flirter ouvertement avec Deen. Elle tient un cocktail dans une main et a posé la seconde contre le torse du Toulonnais. D'où je me trouve, je l'entends rire à gorge déployée à quelque chose que Deen vient de dire. C'est drôle parce que je n'ai jamais rien entendu sortir de la bouche du brun qui mériterait que l'on rit aux éclats de cette façon. Cette pensée me fait sourire. Ces ceux-là ne se sont pas lâchés de la soirée. Je me demande bien ce que ça va donner entre eux.

Un bruit sourd provenant du balcon attire mon attention. J'y vois Antoine, assis par terre se tenant la joue. Je crois qu'il vient de se prendre une tarte. Probablement par la fille qui se trouve devant lui et qui à l'air plutôt énervée. Je fronce les sourcils, me demandant ce qui a bien pu se passer et le vois essayant de se relever et d'attraper le bras de la meuf qui lui fait face pour l'embrasser. D'un geste brusque, elle le repousse violement et il retombe sur ses fesses. Il se met à rigoler bêtement et je comprends qu'il est complètement bourré. Je suis un peu étonnée car je ne l'ai jamais vu vraiment alcoolisé. Ou peut-être bien que je l'étais juste toujours plus que lui ? Inquiète, je me relève et essaye de me frayer un chemin à travers la foule amassée dans le salon pour aller le voir. Je passe la tête à travers les fenêtres et le regarde avec insistance.

-          Tout va bien ?

Il fixe le sol sans me répondre. La brune en face de lui me regarde avec des yeux noirs.

-          Non ça ne va pas du tout.

Antoine essaye une nouvelle fois, avec beaucoup de mal, d'attraper son bras en baragouinant quelque chose d'incompréhensible. Elle le pousse à nouveau contre le mur et il tombe en poussant un gémissement de douleur. Je me précipite à ses côtés, fusillant la fille du regard.

-          T'es malade ou quoi ? Tu veux lui faire mal ? Putain...

Elle me répond quelque chose que je ne comprends pas mais qui ressemble fortement à une insulte et quitte le balcon et me donnant un coup d'épaule. Elle a de la chance que je doive m'occuper d'Antoine sinon je me serai occupée d'elle.

Le grand blond est à peine conscient, il parle sans que je ne comprenne ce qu'il veut dire. Il est tellement bourré que je n'arrive même pas à le faire tenir debout. Avec une force que je ne me connaissais pas, je fais passer son bras autour de mon cou et l'oblige à se lever pour qu'on quitte le balcon. Arrivés dans l'appartement, je sens qu'il se fait plus léger et remarque deux bras qui l'attrapent pour le faire marcher vers le couloir désert. Voulant remercier mon interlocuteur, je lève les yeux et reconnais instantanément Ken, qui chuchote des mots réconfortants à Antoine tout en me regardant.

On arrive dans la chambre de Doums, et on laisse tomber le blond à moitié endormi sur son lit, afin qu'il puisse se reposer. Je vais dans la cuisine chercher un seau pour mettre à côté du lit au cas où il se sentirait mal dans la nuit, et quand je retourne dans la chambre, il est déjà endormi. Je pose doucement le seau à côté de sa tête et remonte le drap sur corps.

En relevant la tête, je remarque Ken, adossé contre la porte du balcon, qui me regarde en souriant. Les manches de son t-shirt son retroussées sur ses bras croisés et le bordeaux du textile fait ressortir sa peau laiteuse. Derrière lui, j'aperçois les étoiles qui brillent dans le ciel au-dessus de sa casquette.

The heart wants what it wantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant