Chapitre 6 ☽

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— Comment ça ?

— Je ne sais pas.

— Tu m'intrigues de plus en plus Faith. Comment tu vas ?

— Edward.

— Faith.

— Je ne répondrai pas.

— Je sais. J'essaye. Un jour, tu me répondras.

— Un jour.

Nous mangeons tranquillement. Je suis toujours un peu dépassée par les événements précédents avec Leïla. En effet, je suis sous le choc. Je ne pensais pas qu'elle irait aussi loin. Je ne lui ai pourtant rien fait mais je sais très bien que le problème ne vient pas de moi.

— Quel est ton livre préféré ? me demande Edward.

— Je ne peux pas te le dire. C'est trop intime, désolée.

— Tu ne veux pas plutôt ?

— Non, pardon.

— Ne t'excuse pas, Faith.

J'ai parfois l'impression de revenir à zéro avec lui. À chaque fois que je ne réponds pas à sa question, j'ai ce sentiment de reculer.

— Ta couleur préférée ?

— Le vert, comme tes yeux.

— Tu ne sais pas à quel point je suis heureux, que tu m'aies partagé ça. Et pour le compliment évidemment, il marque un arrêt. En était-ce un ?

— C'en était un.

Il me fait un sourire qui dévoile ses dents si blanches et si bien alignées et qui fait ressortir ses fossettes.

— Je peux t'en faire un alors ? Je n'ai jamais osé.

— Vas-y.

— Tu es très belle, Faith.

Je me mets à rougir. Je sens mes joues s'enflammer et mon cœur battre. Je dois être entièrement rouge pivoine. Je n'arrive qu'à bégayer un seul mot.

— Merci.

Un sourire sincère se place sur son visage si doux. J'aime les sourires sincères qui me sont destinés, c'est tellement rare depuis l'accident. Et le plus étonnant, c'est que ceux d'Edward sont le plus souvent sans raisons. Il me contemple comme s'il me redécouvrait à chaque fois, comme s'il détaillait une pierre précieuse. Puis, je repense vaguement à Leïla. Comment les gens peuvent-ils être si cruels ? Cela reste ma question.

Après avoir fini de manger, le brun et moi repartons vers nos cours respectifs. Nous sommes tous les deux tristes à l'idée de ne plus pouvoir parler et rigoler mais de devoir travailler. Une légère complicité commence lentement à s'installer entre nous. J'espère vraiment compter pour lui. Je ne céderai pas pour autant. Il gagnera ma confiance avec le temps, s'il continue à me parler et à vouloir me connaître tout en étant patient. S'il ne cède pas avant un long moment.

Cette après-midi me parait extrêmement longue. J'ai dû rester avec mon professeur de sciences à la pause, il m'a demandé de l'aide pour les copies des élèves de terminale. J'ai discrètement trouvé la copie d'Edward qui a eu un très beau dix-huit sur vingt. Ce dernier reste souvent discret à propos de ses cours. Je sais dès à présent qu'il travaille sérieusement. Il est aussi intelligent, ça je le sais déjà. C'est la raison pour laquelle il me parle d'ailleurs et la raison pour laquelle il n'insiste jamais lorsque je reste vague dans mes réponses. J'apprécie qu'il me laisse du temps, qu'il ne me force pas. Occupée, je n'ai donc pas pu le prévenir que je ne serai pas là. J'espère qu'il ne m'en voudra pas.

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