Chapitre 18 ☽

220 29 31
                                    


Quelques heures après l'annonce de Cara, je suis toujours aussi enthousiaste à l'idée d'aller vivre chez elle. Ce sera plus simple pour elle car elle n'aura plus à passer à la maison tous les soirs et m'aura auprès d'elle. En plus de ça, j'aurais beaucoup plus l'impression d'être proche d'elle et le plus important : je n'aurais plus peur que l'on m'enlève tout ce que j'ai et que l'on m'envoie dans une autre famille, peut-être à des centaines de kilomètres. J'envois un message à Edward pour lui demander de ne pas venir ces jours-ci car j'ai envie d'être seule. De temps en temps, j'ai besoin d'espace et je ne sais pas comment lui expliquer que je déménage. Je lui dirai à la rentrée.

Le lendemain, après avoir appris la nouvelle, je n'ai pas encore commencé les cartons. Il était déjà vingt-deux heures quand j'ai su que j'allai aller vivre avec Cara. Avant de commencer à emballer mes affaires, je décide d'aller faire une course matinale. J'enfile ma tenue de sport ainsi que mes baskets. Je sors donc et mets mes écouteurs. La musique à fond, je me mets à courir. Mon esprit se redirige vers les messages haineux de Felicity. Aussitôt, une rage m'envahit. Je cours tellement vite que mes muscles me brûlent. Je parcours les rues de la ville sans but précis. Arrivée en plein milieu d'un parc, je m'effondre sur un banc et reprends ma respiration. Je suis énervée et serre les poings dans le but de calmer la terreur qui me submerge. Elle n'a pas le droit de me mettre dans cet état. Elle ne le mérite pas. Je ne lui ai rien fais pour qu'elle me veuille du mal.

Je suis essoufflée et ma respiration est saccadée. Je dois être ruisselante de sueur et complètement rouge pivoine. Je m'arrête plusieurs minutes sur le banc, la tête dans mes mains. Je masse mon crâne afin de faire disparaître ce mal de tête atroce qui me frappe à chaque pas. Je me relève doucement et ai l'impression que tout mon corps va exploser. Après avoir identifié la rue, je marche lentement en direction de chez moi. Soudain, une voix m'appelle :

— Faith !

Je me retourne après avoir reconnu cet accent anglais.

—Encore toi ?

—Encore et toujours ! lâche Edward.

—Qu'est-ce que tu fais là ?

—Comme toi, une petite course matinale.

—Tu as couru combien ?

—Quinze kilomètres et toi ?

—C'est impressionnant ! Et tu appelles ça « petite » ? Moi, je ne sais pas combien j'ai fait, peut-être cinq ou dix. Je n'en sais rien.

—Tu as couru à travers le vent ?

—Oui, je dois rentrer par contre. À plus.

—Salut !

Lorsque je rentre, ma vie n'a pas changé : j'ai toujours les mêmes problèmes. Cependant, j'ai calmé cette envie de tout exploser. L'effort m'a permis d'atténuer la douleur des cris de détresse de mon cœur. Je me douche et après m'être coiffée et habillée, je commence les cartons. Je mets mes vêtements dans l'un et mes chaussures dans l'autre. Dans un sac, j'insère mes indispensables : portable, chargeur, écouteurs, carnets d'écriture et mon livre du moment. Je continue ainsi pendant plus de deux heures.

À midi, je descends dans la cuisine et me prépare à manger. Je fais des pâtes avec du tofu car je ne mange pas de viande. Cela fait deux ans que je suis végétarienne et évite au maximum les produits d'origine animale. Je n'accepte pas qu'on leur inflige ça. Il ne mérite pas d'être tué pour notre simple goût culinaire. Je respecte les gens qui en mangent mais je ne veux pas faire partie.

L'après-midi, je me repose et écris un peu. J'avance dans mon histoire puis je continue de lire mon livre du moment, la musique dans les oreilles. Vers quinze heures, je reprends l'emballage de mes affaires. Je n'ai pas reparlé à Edward depuis notre rencontre au parc ce matin. Cela me permet de réfléchir à la situation. En effet, je n'ai aucune idée de comment me comporter en sa compagnie et de comment les choses vont se terminer entre nous. J'ai envoyé quelques messages à Eleanor pour savoir si tout va bien de son côté et apparemment, elle ne s'en sort pas trop mal. Je sais qu'elle ne va pas aussi bien qu'elle le montre. Elle vit mal les disputes de ses parents, tout comme Edward. Elle se sent également mal à cause des souvenirs. Elle repense beaucoup aux moments difficiles qu'elle a vécu auparavant qui la hantent encore. Elle a été victime de harcèlement parce qu'elle était lesbienne. Je n'accepterai jamais cela et ne laisserai personne lui faire de mal. Je lui ai promis d'être là pour elle comme elle l'est pour moi.

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant