Chapitre 28 ☽

133 17 4
                                    


La sonnerie retentit et la dernière heure de cours se termine enfin. Tout au long de la journée, je n'ai cessé de penser à Charlie et à son état de santé. Je meurs d'envie de le voir et de le serrer dans mes bras. J'aimerais pouvoir lui dire que tout ira bien. Cependant, Aria ne m'a toujours pas annoncé s'il viendra nous rendre visite. À nouveau, je ne dors plus, hantée par d'autres cauchemars à l'idée de perdre ce frère inconnu. Je sais que la perte et l'oubli sont inévitable pourtant ils me rongent à chaque instant. J'ai réalisé que l'accident de mes parents et ses conséquences me laisseront des séquelles à vie. J'ai compris que, dès à présent, je ne pourrais rien faire contre cette angoisse. Le pire ce n'est pas de mourir, c'est de voir la mort.

Les écouteurs aux oreilles et la tête contre la vitre glacée du bus, je repense constamment au passé. Par chance, je ne me soucie plus du futur car je vais bien. Je n'ai plus l'estomac contracté, la gorge nouée et le cœur brisé. L'affliction qui me dominait incessamment a disparu. Je n'arrive toujours pas à y croire mais je suis heureuse. Je me sens si bien dans cette famille. Cara m'a toujours soutenu et est comme une seconde mère pour moi. Je ne suis pas particulièrement proche de Derek mais nous nous entendons bien. Eleanor et Edward ? Je leur en serai éternellement reconnaissante pour tout ce qu'ils ont fait pour moi. Je ne peux pas rêver mieux comme ami etpetit-ami. Le véhicule ralentit et je comprends qu'il faut que je descende.

Seule, je rentre dans ma nouvelle maison. Eleanor a fini il y a une heure et Edward est encore en cours. J'ai hâte qu'il rentre. Même si nous avons mangé ensemble ce midi, il me manque déjà. Lorsque je monte les escaliers, j'entends des rires depuis la chambre d'Eleanor. Seulement, je parviens à identifier deux voix. Deux tonalités qui me sont familières, trop familières pour l'une d'entre elle. Aussitôt, je me précipite vers sa porte et toque.

—Entrez ! crie mon amie.

Rapidement, je déboule dans sa chambre et sans surprise, je découvre Eleanor et Leïla assise sur le lit. Aucune des deux n'ose parler jusqu'à ce que je lâche :

—Comment dois-je le prendre ?

—Ne dis rien aux parents ni à Edward, Faith. Je t'en supplie. On va leur dire mais tu sais à quel point c'est dur.

—Je comprends mais je m'attendais juste à ce que tu me préviennes.

—Je voulais être sûre et je ne voulais pas t'embêter avec mes problèmes.

—Tu ne me déranges jamais. Je vais vous laisser alors. Contente de t'avoir revue, Leïla.

—Moi aussi, rétorque-t-elle.

Je quitte la pièce et monte dans ma chambre. Je pose mon sac et enlève ma veste. Je viens m'asseoir sur mon lit et attrape mon carnet à poèmes. Précipitamment, je me mets à écrire mes pensées. Les mots défilent et viennent combler les pages blanches. Mes doigts frêles viennent disposer un sens à tous ces sentiments qui éclatent en moi. Je pense vaguement à Edward et des millions de phrases viennent apparaître dans mon esprit :

« Jusqu'au ciel,

J'observerai ton charme.

De la façon la plus belle,

Je deviendrai ta plus fidèle arme. »

Edward est mon ange qui s'occupe de confectionner mon âme. D'une singulière façon, nous sommes de divins cœurs destinés à se rencontrer et à fusionner. Il me rend si heureuse que j'ignorais que l'on pouvait contenir autant de joie à travers nos poumons. Je ne savais pas qu'il était possible de rire autant au point d'en avoir mal au ventre. Les heures défilent et Edward n'est toujours pas rentré. Il finissait pourtant une heure après moi. Encore en pleine écriture, je ne cesse de fixer ma montre. Cara finit par rentrer car j'entends la porte d'entrée se fermer. Lorsque des cris jaillissent, je comprends que Derek est là lui aussi. Je commence à m'inquiéter. Je ne veux pas qu'ils se disputent. Leurs querelles restent constantes même si nous essayons de les dissimuler. Inquiète à propos d'Edward, je décide de descendre à la cuisine. Au rez-de-chaussée, des pleurs et cris font éruption. Cela alarme immédiatement mon cerveau. Cara et Derek sont encoreen conflit. Mais ce qui me terrifie le plus, c'est quand Edward rentrera et se rendra compte que le calvaire continue. Cela fait des mois que cela dure. À ma rencontre avec Edward, il ne supportait déjà plus la situation délicate et je l'ai souvent retrouvé en pleurs à cause de cette oppression. N'ayant pas le choix, je décide d'affronter ce moment. Je rentre doucement dans la cuisine et trouve Cara au sol et en sanglots. Soudain, une porte claque et résonne dans toute la maison : Derek est parti. Je m'approche d'elle et tente de calmer ses larmes. Je la prends dans mes bras et essaye de la rassurer.

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant