Chapitre 31 ☽

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Quelques semaines plus tard, le mois de juin se termine bientôt et le bal de fin d'année a lieu dans sept jours. Samedi soir, je serai aux côtés de mon copain. Les dernières semaines se sont déroulées normalement. J'ai appris que Cameron partait à Liverpool à la rentrée. Il a été admis dans une école de journalisme. Malgré notre dispute dans le train durant notre sortie à Manchester, Edward et moi n'avons pas reparlé du futur, de notre avenir et de nos études. J'ai préféré éviter le sujet que d'en discuter. J'ai peur de le perdre. J'en suis effrayée. Comment pourrais-je survivre sans lui ? Je ne peux pas partir et laisser toute ma vie ici. Pas après tout ce que j'ai traversé dans ce pays et dans cette ville. Je ne suis pas encore prête à reconstruire une nouvelle histoire ailleurs.

En ce jour spécial, j'ai prévu de fêter mon anniversaire avec Edward, Eleanor et Leïla. Je leur ai demandé de ne rien faire d'exceptionnel. Nous avons décidé d'aller à Londres manger tous ensemble et simplement profiter afin de passer un bon moment. Habillée et maquillée, je descends en bas et retrouve mes amis. Nous prenons la voiture d'Edward qui conduit jusqu'au centre-ville. Nous mettons plus d'une demi-heure à traverser les bouchons et à trouver une place pour se garer. Une fois que nous sommes dans Londres, je respire l'air frais et nous longeons les remparts du fleuve. Je vois au loin le Tower Bridge et esquisse un sourire discret. J'aime tellement ce pont. Lorsque je monte en haut, j'admire la vue et c'est là que je me sens libre. C'est comme si tous mes problèmes disparaissaient et qu'il n'y avait que moi dans cette ville incroyable. Le panorama est toujours à couper le souffle, jour et nuit. J'aime cette sensation d'être en hauteur et au-dessus de tout. On peut voir tous les grattes-ciel et l'horizon nous paraît sans fin. J'observe aussi la Tamise et l'eau qui coule le long de la ville. Le meilleur moment ? Quand le soleil se couche et prend une teinte rosée. Il enveloppe la ville d'une atmosphère féerique et si douce. Ses rayons viennent réchauffer notre peau et apporter de la chaleur réconfortante. Les nuages nous protègent des dangers du monde alors que le temps s'arrête. Les bateaux ne flottent plus, les passants ne marchent plus et je ne bouge plus. Parfois, j'arrive à croiser un employé que je supplie de me laisser accéder à la partie extérieure. Lorsque j'y parviens, j'inspire profondément et tente de réaliser la chance que j'ai d'être ici.

Nous prenons finalement le métro car le restaurant que nous avons réservé est beaucoup trop loin. Une dizaine de minutes plus tard, je me trouve en face d'une façade typiquement américaine. Je reconnais ce restaurant ! C'est un de mes préférés car j'y aillais souvent avec mes parents ou ma sœur. Le samedi quand nous voulions passer une journée sympathique en famille et se faire plaisir avec de bons hamburgers, nous venions ici. Je venais aussi quelques fois quand j'avais besoin de discuter avec ma sœur. Nous passions par ce restaurant et commandions des milk-shakes. Nous les sirotions pendant des heures et parlions de nos problèmes mutuels. C'était d'infimes moments comme ceux-là qui rendaient la vie plus signifiante et agréable. Je trouve cela incroyable de voir comment un lieu peut vous évoquer tant de souvenirs à la fois. C'est comme se prendre une vague en plein milieu du visage. Un flot d'évènements ressurgissent de votre mémoire et vous rappelle le passé.

Des éclats de rire jaillissent. Nous nous amusons beaucoup et j'oublie tout. J'oublie mes disputes avec Edward et qu'il va peut-être me laisser en septembre. Je passe juste un super moment où je vis pleinement l'instant présent. Tout en finissant mes frites, j'analyse discrètement Edward. J'adore le voir sourire et rire à pleines dents. J'ai l'impression de contempler un magnifique spectacle et instantanément, je me mets à sourire aussi. Avant d'avaler une gorgée de mon soda, je réalise que Leïla regarde Eleanor de la même façon que je le fais avec Edward. Aussitôt, tout se met en ordre dans mon esprit et je comprends réellement que mes deux amis s'aiment sincèrement. Elles s'aiment inconditionnellement. Je mesure leur amour car il est aussi puissant que celui que le brun et moi partageons. Il est infini et sans unité. Avec lui, on ne compte pas le nombre d'actions que nous faisons mutuellement car cela n'a pas d'importance. On ne le fait pas pour avoir en retour. On le fait pour rendre l'autre heureux. Pas seulement car quand l'autre l'est, nous le sommes. C'est faux. On le fait car on l'aime et que l'on veut son bonheur avant tout. Parfois, il faut aussi laisser partir la personne pour qu'elle soit heureuse. Cela me blesse. Peut-être que je devrais le laisser aller aux États-Unis ? Il sera sûrement heureux et réalisera ses rêves. Je ne veux pas l'empêcher d'être libre et de vivre sa vie. Je ne dois pas et ne veux pas y penser.

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant