Chapitre 12 ☽

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Le lendemain, c'est dimanche. Je compte bien profiter de cette journée avant de reprendre les cours. Comme vous pouvez l'imaginer, j'ai encore fait le même cauchemar mais j'ai pris sur moi et me suis dis que ce n'est qu'un cap à franchir, un obstacle à surmonter. Cette nuit-là, ce n'est pas Eleanor qui est venue me prendre dans ses bras pour me réconforter. Elle a dû avoir le sommeil lourd pour ne pas entendre mes cris stridents. C'est donc cet irrésistible garçon à la chevelure bouclé et au regard somptueux qui est venu me sortir de cet enfer.

Je possède ce sentiment et cet instinct, d'être toujours en sécurité à ses côtés. Peu importe ce qu'il peut m'arriver, Edward me rattrapera. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. Cela signifie que j'ai besoin de lui dans ma vie, ce qui n'est pas le cas ou du moins, ne doit pas l'être. Vous arrive-t-il parfois de ne rien comprendre à votre vie ? C'est mon cas. Je ne sais absolument pas ce que je fais ici. Je ne sais pas comment expliquer la complexité de ce raisonnement. Je m'exprime par là que j'ignore mon futur. Je n'ai aucune idée de quel métier j'espère exercer, d'avec qui et où je compte faire ma vie après le lycée.

C'est vide, désert, vanité. J'associe cet effet au néant. Cela a son avantage, je peux profiter du moment présent. Cependant, la souffrance intérieure m'en empêche. Je dois la vaincre. Je suis en train de la surpasser. Je le sens et cette évolution me fait sourire.

C'est pourquoi, ce matin, le premier depuis des semaines, je me réveille enthousiaste et optimiste. Peut-être est-ce la randonnée d'hier qui a apporté ce changement ? Je penche plutôt sur l'agrégation de ma cicatrice. Enfin, c'est un trop grand mot. L'apaisement me parait plus judicieux.

Il est à présent six heures du matin. En effet, je me lève tôt. Je suis assez matinale. Je décide à l'instant de me rendre dans le jardin pour respirer l'air frais d'hiver. Je prends lentement les escaliers et pose mes pieds sur les marches avec délicatesse pour ne pas réveiller tout le monde. La maison a beau être contemporaine, le bois grince.

J'ouvre la porte vitrée et un courant d'air me traverse le corps. Vivre en Grande-Bretagne en hiver n'est absolument pas une bonne idée ! Mais on s'y fait ! Un vaste jardin s'ouvre en face de moi. Je m'assois sur le gazon et prends place dans l'herbe. J'observe le ciel nocturne et ses infinies étoiles, étincelant de mille feux. J'apprécie contempler ces astres flamboyants. Je trouve ce phénomène somptueux. L'astronomie offre de nombreuses réflexions face à l'univers et ses secrets. Ce sujet m'intéresse particulièrement.

Une dizaine de minutes plus tard, je pose lentement ma tête contre le sol humide et me retrouve en face des cieux qui ne cessent de m'aveugler par leurs éclats. Je ferme délicatement mes paupières et me laisse emporter par le doux bruit du vent.

Puis, je sens une présence inattendue à mes côtés. Je ne suis pas en contact avec mais j'annonce qu'elle est à quelques centimètres. J'ouvre finement les yeux et tourne la tête à gauche puis à droite. Instantanément, je reconnais ce fameux visage aux traits fastueux. Je lui envois un sourire sincère et admire la nouvelle vue qui s'offre à moi.

— Tu vas bien ? m'interroge Edward.

— Ça va.

— Pourquoi tu ne me dis jamais que tu vas bien ?

— Ce serait te mentir.

Je ris face à ma réponse pas des plus intrigantes.

— Tu as l'air d'aller mieux. Tu vas mieux, c'est infime mais ça progresse.

— Je sais. Il me faut seulement du temps.

Nos visages sont assez proches. Nous restons plusieurs instants à s'examiner jusqu'à ce qu'Edward reprenne la parole.

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant