Chapitre 30 ☽

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Il est mort. Charlie est mort. Son corps dort dans ce cercueil et son âme repose en paix. Je ne vois rien car ma vue est troublée par mes larmes. J'avais peur de le perdre et c'est arrivé. Peu importe la difficulté, je survivrai et me battrai pour lui. Toutes nos chutes sont des moyens de se relever encore plus fort. Bercée par le chant des anges, je m'avance lentement vers sa tombe. Je repense à l'unique et extraordinaire journée passée à ses côtes. C'était fabuleux. J'étais si heureuse de le voir. Depuis l'accident de mes parents, j'apprécie chaque infime moment. Depuis ce jour-ci, j'accepte les richesses de la vie qui nous sont si chères mais que nous oublions parfois. C'est lorsque la mort vous rattrape qu'elles vous retombent dessus et que vous réalisez à quel point nous avons juste besoin de ces valeurs et de rien d'autre. C'est une beauté sublime de la vie que j'admire. Sur la tombe de mon frère, j'exprime mes dernières pensées :

—On ne se connaissait peut-être pas beaucoup et on ne vivait pas ensemble mais je t'aime. Je te soutiendrai toujours et jamaisje ne t'oublierai. Maman non plus d'ailleurs. De là-haut, elle veille sur toi. Sache que jamais je ne t'abandonnerai même si tu es parti. Tu auras toujours ta place dans nos cœurs, Charlie.

Quelques minutes plus tard, les larmes qui dévalent mes joues, je tente de rester forte et de calmer mon souffle. Pendant ce temps, j'observe le paysage clair sous la douce température du printemps alors que ma sœur fait aussi ses adieux. Ils doivent être d'autant plus douloureux car elle l'a côtoyé plus que moi et était beaucoup attachée à lui. Il lui a permis de retrouver le sourire et de croire en la vie quand elle avait cessé la bataille. Peut-être que les humains sont les seules solutions à tous nos problèmes ? Edward a été mon remède au deuil, Charlie l'échappatoire et le sauveur d'Aria. Chaque problème à sa solution, comme chaque inconvénient à son avantage, comme chaque personne à ses défauts et ses qualités. Il ne faut pas l'oublier.

D'un pas actif, les mains frêles et entrelacées, nous quittons le cimetière seules et des perles bleues au coin des yeux. Ce n'est pas simple mais on y arrivera. On y arrivera de la même façon que nous l'avons toujours fait car c'est ça la vie : se relever après chaque chute. Je ne laisserai plus jamais la douleur de la tristesse m'affliger et me détruire jusqu'au goût âcre et lèpre de la mort, plus jamais. Les démons ne m'atteignent plus. Ils n'existent plus. Plus rien n'existe mis à part le soleil, l'amour et le sourire dessiné sur mon visage.

Pendant les mois qui ont suivi, j'ai tenté de survivre et d'oublier la mort de Charlie. J'ai vécu des moments de doute, de faiblesse et de terreur. J'ai été hantée par plusieurs cauchemars, noyée dans des milliers de larmes mais la présence de mon copain a apaisé l'écho des voix des démons enfouis en moi. Lorsque le souffle m'a été coupé, il m'a donné de l'oxygène. Cela n'a pas été facile mais grâce à mes amis et à ma nouvelle famille, j'ai réussi. Quelques semaines après l'enterrement de Charlie, Aria est partie en Irlande comme prévu pour débuter ses études. Je n'étais pas bien à son départ. J'ai versé quelques larmes. Cependant, même si je pensais être seule, Eleanor, Edward et Cara m'ont soutenu et m'ont aidé à traverser cette nouvelle épreuve. Je me suis beaucoup confiée à Edward. Parler m'aide beaucoup. Parfois, il n'y a pas de solution. Il faut juste laisser le temps réparer la cicatrice et attendre. Seulement, parler libère les démons qui tentent de sortir de mon corps. Ainsi, la douleur disparaît plus rapidement.

En ce mois de juin, les cours se terminent bientôt. J'ai hâte. La vie retrouve sa vivacité, ses couleurs et sa lumière rayonnante. Le soleil brille de mille-feux, le ciel est azur, l'herbe est verdoyante et mon cœur bat. Mes poumons respirent et mes membres fonctionnent. Assise sur un des bancs du lycée, les rayons solaires sur ma fine peau blanchâtre, je ne peux cesser de contempler Edward. Il est si beau. Perdue dans ses prunelles vertes, j'en oublis qu'il me fixe aussi. Soudain, il me surprend lorsqu'il lâche :

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant