Chapitre 4 ☽

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La cloche sonne, les cours reprennent et mon envie d'apprendre est aussi forte que le soleil à Londres. Autant vous dire que je n'ai pas la moindre envie d'écouter les paroles des professeurs et encore moins de les noter. Mais j'en suis donc obligée alors c'est ce que je fais. La tête posée sur ma paume de main qui est elle posée sur mon coude tient mon crâne qui me parait si lourd à certains moments. Je pense vaguement à ce garçon, Edward. Je ne sais pas s'il me connaissait avant ou si je lui fais juste pitié car je suis seule. Je ne sais pas s'il se rappelle que j'ai été à deux de ses concerts, deux événements que lui et son groupe ont organisé et deux auxquels j'ai pu assister.

Leur musique est vraiment différente. Entraînante comme étonnante mais aussi émouvante. Leurs voix sont impressionnantes. Elles peuvent atteindre des notes hautes avec une telle facilité que l'on se demande presque si elles sont réelles. Le plus étonnant reste qu'ils ne sont pas mondialement connus. Ils sont célèbres dans la région. Beaucoup apprécient la vivacité de leurs chansons et la bonne humeur qu'ils répandent pendant leurs concerts. Ils sont quatre. Nous avons Dylan le guitariste, Nash le batteur, Liam le pianiste et sans oublier Edward, la fameuse voix du groupe même si chacun chante les refrains en cœur et à l'unisson. Je ne sais pas ce qui les lie de cette façon... Est-ce la musique ou tout simplement une amitié forte ? Ce qui est certain, c'est qu'ils sont unis et que l'on peut être sûr qu'ils sont heureux d'être sur scène. Si je me souviens bien, Edward a deux ans de plus que moi. Il doit être en terminale. C'est d'ailleurs le plus jeune du groupe. Les autres sont quant à eux, déjà à la faculté.

Avant l'accident, j'aimais beaucoup l'observer d'un coin de l'œil. Je le voyais souvent rire à pleines dents avec ses amis. Il avait toujours ses deux fossettes qui se formaient aux creux de ses joues lorsqu'il souriait. C'était toujours agréable à regarder.

La cloche sonne à nouveau et une autre heure de cours s'achève. Je me réjouis de plus en plus des heures qui défilent. Évidemment, cela signifie que je me rapproche de plus en plus de la fin de la journée. Je repense pour la énième fois à Edward. Pourquoi suis-je tant intriguée par lui ? Peut-être parce qu'il m'a parlé ? Il a sûrement dû tout raconter à ses amis et me ridiculiser en public. Même si je ne suis pas sûr qu'il soit comme ça, je ne lui fais quand même pas confiance. L'humain est une erreur. C'est ce que je pense pour l'instant. Pourquoi est-il venu me voir ? Pourquoi me poser toutes ces questions ? Et pourquoi m'a-t-il souri de cette façon à ce que je ne sache pas si c'était sincère ?

Je ne veux pas savoir en réalité. Ce n'est pas mon plus gros problème. Je veux juste que mes parents reviennent et me serrent fort dans leurs bras. J'aimerais tant qu'ils ne me quittent jamais. Je ne pourrais plus remplacer leur présence. J'aimais tant les voir chaque jour, même si parfois, je ne les supportais plus. Mais c'était normal après tout. On est jeune et on fait des erreurs. Il faut savoir pardonner. Sauf que je ne pourrais jamais me pardonner d'avoir été à ce concert. Si je n'avais pas insisté, si je n'avais pas été fan de ce groupe, cela ne serait pas arrivé. Mes géniteurs seraient toujours en vie ainsi je ne serais pas en dépression. Je ne serais pas seule donc je n'aurais pas eu toutes ces sales notes qui me dévastent. Je serais vivante et eux aussi.

La dernière heure de cours de la matinée se finit enfin et implique de longs cris de joie de la plupart des lycéens dont moi en réalité. Quelle importance d'ailleurs puisque personne ne m'adresse la parole. Je suis devenue infréquentable apparemment... Trop déprimée et déprimante. C'est vrai que si mes amis étaient restés auprès de moi, je n'en serais pas là. D'ailleurs, pourquoi les ai-je appelés amis car ce n'est pas le cas, n'est-ce pas ? Même ma meilleure amie en a eu marre de moi. Suis-je réellement un problème ? Est-ce que, tout d'abord, le problème vient de moi ? Ou peut être d'eux ? Ou bien de la cruauté humaine ? Oui, c'est ça : la cruauté humaine. Les gens n'ont plus une once d'humanité ou de sentiments. C'est pour cela que j'en suis là. J'ai des sentiments. J'éprouve de l'amour envers mes parents. Et je suis détruite car je ne me fiche pas du futur et ne suis pas prête à affronter la réalité. Je ne suis pas prête à être forte, c'est tout.

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant