Epilogue ☽

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C'est comme si mon cœur sortait de ma poitrine à l'annonce de cette nouvelle. Mon monde s'écroule. Je tente de me lever mais tout s'assombrit. Je perds l'équilibre et m'accroche à un arbre. Je ne dois pas paniquer. Tout ira bien. Il est à l'hôpital. On s'occupe de lui. Je dois y aller au plus vite. Les stations de métro seront bondées. Je vais courir. Je range mon portable et prends mon paquet de feuilles dans mes bras. Incessamment, je me mets à courir. Je donne tout ce que j'ai et sprinte. J'esquive les passants et traverse un nombre incalculable de rues. Ma vue se trouble à tel point je n'ai plus de souffle.

Pendant plus d'un quart d'heure, je cours à une vitesse impressionnante. Je ne m'en serai jamais cru capable. Mes heures de course n'ont pas servi à rien. Enfin, j'arrive devant le grand bâtiment et rentre. Affolée, je me rends à l'accueil et demande la chambre d'Edward. La secrétaire m'indique le numéro et l'étage. Je n'ai pas le temps de prendre l'ascenseur alors je monte les escaliers en trombe. Puis, j'aperçois la silhouette de Cara et d'Eleanor assises sur des chaises en face de la chambre d'Edward. Pour une fois, ce n'est pas moi dans cette situation. Je ressens ce que mon copain a pu ressentir les deux fois où je me suis retrouvée à l'hôpital. Le sentiment d'être inutile et d'attendre sans savoir réellement pourquoi. Je comprends la panique qui le submergeait et la terreur qui l'envahissait de ne pas savoir si je m'en sortirai. Je déteste cela.

— Comment va-t-il ?

— Il est en soins intensifs pour l'instant. Il a perdu un rein, m'informe Cara.

Mon cœur explose. C'est trop pour moi. Des larmes dévalent mes pommettes et Eleanor me prend dans ses bras. Je ne pourrai jamais vivre sans lui. S'il part, je pars. C'est aussi simple que cela.

— Respire, Faith. Calme-toi. Tout se passera bien, murmure ma meilleure amie pour me rassurer.

J'aimerais la croire et me dire qu'il va s'en sortir mais je n'y arrive pas. Je finis par calmer mes sanglots et m'assois à côté des deux femmes. Je plonge ma tête dans mes mains et patiente. Je dois le faire pour lui. Je dois me battre et attendre. Les médecins savent ce qu'ils font. Je dois leur faire confiance. Je dois y arriver. Il doit y arriver. Il doit se battre. Après trois heures d'attente, j'aperçois au loin une chevelure bouclée dans des draps blancs. Je me lève et cours auprès de l'infirmier qui le transporte.

— Il est vivant ? Dites-moi qu'il est vivant ?

— Il est vivant.

Et là, je relâche la pression. Peut-être qu'il va mal mais il vit. C'est déjà ça. Je regarde son visage blanchâtre et ses prunelles qui sont indiscernables à travers ses paupières fermées.

— Je vais le ramener à sa chambre et vous pourrez rester avec lui.

— Merci. Merci beaucoup.

— C'est normal.

Je traverse à nouveau le couloir en sens inverse et retourne vers mes proches.

— Il est vivant. Je ne sais pas quel est son état de santé mais il est vit. On a le droit d'aller le voir. Vous voulez y aller ?

— Vas-y, Faith. Il t'aime. Tu es la personne dont il a le plus besoin, déclare Cara.

— Tu es sûre ? Eleanor ?

— Bien sûr qu'on est sûre, affirme mon amie.

— Merci.

D'un pas rapide, je me dirige vers la chambre d'Edward et toque avant que l'on m'autorise à entrer. J'ouvre délicatement la porte et l'infirmier continue de l'installer et branche tous les câbles. Des dizaines de fils entourent le lit. Je prends le fauteuil qui est au coin de la pièce, le rapproche du lit et m'assois à la droite du brun. Quelques minutes plus tard, l'infirmier nous quitte et je le remercie à nouveau. Son visage a de nombreuses plaies plus ou moins importantes. En réalité, je crois que j'ai compris. C'est quand on perd quelqu'un, qu'on réalise à quel point on l'aime. J'ai l'impression de revivre la mort de mes parents. Au-dessus de son sourcil gauche, une éraflure se creuse dans son épiderme et sur son menton, un hématome colore sa peau sensible.

Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant