Chapitre 25 : souvenir

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Quatorze ans plus tôt :

Foulque, Hector et Lancelot venaient de retrouver le châle d'Elise. Mais la femme n'était pas là. Foulque était très inquiet. Il trouva alors un message à côté du châle. Il le déplia et lut à haute voix :

- Nia vierq biarg Nobiac bi miograc, Kroniba porio cadié porqui nia plac. Miô mùiorg distri.

Les autres le regardèrent.

-Mais c'est quoi ce truc ? dit Foulque. Cela ne veut rien dire !

Un homme brun s'approcha et prit le morceau de papier.

-On dirait une langue, inconnue, mais une langue tout de même.

-Lancelot a raison Foulque ! dit un blond. C'est une langue !

-Allons au village ! dit Lancelot.

Foulque regarda encore autour de lui mais finit par suivre ses camarades.

A leur arrivée au village, les gens se rassemblèrent autour d'eux. Une vieille dame s'avança vers le trio. C'était la plus vieille du village, plusieurs fois centenaire, ett c'était une voyante. La belette, c'est comme cela qu'on l'appelait. Personne d'autre que les gens du village ne savait qu'elle était toujours vivante. Les villageois gardaient secret son existence. La belette était la chef du village et accessoirement l'arrière-grand-mère de Foulque. La vieille dame s'approcha de celui-ci. Les années n'avaient pas laissé de trop grandes traces sur son visage grâce à sa composition de voyante. Sa belette sur le bras, la voyante prit le message. Elle lut et manqua s'étouffer.

-Madame Jeanne ! crièrent les villageois en l'asseyant sur une chaise.

Quand elle eut repris son souffle, la voyante dit :

-Cette langue est la langue des drows...les elfes noirs.

-Mais...ils ont disparu depuis bientôt un siècle ! fit une femme.

-Apparemment non... J'ai appris cette langue lorsque j'étais petite et j'ai pu lire ce message... Foulque...

Elle prit les mains de son arrière-petit-fils.

-Désolée... Ta femme a été enlevée par les drows.

Foulque et les autres n'arrivaient pas à y croire.

-La montagne Vladord les abrite. Nous ne pouvons pas y entrer ou nous y aventurer. Hier, les drows l'ont ouverte pour la première fois depuis qu'ils s'y sont réfugiés, pour capturer Elise. Ce message dit à peu près : tant que vous ne nous donnerez pas deux âmes pures jumelles, nous enlèverons un villageois chaque semaine et ils seront exécutés aux pleines lunes. Les âmes pures jumelles devront aller seules dans Vladord pour que les prisonniers soient libérés quelques mois après.

Les villageois poussèrent des cris d'horreur.

-Ames pures jumelles ? Qu'est-ce ? demanda Lancelot.

-Ce sont deux jumelles qui doivent être honnêtes, jeunes, et généreuses, dit la voyante.

-Père ! dirent deux voix dans la foule.

Deux jeunes filles identiques se jetèrent sur Foulque. Elles avaient les mêmes cheveux roux que lui. Elles devaient avoir une vingtaine d'années et portaient un pantalon ; elles faisaient partie des premières à s'habiller ainsi.

-Père ! dit l'une. Laisse-nous y aller !

-Nous sommes les seules jumelles ! continua l'autre.

-Vous êtes folles mes petites ! dit Foulque. Ils vous tueront !

-Mais nous sommes les seules à pouvoir arrêter cela ! Si nous n'y allons pas, les drows attaqueront le village !

-C'est le seul moyen ! Nous sommes condamnées de toute façon... Et puis, cela permettra à maman de revenir !

-Non ! C'est hors de question ! Nous allons trouver un autre moyen !

Voyant que les jumelles n'avaient pas l'air décidé à abandonner, Foulque les emmena de force chez lui. Il les enferma dans leur chambre et retourna sur la place pour trouver un plan.

*

Cela faisait deux semaines... Et une femme et un homme avaient été enlevés. Personne n'avait réussi à monter sur la montagne. La belette, qui savait ce qu'il allait se passer, restait enfermée chez elle en attendant que ce soit à son tour de jouer son rôle. Ce sera sa dernière mission avant de rejoindre le ciel. Elle se sentait déjà apaisée...

Du côté des jumelles, elles n'avaient pas pu sortir depuis la capture de leur mère. Mais en voyant que le lendemain était le soir de la pleine lune, elles prirent une décision. Quand Foulque vint leur donner à manger, il ne savait pas encore que c'était la dernière fois qu'il les voyait.

La nuit était tombée, tout le monde dormait...sauf la voyante. Elle attendait, assise sur une pierre, devant la sortie du village...

Linya et Sophia, les deux jumelles, cassèrent le cadenas qui fermait les volets de leur chambre. Elles passèrent la fenêtre et atterrirent sur l'herbe. Elles marchèrent vers la sortie du village. En voyant la belette, elles s'immobilisèrent.

-Ne vous en faites pas, dit celle-ci. Je ne suis pas là pour vous retenir. Je voulais vous dire adieu et vous donner quelque chose.

Elle sortit de sa poche deux fioles.

-Prenez en une chacune. Et buvez-la lorsque vous aurez mal. Ce sera comme un antidouleur.

Les jumelles acceptèrent le cadeau.

-Merci...

-De rien. Vous êtes fortes et courageuses. Je sais ce qu'il va vous arriver...

-Nous allons mourir ?

-Oui. Mais avant vous allez souffrir... Beaucoup souffrir... Je le regrette. Je sais que la perspective de la douleur et de la mort ne vous fera pas changer d'avis. Vous êtes très courageuses et personne n'oubliera votre sacrifice. Jusqu'à la fin des temps les habitants de ce village vous voueront un culte pour les avoir sauvés.

-Maman reviendra ?

-Oui. Partez l'âme en paix. Votre mère reviendra...

Les jumelles furent soulagées et la vieille dame les serra une à une dans ses bras. Sa belette se frotta aux jambes des jeunes filles.

-Linya... Sophia... La mort n'est pas la fin... Ce n'est que le début d'une seconde vie, mais cette fois éternelle. Vous serez des anges... J'en suis sûre. Ne doutez pas de ces mots. C'est un des grands savoirs des voyantes... Pouvoir communiquer avec les fantômes, qui nous racontent alors la vie après la mort.

-Merci... Nous te croyons et partons l'âme en paix, dit Linya.

-Adieu !

-Adieu mes filles...

Les jumelles partirent et s'enfoncèrent dans l'obscurité. Les paroles de leur ancêtre les avaient rassurées et elles étaient déterminées.  

      

Diana ; La Prophétie des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant