THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 2.2 : Allergique au travail et la tête dans les étoiles

Partie 2 : Allergique au travail et la tête dans les étoiles

Tout en grognant, je sors de la salle de classe.

— « J'espère que t'attends pas que je te remercie d'avoir ruiné mon tee-shirt à quarante balles », répété-je en imitant son accent de bourgeois londonien.

Déambulant dans les couloirs pour retrouver Julia, j'attrape mon portable dans ma poche. Quelques clics et je suis sur l'application du master.

1. Lydia Collin

2. Peter Line

3. Emma Williams

4. Megan Rolles

5. Liam Anderson

Souriant comme une gosse, je jubile d'être la première. Mon esprit de compétition est enclenché. Je croise Emma en prenant le premier couloir. Elle n'a visiblement pas sa bonne humeur d'hier. Ses yeux sont cernés sous son maquillage.

— Ça va ? chuchoté-je en m'approchant d'elle.

Elle remarque enfin ma présence. Presque mécaniquement, un sourire se dessine sur ses lèvres.

— Oui, super, j'ai juste pas beaucoup dormi.

Je glisse ma main sur son bras pour entamer la marche mais elle a un mouvement brusque de recul, avant de rire, gênée. Je la regarde fixement, quelque chose cloche chez elle, mais je ne dis rien. Je ne la connais pas assez. Puis je souris, d'une façon que j'espère réconfortante.

— À plus tard, Lydia, dit-elle, avant de se libérer de mon emprise.

J'aime bien Emma, parce qu'elle brise les préjugés que l'on pourrait avoir sur elle. Son visage est impassible et sa démarche, hautaine, pourtant elle parle avec une certaine douceur. J'aime son caractère jovial, assombri aujourd'hui par de la fatigue, j'espère.

Elle s'en va et je me dépêche de retrouver ma meilleure amie devant la salle de classe. Il n'est même pas 11 heures que nous discutons déjà de l'endroit où nous allons déjeuner. Les cours m'ennuient. Je ne suis pas mauvaise élève, mais je suis ce qu'on appelle une allergique au travail. Assise sur ma chaise, j'ai la bougeotte. L'esprit rempli d'idées farfelues, le cœur plein de bonne volonté, les professeurs me reprochent souvent l'endroit où se trouve ma tête : au milieu des étoiles.

Discrètement, je sors mon portable de la poche de mon perfecto. J'ouvre Instagram et fais défiler mon fil d'actualité. Rien de nouveau. Mécaniquement, mes doigts tapent un nom dans la barre de recherche : Aiden Rossel.

Ça fait un moment que j'ai unfollowed sa gueule de petit prétentieux. Mais j'ai ce besoin obsessionnel de savoir ce qu'il fait de sa vie. Les mâchoires serrées, j'examine ses dernières photos. Il se trouve au milieu sur une photo de groupe, prise probablement à l'une de ces nombreuses soirées étudiantes. L'avantage d'être à l'université. Mes yeux inquisiteurs ne peuvent se détacher de son bras gauche, qui entoure les épaules d'une jeune fille dont le visage m'est malheureusement familier.

— Tu fais quoi ? chuchote Julia.

Je relève les yeux de mon portable.

— Je regarde des photos d'Aiden et Mona.

Les sourcils fins de ma meilleure amie se relèvent en une expression désapprobatrice.

— Mona, l'élue de l'année dernière ?

— Oui, ils sont ensemble.

Je veux passer à autre chose, mais je suis toujours tellement en colère contre lui. Je n'aime pas l'idée qu'il puisse continuer à se comporter de la même façon ignoble sans en subir les conséquences. Il n'a pas changé, je le sais. J'ai croisé Mona lors d'une soirée cet été et je me souviens très bien du moment où elle a pleuré sur mon épaule à cause de lui. Je ne lui ai pas dit que j'étais son ex, mais mon réflexe de solidarité féminine m'empêchait de la laisser seule.

Julia, dans un mouvement rapide, me prend mon portable des mains.

— Arrête de regarder son compte.

Je soupire avant de m'étaler sur mon bureau de tout mon long. Connard.

— J'ai besoin d'alcool, couiné-je un peu trop fort.

Quelques visages curieux me dévisagent. Je ferme les yeux, gênée.

— Et moi d'un mec, répond Julia aussi fort que moi.

Nous explosons de rire, ce qui nous attire les foudres de notre professeur.

— On sort, vendredi soir ? propose-t-elle malgré tout. Le nouveau bar un peu chic à côté du centre commercial vient d'ouvrir.

Je réponds d'un pouce tourné vers le haut. Et un plan s'échafaude déjà dans mon esprit pour pimenter un peu la soirée.

Sur le chemin pour rentrer chez moi, je crée un groupe Instagram avec tous les participants du jeu pour pouvoir discuter plus facilement.

« Hey, on sort, vendredi soir ? En attendant le prochain gage, autant faire connaissance. »

Je sais que Ju a un faible pour Peter. Pourquoi ne pas tirer profit de ma nouvelle position pour lui permettre de se rapprocher de lui ?

Je déverrouille la porte de chez moi et une délicieuse odeur vient me chatouiller les narines ; cela ne peut signifier qu'une seule chose : mon père fait la cuisine. Je pose mes affaires dans le hall d'entrée et suis la douce odeur jusqu'à la cuisine.

— Papa ! Tu es rentré tôt.

Il se retourne, le sourire aux lèvres.

— Oui, ma chérie. Je fais une surprise à ta mère : son plat préféré, du risotto aux champignons.

— Ça sent très bon, dis-je en souriant.

Je me sers un verre de jus d'orange et m'installe sur le tabouret du bar. Je ne suis pas particulièrement proche de mon père, je le vois peu mais j'aime son caractère doux contrastant avec l'autorité de ma mère.

— Alors, Lydia, ces premiers jours d'école ? me questionne-t-il.

— Tout va bien. Et toi, le travail ?

— Impeccable. Cette promotion est vraiment ce que je voulais.

La discussion est courte, jamais plus que le nécessaire.

Une fois dans ma chambre, je m'installe confortablement sur le plaid recouvrant mon lit et j'attrape mon ordinateur portable. Je traîne sur Wattpad quelques minutes pour voir si de nouveaux chapitres aux romans que je lis sont apparus. Rien.

Puis, bien trop vite pour que je l'arrête, mon doigt appuie sur l'onglet « Commencer une nouvelle histoire » de la page web. La seconde d'après, je commence à écrire. Et je raconte une histoire simple : un lycée, un mystérieux jeu, et une jeune fille à qui la vie réserve bien des surprises.

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Version éditée

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