THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 5.1 : Poulet Curry

Partie 1 : Poulet curry

Cher Journal,

Je suis une adolescente tout à fait banale qui vit une aventure hors du commun, je me rends bien compte de la chance que j'ai ; enfin, je ne sais plus trop si c'est de la chance. Toutes les découvertes que j'ai faites ces derniers jours m'ont embrouillé l'esprit. J'ai conscience que je ne devrais pas accepter qu'un inconnu espionne tous mes faits et gestes et pourtant je ne fais rien pour l'en empêcher. Pourquoi ? Parce que j'ai peur, j'ai peur que si ce jeu s'arrête, je retrouve ma vie banale. Nous passons toute notre vie à chercher quelque chose d'exceptionnel et puis à un moment on se lasse et on se résigne à notre sort. Mais pour moi c'est différent, j'ai trouvé ce quelque chose d'exceptionnel et pour l'instant c'est tout ce dont j'ai besoin.

Lydia

Je range mon petit journal dans un de mes tiroirs et me concentre à nouveau sur mon ordinateur. Écrire un roman est bien plus complexe que ce que je pensais, il faut garder en tête les personnages, la chronologie, le déroulement des actions. Moi qui pensais qu'écrire sur ma vie rendrait la chose facile, je me suis trompée. Malgré cela, j'y prends beaucoup de plaisir, j'entame à présent le chapitre cinq. J'attends de voir le gage d'aujourd'hui pour pouvoir continuer. Il doit être aux alentours de 7 h 50, ce qui veut dire que ma mère ne va pas tarder à crier mon nom pour que je descende.

— Lydia ! On va être en retard.

Un sourire se dessine sur mon visage – je connais si bien ma génitrice. Je referme mon ordinateur portable et attrape mon sac, avant de descendre deux par deux les marches de l'escalier. J'enfile mes bottines à talons et regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir.

— Ce soir, je rentrerai tard, je suis de garde à l'hôpital, me dit ma mère un peu plus tard, le regard rivé sur la route.

Je lève un sourcil.

— Je croyais que tu ne faisais plus de garde ?

— Oui, je remplace un ami qui ne peut pas se libérer.

Ma mère, cardiologue réputée du Mansfield town hospital, a le plus grand cœur que j'ai jamais vu, ce qui est plutôt logique quand on y pense.

Lorsque nous arrivons devant le lycée, un grand sourire s'étale sur mes lèvres. Ce lieu si anodin est devenu mon sanctuaire. Le regard des lycéens, mon carburant. Tout est parfait sauf une petite chose : Liam et Emma s'embrassant langoureusement non loin de moi. Et voilà que je n'arrive pas à me sortir mon baiser avec Liam de la tête. Dans quel pétrin je me suis encore fourrée ?

Ce n'est qu'après deux heures de cours passées à discuter avec Julia que l'action va reprendre. Alors que la sonnerie retentit, je me précipite hors de la salle de classe et fouille dans mon sac à la recherche de mon téléphone. Lorsque je le trouve enfin, un message est déjà affiché dessus :

« J'avoue avoir hésité avant de vous donner ce gage ; d'habitude, j'attends la fin de l'année mais j'ai hâte de voir ce que vous allez faire. Le gage est : effectuez une transformation physique sur vous-même. Le classement sera établi en fonction de la transformation la plus spectaculaire. Bonne chance à tous. »

Julia m'arrache le téléphone des mains pour y jeter un coup d'œil.

— Une transformation physique ? demande-t-elle, les yeux écarquillés.

Je hausse les épaules.

— Tu vas faire quoi ?

— J'en ai aucune idée.

Nous nous dirigeons vers la cafétéria, où nous apercevons Peter. J'allais partir à sa rencontre mais Julia m'attrape le bras.

— Non, ne va pas le voir, s'il te plaît, dit-elle.

Je soupire en me retournant vers elle.

— Il va bien falloir que tu arrêtes de l'ignorer à un moment.

Julia passe sa main dans ses cheveux blonds.

— Oui, eh bien, pas là maintenant.

Je lève les yeux au ciel. Depuis que je lui ai dit que Peter n'était pas intéressé, elle refuse de lui adresser la parole. Je me contente de faire un petit signe de la main au garçon et je lui offre un petit sourire d'excuse.

— Je comprends pas, soupire Julia.

Je me tourne vers elle en levant un sourcil.

— Tu comprends pas quoi ?

— Pourquoi on se prend des stops par les garçons qu'on aime bien. On est belles, intelligentes et cools. C'est pas logique.

Je passe la main sur mon menton et fais mine de réfléchir.

— Peut-être qu'en fait on est moches, stupides et chiantes, déclaré-je.

Julia me donne une tape sur le bras.

— Non, ça, c'est pas possible !

Je ricane en prenant sa main dans la mienne pour nous faire traverser le lycée.

— Oh, tu veux venir manger chez moi ce soir ? Mes parents vont rentrer tard.

Elle fronce les sourcils.

— Manger quoi ? demande-t-elle en me lançant un regard curieux.

— Tu veux encore que je te fasse mon célèbre poulet curry ?

— Toi, tu sais parler aux femmes, plaisante-t-elle.

J'explose de rire.

Plus tard dans la journée, alors que je slalome dans les couloirs, une main attrape brusquement mon bras et me fait sursauter.

— Hey, chuchote Liam près de mon oreille.

Je me force à ne pas crier de surprise.

— Hey ? réponds-je, perturbée.

Il tourne la tête à droite puis à gauche puis s'approche de moi comme s'il voulait me confier un secret.

— J'y ai beaucoup réfléchi, et j'aimerais te faire écouter la chanson que j'ai écrite, celle que le master t'a fait découvrir.

Je le regarde les yeux grands ouverts, je n'arrive pas à croire ce qu'il vient juste de me dire.

— C'est vrai ? Ce serait avec plaisir, souris-je sincèrement.

— Demain soir après les cours, je t'attendrai dans la salle de musique, ajoute-t-il, avant de s'en aller.

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Version éditée 

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