THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 3.1 : Ame d'enfant

Partie 1 : Ame d'enfant

Cher Journal,

Je ne sais pas comment conclure ma première semaine de cours. Tout était excitant, ça c'est sûr, mais j'ai toujours le rejet de Liam en travers de la gorge. Mon égo fluctue en fonction des remarques des autres, comme la plupart des gens de mon âge. Je me demande à quel âge on arrête de s'en préoccuper.

J'ai hâte de découvrir le prochain gage et un peu peur également, le dernier message du master était vraiment étrange. Le but de ce jeu est quand même de divertir les élèves du lycée. Le master cherche à nous faire repousser nos propres limites, il s'amuse avec nous, il nous fait faire l'inverse de ce que l'on veut et nous place dans des situations improbables. Bien sûr, il commence doucement mais je sais que ce sera de plus en plus dur d'effectuer ses gages au fur et à mesure de l'année.

Lydia

Je referme mon petit journal et le pose à côté de mon ordinateur, sur lequel j'ai bien avancé l'écriture de mon roman. J'avais besoin d'un projet, de quoi m'occuper. Le seul problème, c'est que j'ai tendance à ne jamais finir ce que je commence – des romans, j'en ai commencé mais je me suis toujours retrouvée sans inspiration à un moment. Heureusement, le fait d'écrire un roman sur sa propre vie m'évite toute perte d'inspiration.

Lorsque j'arrive au lycée, dans mon éternel perfecto, un groupe de jeunes filles se rapproche de moi. Je baisse mes lunettes de soleil sur mon nez pour les observer une par une, intriguée.

— C'est vrai que toi et Liam vous êtes ensemble ? demande la plus grande.

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.

— Absolument pas. Qui vous a dit ça ?

Les filles se regardent les unes les autres, un peu gênées.

— Salut, Julia, s'exclament-elles en chœur lorsque ma meilleure amie débarque.

Je lui lance un regard mauvais et la tire par le bras.

— Tu m'expliques pourquoi ces filles pensent que je suis en couple avec Liam ?

Julia plisse ses yeux noisette.

— J'ai peut-être publié une story sur Instagram au moment où vous dansiez tous les deux, glousse-t-elle.

Je soupire.

— C'est gênant, Ju, sachant qu'il m'a repoussée.

Dans sa robe d'été fleurie, mon amie affiche une moue désolée. Je finis par le prendre par la main pour nous diriger toutes deux vers notre première classe. Nous dépassons les attroupements de lycéens sur la pelouse et entrons dans le bâtiment principal. Les regards sont rivés sur nous lorsque nous marchons, c'est agréable d'être le centre de l'attention, le personnage principal. Julia adore ça, elle s'éveille lorsqu'on l'admire, elle et ses cheveux d'or. Après ça, réussir à se concentrer sur les cours relève du miracle, je suis shootée à la popularité, c'est dangereux.

Plus l'heure du gage arrive, moins je tiens en place sur ma chaise. Le cours de chimie m'ennuie, je veux sortir. À 10 heures, je suis debout, prête à regagner le couloir. Les casiers bleus retiennent mon dos alors que je me laisse tomber dessus. Enfin, un message sur mon portable attire mon attention :

« Maintenant que j'ai l'attention de tous les élèves grâce au premier gage, il est temps que je vous donne le second. J'ai vu que vous aimiez sortir la nuit, alors pour votre prochain gage, je vous défie d'entrer dans le lycée en pleine nuit, une surprise que j'ai moi-même concoctée vous y attendra. Pour Emma, ce sera en salle 1 ; Liam en salle 10 ; Lydia en salle 11 ; Megan en salle 20 et Peter en salle 25.

Chaque soir, je placerai la surprise au milieu de la pièce jusqu'à ce que vous veniez la chercher. Vous devrez trouver un moyen d'entrer dans le lycée durant la nuit. Je laisserai néanmoins ouvertes les salles de classe où se trouvent vos présents. Je vous souhaite bonne chance, en espérant que ma petite surprise vous plaira... Master. »

Quelques secondes plus tard, le site du master est actualisé avec le nouveau gage que tout le monde autour de moi s'empresse de lire. Je me retourne vers Julia, qui a pris connaissance du fameux message sur l'écran de mon téléphone. Mon sourire s'étire probablement jusqu'à mes oreilles tant je suis excitée à l'idée de faire ce gage.

— Lydia !

Je me retourne brusquement pour me retrouver face à Megan. Blonde, lumineuse, elle s'approche de moi.

— Je suis désolée de ne pas être venue vendredi soir, j'ai entendu dire que c'était super.

Elle me sourit de ses dents parfaitement blanches.

— Oh, ne t'inquiète pas, on en refera des soirées comme ça, lui dis-je gentiment.

— Je me disais que pour me faire pardonner on pouvait faire équipe pour le deuxième gage.

Elle tire sur les manches de son blazer avec un petit sourire angoissé.

— Faire équipe ?

Je ne comprends pas trop ce que cela signifie.

— Apparemment, l'année dernière, certains participants le faisaient. On peut s'aider à entrer dans le lycée en pleine nuit, et puis faire ce gage à deux sera plus drôle que d'y aller seule.

Megan me lance un clin d'œil joueur qui me fait rougir.

— D'accord, pourquoi pas. Mais comment le master va faire pour le classement ? lui demandé-je.

Elle semble réfléchir un instant.

— Il se démerdera, me répond-elle en rigolant.

Nous avions convenu de nous retrouver pour le déjeuner afin d'élaborer un plan. Julia nous a accompagnées, elle refuse que je la laisse en dehors de cette aventure complétement folle, et je comprends pourquoi. Je connaissais déjà Megan l'année dernière, nous avions pourtant rarement discuté. C'est dommage, elle est pétillante, sa compagnie est très agréable.

En conclusion, nous nous retrouverons au lycée demain soir à 22 heures, nous laisserons les longues fenêtres des toilettes ouvertes pendant la journée car ce sont les seules que les surveillants ne pensent pas à fermer la nuit.

À présent, j'essaie de trouver un moyen de sortir de chez moi demain soir sans que mes parents s'en rendent compte. Je m'avance vers les portes-fenêtres qui donnent sur le balcon de ma chambre. J'admire la vue de mon jardin, les lumières bleutées de la piscine illuminent les buissons verdoyants bien découpés qui délimitent le jardin. Je me penche par-dessus la rambarde afin d'évaluer la hauteur. Si je m'accroche au bas du balcon, il ne restera qu'un mètre séparant mes pieds du sol, je pourrai alors me laisser tomber sans me faire mal. Je referme délicatement les portes-fenêtres et me glisse sous mes draps.

L'excitation à la perspective de demain soir m'empêche complètement de dormir. Je me tourne et me retourne, passant mentalement en revue les vêtements que j'ai préparés pour mon escapade nocturne : un legging noir, le tee-shirt de mon ancien club de judo et un bonnet que je n'ai jamais l'occasion de mettre. Mon âme d'enfant refait surface, j'ai l'impression de jouer les agents secrets et j'adore ça. Enfin, je tombe dans un sommeil très léger, ne pensant qu'au lendemain.

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Version éditée

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