THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 6.1 : Moi et mes cheveux blancs

Partie 1 : Moi et mes cheveux blancs

Toujours sous l'effet des paroles de la chanson de Liam, je débarque à la cafétéria, le sourire aux lèvres. Qui aurait cru qu'il était aussi simple de me mettre de bonne humeur ? Certainement pas moi. Éternelle insatisfaite dans l'âme, je me nourris seulement de l'exceptionnel, or celui-ci est rare.

Lorsque je localise le garçon qui occupe mes pensées, je reste à distance et l'observe quelques secondes. Il discute avec plusieurs personnes, majoritairement des filles. Je suis jalouse. Déjà... Mais finalement, je le comprends. Si j'avais autant de succès que lui, je ne voudrais pas me priver. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Je suis jolie, je le sais, mais pas assez pour attirer tous les regards. Et surtout, j'ai tendance à passer inaperçue, du moins j'avais tendance – ce n'est plus vraiment le cas maintenant.

Au bout de quelques secondes, alors que le regard de Liam croise enfin le mien, il s'excuse auprès de son groupe d'amis et traverse la salle pour me rejoindre.

— Comment vas-tu, Star Wars ?

Je baisse les yeux en vitesse. J'ai honte. Voulant reprendre le pouvoir, je sors le carnet de mon sac et le lui montre.

— On en parle, de ça ?

Il sourit de plus belle. Il sait qu'il est charmant et ça m'énerve. Ou ça m'attire comme un aimant, à voir.

— J'étais inspiré, dit-il, suivi d'un petit rire enfantin.

Sa réponse me fait sourire. Je reluque quelques secondes son piercing avant de me racler la gorge pour reprendre le fil de la conversation :

— Je ne suis pas ce que tu recherches. Je ne peux pas te partager avec d'autres.

Je n'ai pas assez confiance en moi pour ça. Liam pose la paume de sa main contre le mur derrière moi, me bloquant toute échappatoire.

— Tu me fatigues, toi et tes cheveux blancs, soupire-t-il.

Je me mords la joue pour m'empêcher de rire. Je dois rester sérieuse, j'essaie d'affirmer quelque chose. La sonnerie retentit, interrompant notre conversation qui devenait gênante. Pourtant, Liam ne bouge pas d'un poil. Je regarde à droite, à gauche, puis dans un élan de courage qui semble devenir une habitude, je pose mes lèvres sur les siennes en un chaste baiser. Rapidement, je passe sous son bras pour gagner ma classe. Mais sans pouvoir m'en empêcher, je me retourne lorsque je suis à quelques mètres pour l'observer. Il est toujours dans la même position, sonné par mon initiative.

Je finis par rejoindre Julia devant la salle de classe. Elle regarde un point derrière moi. Curieuse, je tourne la tête pour découvrir Peter qui me suit de près, passant une main dans ses mèches de jais. Oh.

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Julia disparaît.

— Elle ne veut toujours pas me parler, à ce que je vois... commente Peter.

Je me retiens de répondre : sans blague. Ce n'est pas le moment pour faire un sarcasme.

— Tu sais, Lydia, j'ai l'impression d'avoir merdé. J'aurais pu être avec Julia depuis longtemps s'il n'y avait pas cette fille. En plus, je suis pratiquement sûr qu'elle n'en a rien à fiche de moi.

Je pose la main sur l'épaule de mon ami pour le réconforter.

— Tu as essayé de lui parler de ce que tu éprouves, à cette fille ?

Peter se gratte l'arrière du crâne.

— Je crois qu'elle est en couple, dit-il, gêné.

Je soupire en souriant.

— En effet, c'est un problème.

Il finit par rire face à la tête que je fais.

— De toute façon, tu n'aurais jamais pu être heureux avec Julia s'il y a cette autre fille dont je ne connais pas le nom.

En classe, je retrouve Julia avachie sur sa chaise, luttant pour ne pas s'endormir devant le discours du professeur de mathématiques. Je sors discrètement mon téléphone et clique sur la page du master.

1. Emma Williams

2. Liam Anderson

3. Lydia Collin

4. Megan Rolles

5. Peter Line

Je grogne de frustration. Emma s'est tatouée, Liam s'est percé la lèvre, mes cheveux argentés ne font pas le poids contre ça.

— Tu t'es occupée de ton dossier pour les universités ? me demande Julia, la bouche pleine de frites.

Je relève la tête vers elle.

— Oui, un peu, mais je ne sais toujours pas ce que je veux faire... J'aimerais bien étudier en France mais je ne sais pas quelle matière. Et toi ?

Quatre-vingt-dix pour cent des discussions d'élèves de dernière année au lycée parlent d'avenir, c'est un fait. Ces discussions nous passionnent et nous stressent tout autant. Après le lycée, tout change, c'est la fin d'une ère.

— Je pense que je vais faire des études d'ingénieur, dit-elle, songeuse.

J'arque un sourcil, surprise.

— C'est super, Julia. Comme tu seras riche, tu pourras m'héberger si je rate ma vie.

Julia explose de rire.

— Bien sûr, bien sûr. Et alors avec Liam, comment ça se passe ?

Je hausse les épaules et souris bêtement. Les discussions sur l'avenir sont intéressantes mais bien trop sérieuses, c'est pour cela qu'elles finissent souvent par dériver sur des potins.

— Je sais pas, je l'aime beaucoup et je pense pas trop être capable de lui résister bien longtemps. J'aime comment je suis avec lui et j'aime ce qu'il me fait ressentir mais... je ne le veux que pour moi.

Je baisse les yeux, honteuse. Ce n'est pas mon genre de m'extasier à ce point devant quelqu'un, à part Harry Styles, à qui je voue une admiration sans faille. Mais c'est différent.

— Je pense qu'il t'apprécie trop pour te laisser tomber. Si tu le pousses un peu plus, c'est possible qu'il se décide enfin à avoir une relation sérieuse avec toi.

Je soupire d'incertitude.

— Oui mais j'ai peur de justement pousser trop loin et qu'il ne veuille plus rien. Je t'avoue que je préfère avoir un semblant de relation avec lui que rien du tout – même si je ne le lui dirai jamais.

Je suis faible, mais c'est pas grave.

— À toi de voir, mais à ta place, je lui montrerais qu'il rate quelque chose en refusant une relation avec toi. Pousse-le à bout. T'es une déesse, beauté ! m'encourage ma meilleure amie.

Je prends une gorgée de mon soda bien trop sucré en réfléchissant, Julia a probablement raison.

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Version éditée

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