Roman édité par Hachette Romans disponible en papier dans toutes les librairies et en numérique sur toutes les plateformes de vente (lien en bio). La version wattpad est donc incomplète mais peut vous donner un avant-goût ♥︎
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Partie 4 : Nous et le reste du monde
Liam me regarde avec attention.
— Oui ?
Je me rapproche un peu de lui.
— Tu écris beaucoup de chansons ? demandé-je avec hésitation.
Je remarque qu'il serre les mâchoires quelques secondes mais il semble se détendre rapidement.
— Je croyais qu'on ne devait plus en parler, dit-il avec un soupçon d'ironie.
Je souris, un peu gênée, mais il finit par hausser les épaules.
— J'en ai écrit quelques-unes.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il entre dans les détails mais je suis contente qu'il soit plus ouvert en ce moment.
— Depuis combien de temps tu joues du piano ?
Liam détourne le visage et regarde à nouveau en face de lui.
— Depuis que j'ai cinq ans. Mes parents ne m'ont pas laissé le choix, mais j'ai fini par apprécier le contrôle que ça exige.
Il me surprend à prendre ma main dans la sienne.
— Tu joues, toi aussi ? demande-t-il en examinant ma main.
Je fais non de la tête.
— Pourtant, tu as des doigts de pianiste, fins et habiles.
Il sourit en manipulant mes doigts. Je souris à mon tour.
— La chanson que le master m'a donnée, elle parle de qui ?
Liam s'adosse contre le dossier du canapé, il lâche ma main pour reposer les siennes sur mes jambes.
— Je sais pas, de l'amour ? J'en sais vraiment rien, à vrai dire.
Sa réponse m'intrigue.
— C'est vraiment l'idée que tu te fais de l'amour ?
Ses épaules se relèvent. Il est distant.
— L'amour nous obsède, que ce soit dans nos rêves ou dans la réalité, mais lorsqu'il est voué à l'échec il nous détruit par la même occasion, tu ne penses pas ?
— C'est une vision un peu pessimiste. Je préfère me dire que l'amour, le vrai, celui qui obsède comme tu dis, peut nous détruire mais que ça en vaut la peine. Vivre une vie sans aucune passion n'est pas préférable à connaître la passion pour ensuite la perdre.
— Peut-être, oui, se contente-t-il de répondre.
Pendant ces quelques instants de discussion, le monde autour de nous disparaît. J'ai l'impression de comprendre totalement sa vision du monde. Je sais que ce n'est qu'un effet de l'ecstasy mais c'est tout de même extraordinaire. Je me demande pourquoi il pense comme cela – une rupture difficile, une relation parentale toxique, je ne sais pas. Mais ce n'est pas le moment de le lui demander. C'est trop tôt. Mais sa volonté de ne pas vouloir de relation sérieuse me paraît bien plus logique à présent.
Peu à peu, la musique me parvient à nouveau aux oreilles et les silhouettes virevoltantes devant moi me font sourire. J'aimerais tellement pouvoir vivre ma vie comme je la ressens maintenant, me sentir bien, heureuse et comprendre les individus autour de moi.
Soudain, Emma arrête de danser et s'avance vers nous. Je m'empresse de retirer mes jambes des cuisses de Liam avant qu'elle ne s'asseye à ses côtés. Je devine que les effets fabuleux de l'ecstasy commencent à se dissiper tandis que la jalousie me ronge de l'intérieur. Et le pire est que je ne sais même pas de qui je suis jalouse. Je suis attirée par l'un et j'admire incroyablement l'autre.
Je jette rapidement un coup d'œil à ma montre, 21 h 30.
— Il faut que je rentre, lancé-je à qui veut l'entendre.
Emma arrête la musique.
— Oui, pareil. On est assez redescendus, j'espère.
J'acquiesce d'un mouvement de tête. Je me lève un peu trop vite et ma tête se met à tourner violemment. Ma respiration s'accélère. Je me sens tomber.
— Hé, Lydia, ça va ?
La voix de Liam derrière moi sonne comme un chuchotement lointain. Mais je sens ses mains de part et d'autre de mon corps pour me soutenir. Autour de moi, je ne vois que des ombres, je n'entends que des murmures, je ne peux rien faire – ni bouger, ni parler, ni respirer. Mon rythme cardiaque s'accélère et mes yeux se ferment sans que je puisse les en empêcher. Je me perds entre les différentes couches de mon esprit, je suis effrayée.
Quelques minutes s'écoulent lentement avant que je ne reprenne complètement mes esprits. Je finis par me détacher de Liam.
— Tu es restée assise trop longtemps, je pense. Ça va mieux ? demande Emma, inquiète.
— Oui, je crois, dis-je tandis qu'un rire nerveux s'échappe de mes lèvres.
Je fais un pas pour m'assurer que tout va bien puis je continue mon chemin jusqu'au hall d'entrée. Arrivée là, je m'arrête net. Il ne reste plus rien, plus une seule photo, le tableau a disparu. C'est comme si ça n'était jamais arrivé.
— Il était là, tout ce temps il était là et il nous observait, s'écrie Megan lorsqu'elle me rejoint.
Ça ne peut pas être plus effrayant. Plus que jamais j'ai besoin de sortir de cet endroit. Ce sentiment d'étouffement me submerge encore alors que je me dépêche d'ouvrir en grand la porte d'entrée. L'air frais du soir de septembre rafraîchit mes poumons.
Le trajet du retour se fait calmement entre discussions et rires. Ces personnes que je ne connaissais pas il y a seulement quelques semaines ont pris une importance énorme dans ma vie. Partager une même aventure forge des liens indéfectibles. Je souris en pensant à elles.
Ce n'est que lorsque nous nous sommes séparés et qu'il me reste quelques mètres à parcourir avant d'arriver chez moi que je pense à consulter mon téléphone. J'y découvre un long message de Julia :
« Faut que je te parle d'un truc, beauté. Au début, quand tu as commencé le Master's Game, c'était trop bien, on était toutes les deux super excitées. Mais plus le jeu continue, plus je me rends compte qu'on se voit de moins en moins et qu'on parle de moins en moins. Je veux pas être l'amie jalouse et chiante mais je veux pas qu'on s'éloigne même si maintenant tu as de nouveaux amis. J'espère que tu comprends ce que je veux dire. C'est juste que tu es ma meilleure amie et ma seule vraie amie, et je veux pas que ça s'arrête. Je veux qu'on continue à aller au Club Coffee en face du lycée et qu'on parle pendant des heures. Voilà, je t'aime, bisou. »
Je souris en voyant ce message, Julia est tellement adorable, je l'appelle dans la seconde. Elle décroche à la première sonnerie.
— Coucou, beauté, dis-je gentiment.
— Coucou.
Sa voix est faible.
— Je viens de recevoir ton message. Je suis vraiment désolée et je te promets qu'on s'éloignera pas, t'es ma meilleure amie et ma beauté d'amour. Demain, je te raconterai tellement de choses que tu en auras marre de moi.
Je l'entends rire franchement.
— Les gens doivent penser qu'on est bizarres à s'appeler « beauté » tout le temps.
Je ris à mon tour.
— On s'en fout, des gens, il y a nous et le reste du monde !