THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 4.3 : Rire Euphorique

Partie 3 : Rire euphoriques

Nous avons tous fini par nous laisser tenter, tous sauf Peter. Il a pour autant décidé de rester avec nous durant toute la fin d'après-midi pour nous chaperonner.

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est et je ne sais absolument pas il y a combien de temps j'ai pris le comprimé mais je me sens bien. J'ai l'impression que plus rien n'a d'importance, je suis juste heureuse. Je me lève du sol où je m'étais allongée pour une raison inconnue et je vais m'installer sur le canapé où Peter est assis. Il rit alors que je titube jusqu'à lui.

— Tu es jolie, dit-il avec un regard complice.

J'écarquille les yeux. J'ai envie de pleurer, c'est trop gentil. Mais je me retiens, je ne dois pas pleurer. Peter est trop mignon. Mais il me regarde avec des yeux désemparés, peut-être parce que des larmes se sont échappées des miens. J'explose de rire. Sans aucune raison, mais une fois que j'ai commencé, je n'arrive pas à m'arrêter. Je manque de m'étouffer avec le chewing-gum dans ma bouche.

Mon ami me regarde en me m'examinant de ses grands yeux avec attention. Il a de longs cils noirs, très longs même. Je suis jalouse.

Je regarde autour de moi, tout semble plus beau qu'il y a quelques minutes. Megan marche en rond dans la pièce ou danse, je n'en sais rien à vrai dire. D'un coup, elle s'arrête et court vers la porte du salon. Je tourne ma tête vivement et vois Liam et Emma dans l'embrasure. Megan saute au cou d'Emma et celle-ci lui rend son étreinte, puis la belle blonde se décale et embrasse Liam sur la joue avant de les tirer vers nous par le bras.

— Qui veut faire un jeu ? demande-t-elle ensuite.

Peter lève la main et s'assied à mes côtés, nous nous installons tous en rond au milieu de la pièce. Le sourire jusqu'aux oreilles, je regarde mes camarades. Qu'est-ce que je les aime... Je ne les connais pas vraiment, mais bordel, je les aime.

— On n'a qu'à faire un Action ou vérité.

Emma a la meilleure proposition de l'univers. J'adore Action ou vérité !

— Je commence, je commence, s'excite Megan.

Je ne suis pas la seule à adorer ce jeu. Elle bloque quelques secondes sur le sol, ses yeux bleus fixent je ne sais quoi. Puis d'un coup, elle relève la tête.

— Lydia, action ou vérité ?

Je mets du temps à comprendre sa question. Je crois que j'ai oublié qu'on jouait. Je ne sais pas.

— Action !

Megan explose de rire avant même de m'avoir donné l'action. Je ne comprends plus rien.

— Megan, il faut que tu dises l'action à Lydia, intervient Peter en se moquant ouvertement d'elle.

Les sourcils fins de la blonde se lèvent et ses lèvres fines s'ourlent en une moue interrogatrice.

— Ah, oui. Lydia, embrasse... euh... Emma.

Et puis elle se remet à rire. J'écarquille les yeux. Si je n'étais pas sous substance, je n'aurais jamais eu le courage de faire ça. Je mets de côté le fait qu'Emma m'intimide et je me tourne vers elle.

Elle facilite les choses en posant rapidement ses lèvres sur les miennes. Je me perds quelques secondes dans ce baiser. Je goûte sa bouche à la cerise, je suis enivrée et effrayée aussi. Le temps s'arrête, alors j'en profite pour glisser une main dans ses cheveux. Emma sourit contre ma bouche avant de s'éloigner de moi. Elle explose de rire et moi aussi. L'embrasser, c'est comme embrasser ma meilleure amie. Et secrètement, je suis heureuse de pouvoir démêler l'embrouillamini que formaient mes pensées. Oui, je trouve Emma incroyable, mais je ne veux pas être avec elle, je veux juste être un peu plus comme elle.

Je me tourne à nouveau vers le groupe. De stupéfaction, ils en ont la mâchoire qui tombe. Liam et Peter nous regardent comme s'ils venaient d'avoir une hallucination. Je suis gênée, tout à coup.

— Je vais faire un tour, déclaré-je.

Je me lève rapidement et sors du salon pour me retrouver à nouveau dans le hall d'entrée. La pièce ne me paraît plus aussi effrayante, je pourrais même la qualifier de réconfortante. Je m'approche de la photo qui avait attiré mon attention tout à l'heure, celle où je danse librement. Je la détache du mur et la contemple, j'aimerais être plus souvent cette fille que je vois sur ce cliché, libre comme l'air. C'est ce que nous voulons tous, après tout : la liberté, car elle seule peut mener au bonheur. Ne pas être obligé de suivre les normes de la société, ne pas être catégorisé pour ses choix politiques ou religieux. Je me rends compte que mes pensées vont beaucoup trop loin et je secoue la tête pour revenir les pieds sur terre. Alors, c'est ça, l'ecstasy ? Avoir des réflexions profondes sur le bonheur. Je glisse la photo dans la poche arrière de mon short en jean et rejoins mes camarades.

— Vous voulez danser ? crié-je en déboulant dans leur cercle.

— Oui ! s'exclame Emma.

Elle sort son téléphone dans la seconde et lance sa playlist. Dès que les premières notes commencent à résonner dans le salon, mon corps s'embrase. La chanson God & Monsters, de Lana Del Rey, me donne envie de bouger, de danser, de chanter. Emma se déhanche sensuellement sur le rythme lent. Enfin à l'aise, je la rejoins sans aucune retenue.

Lorsque les chansons commencent à bouger un peu plus, les autres élus commencent à danser. Je suis prise d'un nouveau fou rire lorsque Peter bouge ses hanches de gauche à droite.

— Tu te moques de mes talents de danseur, Lydia ?

Je rigole encore plus en lui donnant une petite tape sur l'épaule.

— Non, non, je te jure.

Ma voix sonne plus comme un soupir entre deux rires. Nous respirons le bonheur. Mon sourire idiot s'efface soudain lorsque I Like me better se fait entendre. Cette chanson me rappelle le moment où Liam m'avait rejointe sur la piste de danse du bar. Je relève la tête et m'aperçois qu'il m'observe avec une expression indéchiffrable – il s'en souvient également. Cette situation est horriblement gênante ; malgré tout, la joie qui m'habite ne se dissipe pas, au contraire, elle me pousse à continuer à danser sans me soucier de Liam qui ne me quitte plus des yeux durant toute la chanson.

Après quatre ou cinq chansons, je décide de m'allonger sur le canapé, mais avant que je n'aie le temps d'étendre mes jambes, Liam les soulève, s'assied en dessous et les repose sur ses cuisses. Sa main toujours sur mon tibia, il regarde dans le vide en face de lui. J'essaie de garder un visage calme malgré la situation dans laquelle je me trouve. Je détaille son profil aux traits durs.

Liam commence à dessiner de petits ronds sur le bas de ma jambe, me faisant frissonner. Je suis presque sûre qu'il ne s'en rend pas compte. Il y a tellement de choses que j'aimerais savoir sur lui et sur sa chanson, mais je sais que si je l'interroge il s'énervera. Puis je me rappelle qu'il est sous ecstasy. Qui sait, peut-être qu'il sera plus disposé à parler.

— Liam ?

Son beau visage se tourne enfin dans ma direction.

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Version éditée

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