Roman édité par Hachette Romans disponible en papier dans toutes les librairies et en numérique sur toutes les plateformes de vente (lien en bio). La version wattpad est donc incomplète mais peut vous donner un avant-goût ♥︎
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Partie 3 : Deux majeurs dans ta direction
Toc, toc, toc.
— Entrez.
Je pousse la porte et me retrouve dans le bureau de la conseillère d'orientation. Il est bien plus grand que ce à quoi je m'attendais, et un bureau en bois trône au milieu de la pièce. La femme blonde d'une quarantaine d'années assise derrière me regarde d'un air encourageant. Mes profs m'ont un peu obligée à prendre un rendez-vous avec elle pour me motiver à travailler pour mon avenir.
— Bonjour, dis-je en m'avançant dans la pièce.
Je suis frappée par le visage de la femme en face de moi. Elle paraît très jeune, et j'apprécie son style vestimentaire alternatif.
— Bonjour, Lydia, assieds-toi.
La conseillère fait quelques clics sur son ordinateur et affiche mon dossier scolaire.
— Alors, est-ce que tu as quelques idées de ce que tu pourrais faire plus tard ?
Bah, j'en sais rien, sinon je ne serais pas là.
— Absolument aucune.
Elle sourit, compatissante.
— Tu as un profil plus littéraire, dit-elle en jetant un coup d'œil à mes résultats.
À vrai dire, je n'ai pas de profil. Je suis plutôt bonne partout mais rien ne me passionne vraiment.
— Oui, peut-être.
Elle rechausse ses lunettes puis écrit des notes sur son cahier.
— Droit, édition, psychologie, journalisme ? Qu'est-ce qui pourrait te plaire ?
— Euh, journalisme, peut-être. J'aime beaucoup écrire.
— Je vais te donner l'adresse d'un site Internet sur le journalisme et je veux que tu ailles y jeter un coup d'œil, d'accord ? Vu ton profil et tes notes, une école de journalisme pourrait très bien te convenir. Il y a plein d'informations et de reportages sur ce métier. Tu reviendras me voir après pour qu'on en discute.
Elle me tend un papier et je le range dans mon sac.
— D'accord, j'irai voir, merci beaucoup.
Je m'apprête à me lever mais la conseillère me retient.
— Tu sais, je suis aussi psychologue. On ne se connaît pas bien, mais j'ai l'impression que quelque chose te tracasse. Si tu as besoin d'en parler, tu peux le faire.
La réponse est immédiate, j'essaie de mentir du mieux que je peux mais j'ai des difficultés à paraître impassible :
— Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler, vous vous faites des idées.
Je sais que c'est mal, je ne veux pas que ce jeu prenne fin, j'en ai besoin, alors égoïstement je ne dis rien.
La conseillère semble réfléchir pour déceler mon mensonge. Elle finit par sourire avec une expression rassurée.
— Tu peux y aller, Lydia.
Je ne me fais pas prier et déguerpis le plus rapidement possible de ce bureau. Lorsque je suis à nouveau dans les couloirs du lycée, je prends une grande inspiration. Les cours sont finis depuis trente minutes, il n'y a donc plus personne. Je traverse le bâtiment vers la sortie mais lorsque j'arrive à la fin du couloir, une douce mélodie me parvient aux oreilles.
Une magnifique voix sur un air de piano s'échappe de la salle de musique. Les murs sont trop épais pour que je saisisse les paroles, mais je sens bien que cette chanson n'est pas gaie. Je m'adosse contre le mur derrière moi et écoute le peu que je peux entendre de la voix de Liam – je pourrais la reconnaître entre mille. Peut-être qu'en l'écoutant chanter, je pourrai comprendre...
Un bruit sourd retentit à l'intérieur de la salle de musique et en quelques secondes Liam est dehors. Il me regarde avec une expression indéchiffrable. Avant que cette situation ne dérape, je tourne les talons et commence à marcher vers la sortie en feignant la totale indifférence.
— Lydia ?
Je ne réponds pas et continue à marcher mais il me rattrape rapidement.
— Lâche-moi !
Il écarquille les yeux face à ma réponse cinglante. Je le contourne de nouveau.
— Putain, Lydia, arrête ton cinéma, c'est ridicule. C'est toi qui étais en train de m'écouter chanter et pas l'inverse.
Je me retourne pour lui faire face. Il me cherche, et il va me trouver.
— Je ne t'écoutais absolument pas, je passais juste dans le couloir. Arrête de penser que tu es le centre du monde.
Les mâchoires de Liam se crispent instantanément. Il s'approche de moi pour me regarder de haut comme lui seul sait le faire. Mais je refuse de le laisser m'en imposer, alors je garde mes yeux plongés dans les siens.
— Ferme-la, grogne-t-il.
Il ne va pas s'excuser, et je ne lui pardonnerai pas, alors je recule d'un pas avant de lever mes deux majeurs dans sa direction. Un seul n'est pas suffisant pour exprimer toute la haine que je ressens à son égard. Et puis, dans un mouvement aussi dur que triste, je quitte le couloir et notre échange.
Lorsque je me retrouve dehors, le ciel se décide à pleurer sur mes épaules. J'aurais pu croire que c'est un signe de l'univers pour rendre ma situation un peu plus dramatique, mais c'est juste le climat habituel de l'Angleterre.
Mon téléphone vibre. Megan a créé un groupe : « Soirée chez moi ce vendredi ».
Je clique sur la bannière. « Je viens » ou « Je ne viens pas » sont les deux choix qui se présentent à moi. J'appuie sur « Je viens » sans même y réfléchir. Lorsque je regarde la liste des invités, je ne suis pas surprise de lire le nom de Liam. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il ne viendra pas. Et comme si un esprit maléfique dont le seul but est de se moquer de moi avait entendu mon vœu, je reçois dans la seconde une autre notification :
« Liam a répondu "Je viens" à "Soirée chez moi ce vendredi". »