THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 4.1 : 26 Shilton Street

Partie 1 : 26 Shilton Street

Cher Journal,

Après le petit incident avec Liam jeudi dernier, j'ai finalement décidé de me débarrasser de cette chanson qui ne m'a rien apporté d'autre que des ennuis. Seul reste dans mon esprit le souvenir de cet air mélodieux.

J'ai passé le week-end à travailler et à rattraper le retard que j'ai accumulé sur les cours depuis ces deux premières semaines.

Le jeu du master monopolise toute mon attention. J'adore les émotions qu'il me procure, ce sentiment d'importance aux yeux des autres et cette adrénaline que je ressens lorsque je fais les différents gages, je l'adore tellement que j'oublie tout le reste.

Lydia

Dans ce même couloir de mon lycée, à la même heure que les semaines précédentes, entourée des mêmes élèves de ma classe, je reçois cette fameuse notification. « 26 Shilton Street, Mansfield Town », voici les simples mots du message. Une adresse, c'est plutôt étrange comme gage. Ce n'est qu'une dizaine de minutes plus tard que le petit groupe d'élus se retrouve à côté de la fontaine, là où tout a commencé.

— On a tous reçu le même message, je suppose ? demande Peter en nous montrant son téléphone.

Nous acquiesçons tous.

— Il ne nous reste plus qu'à aller à cette adresse, réplique Emma.

Le GPS de son portable nous indique qu'elle n'est qu'à une petite demi-heure à pied du lycée. Je relève la tête de l'écran.

— Ce soir après les cours, ça vous va ?

Tout le monde semble d'accord avec ma proposition.

— Il faut prévenir Liam, s'exclame Peter.

— Où il est encore, celui-là ? demande Megan en rigolant.

Je lève les yeux au ciel.

— Il n'a pas l'air de savoir utiliser son téléphone, ajouté-je d'un ton sarcastique. Emma, tu devrais l'appeler.

Celle-ci s'exécute dans la seconde et met son téléphone sur haut-parleur. Au bout de la troisième sonnerie, la voix de Liam se fait entendre avec un écho prononcé :

— Allô ?

Il semble être dans un endroit confiné, je me demande lequel.

— Salut, je suppose que tu n'as pas reçu le message de Lydia, on s'est tous retrouvés à la fontaine. On a prévu d'aller à l'adresse du message ce soir après les cours, ça te va ?

— Ah, désolé, je n'ai rien entendu. Ouais, bien sûr, dis-leur que je suis partant.

— Super ! À tout à l'heure.

Après cette courte discussion, nous revenons tous à nos classes habituelles. Je passe devant la salle de musique et m'arrête un instant. Le souvenir de la douce mélodie que j'ai entendue pour la première fois dans cette salle grâce à Julia se fraie un chemin dans mon esprit. Nostalgique, je pousse les doubles portes en face de moi.

J'ai un léger mouvement de recul en apercevant Liam au milieu de la salle, qui range des feuilles dans son sac. Il relève la tête vers moi et hausse les sourcils.

— Que fais-tu ici ? demande-t-il, suspicieux.

Il va vraiment finir par croire que je l'espionne.

— Rien, j'aime bien cette salle, chuchoté-je.

Il balance son sac sur son épaule avant de s'avancer vers moi.

— Je voulais m'excuser pour la dernière fois, j'étais un peu sur les nerfs.

Pourquoi faut-il qu'il soit aussi gentil ? La vie aurait été bien plus simple s'il avait été un vrai con que j'aurais pu détester.

— Pas de souci. Alors comme ça, toi et Emma vous êtes ensemble ?

Je ne sais pas si c'est une tendance masochiste, mais j'ai besoin d'avoir sa version des choses.

— On n'est pas ensemble, ricane-t-il. Si tu m'avais laissé t'expliquer au lieu de te barrer du bar, j'aurais pu te dire que les relations sérieuses, c'est pas trop mon truc.

Oh.

— Donc tu m'as pas repoussée parce que tu me trouves pas assez jolie ?

Cette question s'échappe de mes lèvres sans que je puisse la retenir. Je sens mes joues rougir, j'ai chaud. Liam sourit en plissant les yeux. Je sens bien qu'il a envie de se foutre de ma gueule, mais il n'en fait rien et je l'en remercie mentalement.

— Bon, j'y vais, à ce soir, dit-il avant de me pincer le menton gentiment.

J'attends qu'il soit loin pour expirer tout l'air de mes poumons. Il faut vraiment que je me sorte ce mec de la tête.

Je jette un dernier coup d'œil à la salle de musique, puis je regagne ma classe.

La journée se passe plutôt bien, Julia et moi discutons pendant tous les cours en émettant des hypothèses sur ce que je pourrai trouver à la mystérieuse adresse. Ça m'intrigue de plus en plus, j'ai hâte d'y être.

À la sortie des cours, je retrouve le petit groupe d'élus devant les grandes portes du lycée. Emma sort son portable et affiche le trajet, nous commençons donc à marcher vers notre destination. Quelques minutes plus tard, Peter s'avance à côté de moi.

— Euh, Lydia, je peux te parler d'un truc ? demande-t-il, gêné.

— Oui, bien sûr.

Son sourire engageant laisse apparaître ses dents parfaitement alignées, mais son expression redevient très vite sérieuse.

— En fait, je me sens un peu mal par rapport à Julia. Elle a l'air de penser que je l'aime bien et c'est vrai je l'apprécie beaucoup mais je ne veux pas qu'elle se fasse de faux espoirs, tu vois ?

Et merde ! Comment je vais dire ça à Julia, moi ?

— Oh, je pensais que...

Il ne me laisse pas le temps de finir :

— J'aurais pu... mais il y a déjà quelqu'un qui me plaît beaucoup. Et même si j'essaie, je n'arrive pas à me la sortir de la tête.

Il émet un petit rire gêné et je le regarde gentiment.

— Je lui dirai que tu as quelqu'un en vue, elle comprendra, dis-je.

— Merci, Lydia. Vraiment.

Je lui souris gentiment mais je me demande bien qui il peut préférer à Julia – ma meilleure amie est parfaite.

Le reste du trajet se passe tranquillement, nous rions beaucoup et parlons de tout et de rien. C'est lorsque le GPS nous informe que nous sommes arrivés que nous nous regardons avec étonnement. La seule chose en face de nous est une grande maison en ruine au milieu d'un terrain abandonné.

— Charmant, s'exclame Liam.

Après quelques secondes d'hésitation, nous nous approchons de la bâtisse, qui menace de s'écrouler sur nos têtes. Les fenêtres sont toutes brisées, des tags disgracieux recouvrent les murs, le bois laisse apparaître de la pourriture mais le comble de notre étonnement est lorsque Liam ouvre la porte d'entrée.

Les yeux écarquillés, j'observe ce que j'ai devant les yeux.

— Eh merde, est la seule phrase qui me vient à l'esprit.

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Version éditée

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