THE MASTER'S GAME ✩ [édité chez Hachette]

Chapitre 6.3 : Bon appétit

Partie 3 : Bon appétit

Lorsque je franchis le seuil de cette maison sublime, mes yeux ne savent pas où se poser tellement elle est grande. L'imposante entrée décorée de quelques vases et de tableaux comporte un grand escalier menant à l'étage. Je pense voir un bout du salon plus loin dans le corridor mais je n'en suis pas sûre. Je n'ai pas le temps de jeter un coup d'œil que Liam me prend par les épaules et m'emmène à l'étage. Nous suivons un couloir dans les tons gris et blancs pour arriver devant ce que je suppose être sa chambre.

— Voici ma chambre, dit-il simplement en se grattant l'arrière de la nuque.

Je reconnais ce signe de nervosité chez lui, ce qui me fait sourire en coin. Liam est absolument adorable. C'est rare de le voir comme ça, il est de loin le plus confiant de nous deux. J'apprécie lorsque les rôles sont inversés. J'entre enfin dans la pièce et c'est comme une nouvelle facette de lui qui s'offre à moi. Un lit deux places trône contre le mur opposé, les draps noirs unis contrastent avec le gris pâle des murs. La chambre semble impersonnelle mais lorsqu'on regarde de plus près, des tonnes de partitions et de feuilles froissées jonchent le bureau et les traces d'usure sur le fauteuil devant le piano noir dans le coin de la pièce témoignent d'une utilisation récurrente. Je déambule dans la pièce et observe chaque objet.

— Tes parents ne sont pas là ? demandé-je, curieuse.

Avant de répondre, Liam s'assied sur son lit et plante son regard dans le mien.

— Non, ils ne sont pas souvent là, en fait. En semaine ils font du 8 heures - 20 heures mais ce soir ils ont un dîner avec des gens importants ou un truc dans le genre.

Je m'approche de lui et m'assieds à ses côtés.

— Donc la plupart du temps tu es seul dans cette immense maison ?

Liam se pince les lèvres. Oups, sujet sensible.

— Eh oui. Ils passent tout leur temps à travailler pour se payer une baraque immense et même pas en profiter. Enfin bon, tu n'es pas venu ici pour qu'on parle de mes parents, si ?

Je secoue la tête et me relève.

— Je peux jouer ? dis-je en désignant le piano.

— Je croyais que tu ne savais pas jouer, répond Liam avec un petit sourire en coin.

Je hausse les sourcils en signe de défi et m'installe sur le tabouret. Lorsque je commence à jouer maladroitement, d'une main, le générique de Harry Potter, j'entends le rire de Liam derrière moi. Il s'installe à mes côtés sur le tabouret, bien trop étroit pour nous deux.

— Très impressionnant, Lydia, dit-il d'un ton ironique.

Je lui donne un coup de coude et continue de jouer la seule mélodie que je connais.

— Je te remercie, Liam.

Je finis de jouer et le silence de la pièce me fait tourner la tête vers lui. Il me regarde fixement.

— Ça ne te rappelle pas quelque chose ? dit-il en faisant un rond de son doigt pour désigner le piano et le petit tabouret.

Sans grande difficulté, je vois très bien où il veut en venir. Il fait référence à la première fois où je l'ai embrassé, dans la salle de musique. Je combats le rouge qui me monte aux joues en respirant un bon coup. Pas de quoi être gênée, Lydia, tu es une femme forte qui assume ses envies.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, dis-je en souriant et en passant ma jambe de l'autre côté du tabouret pour lui faire face.

Je le défie du mieux que je peux.

— Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire ?

... Oui. La température vient de monter d'un cran et mon rythme cardiaque s'accélère anormalement. Liam se rapproche un peu de moi, juste assez pour que son souffle chaud atteigne mes lèvres. À ce même moment, un bruit étrange retentit. Liam baisse les yeux vers mon ventre. Oui, ce traître vient de gargouiller, brisant ce moment magique. Je ferme les yeux de honte et maudis mon anatomie.

— Tu veux manger quelque chose ? demande Liam en riant.

Je hausse les épaules en gardant les yeux fermés, ne pouvant pas affronter ce garçon en face de moi. Ce n'est que lorsque je sens un bref baiser sur mes lèvres que j'ouvre les yeux subitement. Liam se tient debout à côté du tabouret, une main tendue vers moi. Je m'humecte les lèvres en me demandant s'il vient vraiment de m'embrasser puis saisis sa main.

Il me conduit en bas, et une tension étrange s'installe entre nous alors que nous arrivons dans la luxueuse cuisine.

— Que veux-tu manger ? demande-t-il en attrapant une spatule en bois.

— Que me proposes-tu ?

Liam plisse les yeux et se dirige vers le frigidaire. Il l'ouvre en grand et reste planté comme cela quelques secondes.

— Un curry végétarien façon thaï ?

Je suis surprise de sa connaissance en matière de cuisine.

— Quoi ? demande-t-il en voyant ma tête.

Gêné, il passe sa main dans sa chevelure soyeuse, geste que je rêve de faire chaque fois qu'il le fait lui-même.

J'ai jamais vu des cheveux aussi souples, j'en suis jalouse.

— Tu cuisines ? ris-je.

Il s'avance vers moi et me pince le menton avec affection.

— Je suis un vrai cordon bleu.

Je ricane. Je l'aime bien. Liam finit par hausser les épaules puis sort un tas d'ingrédients et une planche à découper.

— Comme mes parents rentrent tard, je m'occupe souvent du repas quand j'ai pas envie de manger à 21 heures.

Je le bouscule un peu et prends une seconde planche à découper en lui faisant un clin d'œil.

— Regarde-nous, un vrai couple, ironise-t-il alors que je me lave les mains.

Je lève les yeux au ciel et retire mon pull, qui commence à me tenir bien trop chaud.

— J'aime bien ta tenue, dit Liam en me lançant un bref regard appréciateur.

Je suis venue dans ma tenue décontractée, mais connaissant le faible des garçons pour les leggings moulants, je n'ai pas hésité. On fait avec ce qu'on a.

La préparation du repas se fait entre rires et discussions, taquineries et rapprochements. Liam prépare deux bols et s'excuse pour aller aux toilettes. C'est à ce moment-là que je reçois un message. Sans vraiment réfléchir, je l'ouvre, geste que je regrette aussitôt.

« Bon appétit, vous deux. »

Mon cœur se met à battre anormalement vite. C'est une chose que le master sache que je vais chez Liam, c'en est une autre qu'il nous espionne de cette façon. Je ne veux pas me l'avouer mais j'ai peur, et je sais que je vais devoir en parler à Liam, je veux savoir si je suis la seule à recevoir ces messages. Dès qu'il revient, il fronce les sourcils en me voyant et je comprends que la panique se lit sur mon visage.

— Qu'est-ce qu'il y a, Lydia ?

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Version éditée 

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